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Nos Lecteurs ont la Parole

Ce droit que nous revendiquons...

Par May SAÏKALLI KING-HALL
Dans L'Orient-Le Jour du jeudi 18 juin, à la page 4, l'article de Suzanne Baaklini, concernant le jugement rendu par le juge John Azzi, me redonne de l'espoir. Voilà un juge qui rend justice et défend « la veuve et l'orphelin » victimes d'une loi désuète et unique qui privilégie l'épouse étrangère et l'enfant de père inconnu.
Je suis également la veuve d'un étranger, disparu trois mois avant le début de la guerre de 1975, alors que notre fille était dans sa huitième année. Je vous fais grâce des années d'interminables attentes, dans des conditions précaires, pour l'obtention du permis de séjour, aux sièges de la Sûreté générale (car il y en eut plusieurs, au gré des combats). C'était un véritable cauchemar. Dieu merci, les choses ont changé depuis.
Après les deux baccalauréats libanais et français, notre fille décroche un « BA Economics » de l'AUB. Bien que brillante, mais étrangère, elle ne peut bénéficier d'une bourse de la Fondation Hariri pour poursuivre des études à l'étranger, alors que sur dossier, elle est admise à la Columbia University et à l'Austin University - Texas. C'est une grosse déception, perçue comme une injustice de plus. Elle était bien libanaise pourtant pour vivre sous les bombes, y compris à l'école et à l'université ! En 1989, reprise d'une guerre encore plus meurtrière. Les conditions de travail pour une étrangère sont nulles. Elle part pour la France où nous avons de la famille. Européenne et trilingue, elle trouve du travail. Plus tard, elle se marie. En 1993, on naturalise au Liban. Elle ne peut venir aux dates prévues. En 1997, on nous donne une seconde chance, dans le but d'améliorer l'équilibre démographique. C'est le fameux « Moulhak » de triste mémoire. Notre fille présente son dossier « en béton », encouragée et épaulée par une personnalité influente, à qui nous rendons hommage. Nous rêvons de justice, d'égalité, de droits des femmes. Tout est arrêté pour privilégier le projet du député Nehmetallah Abi Nasr « prévoyant le retrait de la nationalité libanaise des personnes l'ayant obtenue frauduleusement ». Me référant à l'article de L'Orient-Le Jour du même jour à la page 4, je découvre que le projet en question n'a pas encore abouti, après douze ans, faute d'avoir obtenu la signature du Premier ministre en 2003, puis en 2004. Qu'en sera-t-il en 2009 ? D'avoir été sacrifiés de la sorte est révoltant et inacceptable. N'aurait-il pas été possible d'octroyer la nationalité libanaise aux ayants droit, avant de faire opposition aux fraudeurs ?
J'ai pris part à la première manifestation de la place Riad el-Solh, organisée par des Libanaises, épouses ou veuves d'étrangers, pour réclamer le droit à la nationalité libanaise pour leurs familles. De là sont parties quelques femmes, qu'accompagnait le député Ghassan Moukheiber, pour présenter au Parlement un projet d'amendement de l'article 1 de la loi sur la nationalité. Et cerise sur le gâteau, je lis, toujours l'article de Suzanne Baaklini, que le projet ne figure pas à l'ordre du jour des dernières séances parlementaires, comme promis aux ONG avant les élections. Cela est indiqué par nos instances responsables.
Bravo, Monsieur le magistrat John Azzi ! Ayant eu le privilège de vous rencontrer, le jugement que vous avez rendu au procès de notre compatriote est digne de vous et nous vous en remercions. Nous sommes heureux pour elle et ses enfants. Nos enfants nés au Liban, y ayant grandi et vécu, parfaitement intégrés, dans certains cas, élevés par leurs mères libanaises, après le décès du père étranger ont autant le droit à la nationalité libanaise que les fils d'émigrés ! Ce droit, nous le revendiquons.
Que Dieu vous prête vie, jusqu'au jour où un projet de loi juste et équitable sur l'octroi de leur nationalité à leurs enfants, par les mères libanaises épouses d'étrangers, verra le jour. Pour qu'à notre tour, avec nos ancêtres de la « Nahda », premiers défenseurs des droits des femmes, nous ayons enfin une fille et arrière-petite-fille libanaises de mère libanaise et de père étranger.
Dans L'Orient-Le Jour du jeudi 18 juin, à la page 4, l'article de Suzanne Baaklini, concernant le jugement rendu par le juge John Azzi, me redonne de l'espoir. Voilà un juge qui rend justice et défend « la veuve et l'orphelin » victimes d'une loi désuète et unique qui privilégie l'épouse étrangère et...

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