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Économie - Analyse

Crise économique : pas le bon moment pour un yuan plus fort pour la Chine

La Chine va garder son yuan faible tant que ses exportations ne se seront pas relevées de la crise économique mondiale, se préoccupant davantage de sa situation intérieure que des objections de ses partenaires commerciaux étrangers, estiment les experts.
Les États-Unis et l'Union européenne poussent depuis des années Pékin à s'orienter vers un vrai régime de taux de change flexible et à laisser la monnaie chinoise s'apprécier.
Ces grands partenaires commerciaux de la Chine estiment que celle-ci peut approvisionner la planète en produits qu'elle fabrique parce que la faiblesse de sa monnaie les rend compétitifs.
Les autorités chinoises restent sourdes à leurs appels, surtout depuis que la crise a fait chuter les exportations, entraîné des fermetures d'usines et mis au chômage des millions de travailleurs précaires.
« Leurs priorités vont aux problèmes nationaux, pas étrangers », relève Ben Simpfendorfer, économiste à Hong Kong de la Royal Bank of Scotland. « Ils savent qu'il y a un problème avec leur monnaie faible, mais doivent se soucier de l'énorme population à faibles revenus », ajoute-t-il.
Car une montée du chômage pourrait signifier une instabilité sociale.
Le yuan, adossé à un panier de devises depuis 2005, est de fait chevillé au dollar depuis plus d'un an. Son taux de change est resté à quelque 6,8 yuans contre le dollar depuis juillet 2008, après trois ans d'appréciation continue.
« Jusqu'au ralentissement (économique), le yuan s'appréciait dans le cadre de la stratégie de Pékin pour rééquilibrer l'économie », souligne Brian Jackson, de la Royal Bank of Canada.
« Cela a été mis en échec par le ralentissement mondial et va rester suspendu tant qu'ils n'auront pas des preuves fortes que la demande extérieure est meilleure », explique l'économiste.
Or, même si la Chine reste un pays en développement, elle est aujourd'hui la troisième économie mondiale, connaît des taux de croissance prodigieux, un énorme excédent commercial et ne peut plus justifier de laisser sa monnaie sous-évaluée, estiment les économistes occidentaux.
Pour stabiliser sa monnaie, Pékin vend des yuans et récupère des devises. Fin septembre, ses réserves de change dépassaient les 2 270 milliards de dollars, dont une grosse partie en avoirs en dollars, notamment des titres de la dette américaine. Aussi la Chine s'est-elle à son tour inquiétée ces derniers mois de la baisse du billet vert.
Les États-Unis se disent, eux, préoccupés par la « rigidité » du yuan et « l'accélération de l'accumulation des réserves de change » de la Chine.
Washington pourrait pousser ses pions cette semaine, durant la réunion à Hangzhou (Est) de la commission conjointe sino-américaine sur le commerce, puis le mois suivant, avec la visite du président Barack Obama en Chine.
Pour leur part, les trois plus importants responsables économiques de la zone euro devraient se rendre en Chine d'ici à la fin de l'année pour tenter de convaincre ce pays d'assouplir sa politique de change.
Car une des conséquences d'un yuan arrimé au dollar, c'est qu'il en suit les fléchissements et que l'euro et une série d'autres devises s'en retrouvent appréciés.
Pour le Prix Nobel d'économie Paul Krugman, la « mauvaise attitude » de la Chine menace les équilibres à une période « où l'économie mondiale reste déprimée par une demande globale inadéquate ».
Avec son yuan faible, « la Chine détourne une partie de cette demande inadéquate au détriment d'autres nations, ce qui nuit à la croissance presque partout », a-t-il écrit dans les colonnes du New York Times.
Mais Ken Peng, économiste de Citigroup, souligne que le consommateur chinois en est aussi victime, avec un faible pouvoir d'achat.
La Chine va garder son yuan faible tant que ses exportations ne se seront pas relevées de la crise économique mondiale, se préoccupant davantage de sa situation intérieure que des objections de ses partenaires commerciaux étrangers, estiment les experts.Les États-Unis et l'Union européenne poussent depuis des années Pékin...

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