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Les syriaques, une communauté chrétienne en voie de disparition - Communauté

Les syriaques, une communauté chrétienne en voie de disparition

Ils sont 850 000 dans le monde, dont plus de 30 000 au Liban. Les syriaques - orthodoxes et catholiques - forment l'une des plus importantes minorités du pays, et se distinguent par leur langue (un dialecte araméen) et leur appartenance à l'une des plus vieilles Églises d'Orient.

Livre bilingue en syriaque et en arabe publié par l’imprimerie Thomas.

Mousseitbé, Achrafieh, Zahlé et Sad el-Bauchrié comptent un grand nombre d'habitants syriaques. Les membres de cette communauté sont venus de Palestine, de Jordanie, d'Irak, et de Turquie, en passant par la Syrie, pour s'établir au Liban qu'ils considèrent toujours comme le dernier rempart du christianisme au Moyen-Orient.
Ils sont nationalistes, attachés aux valeurs chrétiennes, et vivent en essayant de préserver leur culture et leur langue, tout en s'intégrant dans la société libanaise.
Fuyant les massacres en Turquie en 1915, le manque de liberté en Syrie, où durant des années le Baas les a empêchés d'enseigner leur langue, ils ont choisi le Liban comme pays de refuge.
Et pourtant, du fait de la loi sur la naturalisation au Liban, beaucoup d'entre eux possédant des papiers sous étude ou la nationalité syrienne ont vécu dans le pays sans nationalité, presque dans l'humiliation. Il n'en reste pas moins que nombre des membres de cette communauté ont combattu dans les rangs des milices chrétiennes durant la guerre, donnant 1 132 martyrs, pour défendre leur propre idée du Liban.
Aujourd'hui, même si le décret de naturalisation de 1994 a accordé la nationalité à beaucoup d'entre eux, certains ne possèdent toujours pas des papiers d'identité libanaise. Actuellement, les Syriaques comptent 28 133 électeurs et partagent avec d'autres minorités un siège parlementaire à Beyrouth.
Les Syriaques du Liban sont donc pour la plupart originaires de Turquie, notamment de Tour Abdine (La montagne des Ermites), Ourfa (Edessa, ou el-Raha, à 80 kilomètres de l'Euphrate, considérée sur le plan liturgique et culturel comme la capitale des Syriaques) et Mardine.
Quelle que soit leur localité d'origine, ils tiennent le même discours, mettant l'accent sur leur « sentiment d'appartenance au Moyen-Orient, qui était araméen (donc non arabe) à l'origine ». Tous revendiquent leur « non-arabité », soulignant qu'ils sont araméens, pouvant remonter dans l'histoire de leurs origines jusqu'à la Mésopotamie et notant que la langue arabe était la langue des conquérants.
L'appartenance syriaque se traduit aussi, et surtout, par le fait de parler une langue très proche de celle du Christ.
Robert Gabriel, président de l'Association des amis de la langue syriaque, souligne que « sept ou huit dialectes araméens étaient pratiqués au Moyen-Orient du temps du Christ ». Parmi ces dialectes, il y avait le syriaque, qui était le dialecte de la ville d'Ourfa, première ville du Moyen-Orient à avoir adopté le christianisme comme religion officielle. Le syriaque a survécu en devenant une langue liturgique.
Le dialecte transmis oralement dans la communauté syriaque libanaise est le toroyo (dialecte de Tour Abdine, en Turquie), alors que celui qui est enseigné dans les livres est le syriaque littéraire ou religieux, connu sous le nom de syriaque d'el-Raha, c'est-à-dire d'Ourfa.
Robert Gabriel, érudit, explique son appartenance syriaque : « Le Liban est ma patrie, ou du moins ce qui reste de ma patrie qui s'étendait sur tout le Moyen-Orient, de l'Irak à la Turquie, à la Syrie, à la Palestine. L'appartenance syriaque est liée à la langue et la religion qui nous définissent. Nous parlons la langue du Christ, une langue qui devrait figurer au patrimoine de l'humanité. C'est grâce à nos érudits et nos traducteurs que les Arabes ont connu leur âge d'or. » Il rêve qu'un jour l'apport des syriaques dans la culture, notamment ancienne, soit reconnue.
Selon les chiffres disponibles, et à l'exception des syriaques de l'Inde qui sont environ sept millions, les syriaques originaires du Moyen-Orient sont environ 850 000. Ils habitent la région mais aussi les États-Unis et l'Europe. Dans le Vieux Continent, ils sont environs 350 000 personnes. Ils ont fondé un évêché aux Pays-Bas et une cinquantaine de paroisses en Allemagne. En Suède, ils comptent des députés et des chefs de municipalité. C'est à partir de la Suède que Seryoyo (Syriaque) TV et Seryoyo SAT émettent.
Le départ des syriaques pour l'Europe du Nord et les États-Unis est récent. Il date des années soixante-dix et se poursuit jusqu'à présent.
Un état des lieux de la communauté au Liban n'est pas sans intérêt ...
Mousseitbé, Achrafieh, Zahlé et Sad el-Bauchrié comptent un grand nombre d'habitants syriaques. Les membres de cette communauté sont venus de Palestine, de Jordanie, d'Irak, et de Turquie, en passant par la Syrie, pour s'établir au Liban qu'ils considèrent toujours comme le dernier rempart du christianisme au Moyen-Orient. Ils sont...