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Nos Lecteurs ont la Parole

La tutelle et ses méfaits

Par Mario B. HÉLOU
Par définition, la tutelle est un mandat donné à quelqu'un pour veiller sur la personne et les biens d'un mineur ou d'un incapable majeur. La tutelle est régie par des lois bien précises, d'autant plus qu'il s'agit dans les deux cas de protéger les personnes et leurs biens jusqu'au moment où l'autorité qui statue en la matière, considérant que les conditions pour la levée de la tutelle ou son maintien sont réunies, prendra la décision adéquate.
Il est déjà évident que l'heure de libérer le Liban de sa (ou de ses) tutelle n'a pas encore sonné et ne sonnera pas de sitôt. Les atermoiements concernant la formation du nouveau gouvernement, justifiés par des balivernes, ne visent en fait qu'à jeter de la poudre aux yeux des citoyens pour couvrir une incapacité involontaire à pouvoir se déconnecter des « réseaux » de tutelles étrangères qui se sont formées au fil des années, et qui ont trouvé droit de cité au Liban par les bons soins des Libanais eux-mêmes. Je cite entre autres : le nassérisme, le arafatisme et le assadisme. Ce dernier, eu égard à ses visées historiques sur notre pays, représentait un danger réel pour l'existence même du Liban en se constituant en force d'occupation en bonne et due forme, avec toutes les conséquences qui en découlèrent. Suite à la libération miraculeuse du joug de cette occupation, le front intérieur s'est ressoudé sous la bannière de la révolution du Cèdre qui a suivi l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, et qui nous a permis de respirer un air de liberté et d'indépendance après toutes les humiliations et répressions endurées dans la servitude. Malheureusement, « la rose n'a vécu que ce que vivent les roses », car les tiraillements politiques n'ont pas tardé à refaire surface sous diverses formes, faisant ombrage à l'esprit de cette révolution. Peu à peu, tous les slogans évoquant le nationalisme et l'attachement indéfectible à un Liban souverain et libre ont commencé à tomber comme des feuilles d'automne, le nuage noir des tutelles finissant par assombrir de nouveau l'horizon national.
Le Liban ploie en ce moment sous diverses tutelles. Drôle de situation pour un pays qui prétend, consciemment ou non, être souverain et indépendant alors qu'il attend l'apparition de l'archange Gabriel pour lui annoncer la naissance de l'enfant conçu en dehors des frontières et appelé à naître au Liban.
Ce pays, miné de l'intérieur et matraqué de l'extérieur, ne pourra jamais trouver une stabilité tant qu'il ne se débarrassera pas du complexe des tutelles et de son statut d'otage des conflits ou des arrangements régionaux et internationaux. Pour ce faire, un changement radical s'impose au niveau de la mentalité des dirigeants, un changement qui, malheureusement, n'est plus à leur portée du fait de la force de l'habitude. Ce phénomène, devenu endémique dans le cerveau de ces dirigeants, les rend incapables de réagir ou de réaliser que la stabilité du pays et la solution à ses problèmes ne peuvent qu'émaner de l'intérieur du Liban et de la volonté de ses citoyens, et que l'attentisme n'est pas toujours payant, surtout quand le pouvoir de décision est hypothéqué en fonctions des intérêts d'autrui.
Il semble que tous les malheurs qui ont frappé ce pauvre pays, à travers « les guerres des autres » sur son territoire, n'ont pas été suffisants pour amener les dirigeants à la raison. Au sortir du gouffre de l'occupation, tous les ferments de division laissés par plus de trois décennies d'instabilité à tous les niveaux ont refait surface avec plus d'acuité, offrant aux pêcheurs en eaux troubles qui ont leurs intérêts dans la région, un terrain favorable à des interventions inappropriées qui empêchent le pays de se retrouver pour se remettre sur la voie de la normalisation.
Nul ne peut nier que des tentatives apparemment sincères tendant à mettre sur pied une équipe gouvernementale cohérente, capable de dévier le pays de sa trajectoire suicidaire, sont en cours. Mais toutes ces tentatives, et les déjeuners bon enfant qui les accompagnent, resteront sans résultat tangible tant qu'il n'est pas mis un terme aux voix discordantes chargées de court-circuiter tout processus de rapprochement. Dans ce même contexte, on ne peut pas dissocier les interventions indésirables de certaines ambassades, lesquelles, au vu et au su de tout le monde, s'arrogent le droit de se prononcer sur la forme du gouvernement, son programme, les noms des ministrables, etc.
Que peut-on espérer d'un gouvernement formé à coups de compromis, condamné en plus à être affaibli par les discordes et les dissidences ?
Par définition, la tutelle est un mandat donné à quelqu'un pour veiller sur la personne et les biens d'un mineur ou d'un incapable majeur. La tutelle est régie par des lois bien précises, d'autant plus qu'il s'agit dans les deux cas de protéger les personnes et leurs biens jusqu'au moment où l'autorité qui statue en la...

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