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Nos Lecteurs ont la Parole

Sombre suffrage

Mazen KADERI
Au début était l'élection, et le Premier ministre dit : « Que le gouvernement soit ! »
Et le gouvernement ne fut pas ! Ça commençait bien...
Oyez, oyez, citoyens, en vérité je vous le dis, ça sent le roussi,
Quand le lion voisin part en promenade et rend visite au coq sous les 25 étoiles du nord,
Quand il chante avec les 51 étoiles de l'ouest et la pierre noire,
Quand le chien, dont le flair n'est plus à prouver, indique la direction du lion à son maître,
Quand on entend le bruit des bottes de Sion le long de la frontière sud,
Quand le lion et le Perse radioactif qui se disputent la dépouille de leur voisin et lorgnent chez nous,
Nul besoin d'être marabout pour deviner l'orage qui s'annonce.
Les dieux ont encore soif de sang, et il est fort à parier que le Cèdre leur versera le peu de sève qu'il lui reste.
Trêve de « nostradamusseries ». Souvenons-nous simplement de quelques enseignements de la philosophie politique. Les conditions de la constitution d'une nation sont, soit faire la guerre à un voisin - condition que l'on peut oublier vu que nous sommes le pays le plus faible de la région -, soit une avancée significative de l'égalité des conditions, et cela dans un pays où la corruption, le piston et l'organisation clanique sont les seules institutions qui fonctionnent correctement, nous sommes loin du compte.
Autre enseignement évocateur, la caractéristique principale d'une société démocratique est sa conscience de ses propres divisions et le fait que les différentes parties et les intérêts qu'elles représentent s'affrontent, non pas dans la rue, mais au Parlement. Une compétition réglée va, par la voix des urnes, désigner un détenteur temporaire du pouvoir qui forme un gouvernement reflétant sa majorité. La « démocratie consensuelle » dont on entend parler n'est rien d'autre que la suppression du processus législatif. Pour la simple raison qu'elle enjambe les représentants des citoyens. Les chefs des partis sont connus, il leur suffit de s'entendre. Mais  la démocratie, c'est précisément qu'on ne s'entend pas et qu'on n'est pas d'accord. C'est bien pour cela que l'on vote. Si les chefs se mettent d'accord à quoi bon voter ?
Eh bien nous en avons eu la démonstration, une élection capitale et historique : « Pour ou contre la démocratie ? » pouvait-on lire dans le journal. Certes, mais on a omis de nous dire qu'on ne tiendrait pas compte de notre avis et que, élections ou pas, victoire ou pas, les chefs devront se mettre d'accord.
La formation du gouvernement, et la déformation de la démocratie qu'on vient de voir s'opérer, est une farce qui ne fait plus rire personne, et tout le monde semble attendre de pleurer ses morts.
En parlant de mort, on peut déjà compter le pouvoir législatif, qui risque d'entraîner avec lui notre démocratie (si l'on considère que nous l'avons eue un jour) et la nation tout entière qui a déjà du mal à passer le stade d'embryon. En attendant, fêtons l'indépendance... Pour ma part, je la fêterai quand un Premier ministre pourra désigner un gouvernement librement sans risquer de déclencher une guerre civile.

Mazen KADERI
Au début était l'élection, et le Premier ministre dit : « Que le gouvernement soit ! »Et le gouvernement ne fut pas ! Ça commençait bien...Oyez, oyez, citoyens, en vérité je vous le dis, ça sent le roussi,Quand le lion voisin part en promenade et rend visite au coq sous les 25 étoiles du...

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