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Liban - Causerie

Table ronde de la Fondation du Cénacle libanais sur la situation de la presse

Dans le cadre de « Beyrouth capitale mondiale du livre », la Fondation du Cénacle libanais, tout récemment créée, a organisé hier soir une première conférence au thème très actuel : « La presse, acteur et témoin d'une société ». Les invités de la table ronde ont pu donner leur avis sur le rôle de la presse écrite et de la presse libanaise en particulier.
À l'heure où les journaux ne sont plus à leur âge d'or, une conférence s'est penchée sur le statut de la presse dans notre société. Organisée par Renée Asmar Herbouze, présidente de la Fondation du Cénacle libanais et conservateur général honoraire des bibliothèques du Liban, la table ronde a débuté avec l'intervention de Jean-Noël Jeanneney, historien, ancien secrétaire d'État français et surtout ancien directeur de la Bibliothèque nationale de France (BNF).
Rappelant que « les deux piliers de la démocratie sont l'école et la presse », l'ancien homme politique a  énuméré les obstacles actuels que doit affronter une presse libre, à savoir les difficultés de l'objectivité pour les journalistes et la façon d'interpréter les faits, l'entrave des pouvoirs publics et le problème du financement. « La prospérité est une forme de liberté », conclut-il.
Mais surtout, il a montré l'importance de la presse dans la construction d'une réalité et d'une histoire nationales. « La presse ne se limite pas à une linéarité, elle reflète la langue, qui est la réalité d'un peuple, et sa mentalité, ses stéréotypes et son évolution » affirme-t-il. Bien sûr, l'enjeu représenté par Internet nourrit le débat, en particulier le problème de l'archivage. « J'ai initié à la BNF un grand programme d'archivage de plusieurs grands journaux français qui sont des témoins essentiels de l'histoire », a-t-il expliqué.
« La presse est le miroir de la nation, renchérit le révérend John Donohue, historien directeur honoraire du centre d'études pour le monde arabe moderne. Et ce ne sont pas seulement les éditos et les articles politiques qu'il faut garder. Les articles sur les faits quotidiens, de société, sont tout aussi précieux. »
Présente pour l'occasion, Hilde Van Vijngaarden, historienne et directrice de la Bibliothèque nationale des Pays-Bas, a fait un exposé très instructif des méthodes néerlandaises d'archivage des pages Internet, volatiles et constamment évolutives. « Il faut que tous les pays collaborent à l'élaboration d'une bibliothèque numérique d'archives de l'information qui transite par Internet, a-t-elle souligné. Et, pour cela, il faut former des gens capables de suivre l'évolution très rapide des outils et des formats de ce média. » Elle doit rencontrer aujourd'hui l'Association des bibliothécaires libanais.
Mais l'intervention la plus attendue a été celle de Marwan Hamadé, journaliste, ancien ministre et député du Chouf, dont les propos portent surtout sur la singularité de la presse libanaise. « Elle est le support principal du " Liban-nation ", et pour être plus précis de la notion de Liban », a-t-il déclaré, d'emblée. Il revient alors sur l'histoire contemporaine de la presse du pays du Cèdre, fondée en Égypte et devenue sous le mandat français une source d'intellectuels puissants et célèbres pour leur indépendantisme.
« Avec l'indépendance, la presse libanaise a consolidé l'identité libanaise », a souligné Marwan Hamadé. Synonyme de liberté d'expression et de souveraineté de la pensée, la presse libanaise agace, et se fait aussi cible de convoitises. « Le développement des techniques et le passage de la rotative à l'Internet placent désormais le Liban devant le double défi de la modernisation et de l'allégeance », a ajouté M. Hamadé, rappelant au passage les noms de ceux morts pour la liberté d'expression : « Les Metni, Laouzi, Taha, Kassir, Tuéni et bien d'autres. »
Mais il met aussi en garde : « La liberté d'expression est aujourd'hui menacée. Et nulle part plus qu'au Liban, la presse n'est-elle acteur et témoin de la vie d'une nation. La nôtre, née avec l'alphabet, a trouvé dans l'écrit sa raison d'être et de survivre. » Place, donc, à l'archivage !
À l'heure où les journaux ne sont plus à leur âge d'or, une conférence s'est penchée sur le statut de la presse dans notre société. Organisée par Renée Asmar Herbouze, présidente de la Fondation du Cénacle libanais et conservateur général honoraire des bibliothèques du Liban, la table ronde a...
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