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Cinema- - Entre parenthèses

Les enfants du paradis *

Alors que le rideau est retombé sur le Salon du livre français et que le public, tous genres confondus, Français résidant au Liban, Libanais résidant en France, francophones ou francophiles, s'est précipité pour feuilleter des milliers de pages, on est enclin à se poser la question : pourquoi aimons-nous tellement la langue française ? S'il me vient à l'esprit des centaines de raisons, nous en énumérerons seulement quelques-unes.
C'est d'abord l'esprit de cette langue qui attire et séduit. Une manière de s'exprimer tout en mystère, faux-fuyants et charades. Le français  a mille détours. C'est la langue des homonymes, des litotes, des métaphores, des suffixes et des préfixes, susceptibles de varier par un simple truchement de lettres. Un des plus beaux mots de la langue française, « Amour », ne sombre-t-il pas comme par une baguette magique dans le dés-amour, par simple addition de trois lettres ?
C'est, certes, la langue de Molière comme on l'a souvent décrite, mais aussi celle au riche vocabulaire du général de Gaulle et de Victor Hugo. Ce sont les images du réel que Rimbaud nous a un jour crachées au visage et celles plus naïves que Prévert a distillées dans ses vers.
Le français est l'univers à la fois de Marcel Carné et de François Truffaut, de Jean-Luc Godard et d'Eric Rohmer, de Depardieu et de Dewaere, de Catherine Deneuve et d'Annie Girardot.
Femme, la langue française est la Fernande de Georges Brassens, la Madeleine de Brel, mais également l'Elisa de Gainsbourg et la Gaby de Bashung. C'est à la fois la frêle silhouette de Sylvie Testud et le port altier de Fanny Ardant. Elle a les yeux de Michèle Morgan, les lèvres ourlées de Jeanne Moreau, la taille fine de Brigitte Bardot, la voix d'Edwige Feuillère, la fragilité de Barbara. Mais elle peut se faire virile, tout comme ce Gabin aux manières frustes, ce volage de Delon et ce tendre voyou de Bébel. Elle peut être dandy comme Noiret ou Rochefort, drôle comme Louis de Funès ou Fernand Raynaud. Elle peut venir du Sud comme Raimu ou du Nord comme Kad Mérad et Dany Boom.
La langue française est celle qui relie des populations de tous pays et de tous continents. C'est elle qui a fait affluer ces publics si différents au Salon du livre. Ce public installé au théâtre, au-dessus des balcons,  ces places si chères à Prévert qu'on surnomme le poulailler, mais aussi le paradis. En fait, ne sommes-nous pas un peu, sans le savoir, les enfants de ce paradis ?

*Les enfants du paradis de Marcel Carné.
Alors que le rideau est retombé sur le Salon du livre français et que le public, tous genres confondus, Français résidant au Liban, Libanais résidant en France, francophones ou francophiles, s'est précipité pour feuilleter des milliers de pages, on est enclin à se poser la question : pourquoi aimons-nous tellement la langue...

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