Ce que j’ai vu un soir

Je suis très en colère, terrifiée par ce que j'ai vu ce lundi à 21h46, il n'y a même pas une heure.
En me dirigeant en voiture vers le carrefour de Gemmayzé, juste avant le pont rejoignant le centre-ville, j'ai soudainement aperçu ce que j'ai d'abord pris pour un très gros chien. En me rapprochant, j'ai réalisé que l'animal était en fait une vache... qui avait sauté du camion la transportant. Ce qui a ensuite suivi hantera probablement mes rêves cette nuit.
La police a bloqué la route afin de permettre au camion d'écraser la vache. Le véhicule lui a roulé dessus plusieurs fois de suite. Je suis sortie de ma voiture et je me suis mise à hurler afin qu'ils arrêtent, mais personne n'a fait attention à moi. J'ai hurlé de plus belle, mais tout ce que j'ai obtenu comme résultat a été de me faire réprimander par l'agent de la circulation, qui m'a ordonné de réintégrer ma voiture. Je ne lui ai pas obéi. Plus ces individus s'acharnaient sur le pauvre animal et plus je hurlais, tant et si bien que mon cœur battait la chamade. Chaque coup me portait un choc que je ressentais physiquement. Je voulais tellement qu'ils arrêtent, mais bien sûr ils ne l'ont pas fait. Je n'ai jamais crié aussi fort de toute ma vie.
J'ai été obligée de circuler au bout d'un moment. En même temps, la vache s'est redressée et s'est mise à courir entre les voitures, cela après avoir été percutée cinq ou six fois par le camion.
Je savais déjà ce que j'allais me répéter dans un instant : « L'humanité m'écœure. »
Que voulez-vous penser lorsqu'un acte aussi immonde prend place devant tout le monde et que pas une seule personne ne bouge ? C'est terrible comme j'ai détesté l'humanité ce jour-là.
Tellement de choses me sont passées par la tête. J'avais envie de tuer quelqu'un, j'aurais tellement voulu m'exprimer plus fort, avoir plus de courage pour défendre mes principes et combattre ce que je perçois comme mal. Mais mon seul choix était de m'éloigner. Je ne sais pas ce qui est arrivé à la vache, mais j'imagine que ce n'est guère réjouissant.
Davantage de gens dans ce pays devraient apprendre le sens de la compassion. Ils devraient également savoir qu'il ne faut pas rester les bras croisés, mais dénoncer. Ne restez pas là à regarder sans rien faire alors qu'un être innocent, en danger de mort, terrorisé, tente de fuir. Parlez, réagissez, faites quelque chose !...