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Nos Lecteurs ont la Parole

Vox populi…

Par Jihad MOURACADEH
Vu que les élections étaient jouées d'avance dans les régions à prédominance sunnite ou chiite, il est naturel de se pencher sur le résultat de ces élections dans les régions chrétiennes qui, de l'avis général, étaient celles où tout allait se jouer.
Plusieurs conclusions s'imposent.
Le CPL de Michel Aoun a non seulement perdu le vote populaire chrétien, mais son bloc parlementaire, hormis le vote du Tachnag et du Hezbollah, a été réduit de 14 à 5 députés. En effet, s'il est vrai que le CPL a obtenu 19 élus, la légitimité chrétienne de ces élus dont se prévaut Michel Aoun est fortement contestée.
On sait pertinemment que les candidats de Michel Aoun ont perdu le vote chrétien à Baabda et à Jbeil et qu'ils ne doivent leur victoire dans ces circonscriptions que grâce au support massif des électeurs du Hezbollah. Cela fait 6 élus, parfaitement légaux par ailleurs, mais auxquels manque la légitimité de la représentativité chrétienne dans ces électorats. On sait aussi que les forces du 14 Mars ne présentaient pas de candidats à Jezzine et que le gain de 3 députés dans cette région par Michel Aoun, qui n'en avait pas en 2005, ne constitue pas un gain au sens véritable du terme mais un soutien moral de Hezbollah au général.
En ce qui concerne le Metn, où le CPL a obtenu 5 députés grâce au soutien massif du Tachnag, la victoire de ses candidats par une marge de
2 % (1 900 voix), prouve la défaite des candidats de Michel Aoun dans l'électorat metniote hormis le Tachnag.
En observant les pourcentages on constate que Michel Aoun dans sa circonscription du Kesrouan n'a pas pu faire mieux que Nayla Tueni dans sa circonscription de Beyrouth 1, chacun bénéficiant d'une marge de victoire quasi identique de l'ordre de
7,4 %. Cela malgré l'importance du vote Tachnag à Beyrouth 1 (4 000 voix) sans lequel la marge de victoire de la liste du 14 Mars aurait dépassé les 20 %, confirmant une défaite écrasante pour les candidats de Michel Aoun à Beyrouth 1. Faut-il s'attarder sur la cuisante défaite à Batroun du candidat de Michel Aoun, son gendre Gebran Bassil, battu par une marge de 12 %?
Cette analyse, certes sommaire, vise à démasquer l'imposture de la représentativité chrétienne de Michel Aoun et de son parti et partant à remettre dans son contexte ses prétentions ministérielles dans un gouvernement d'union nationale. Seul le Tachnag, sans le soutien duquel Michel Aoun aurait perdu le Metn, peut prétendre à un strapontin. En somme, le leader du CPL s'est raccroché à son dernier bastion du Kesrouan et a imploré le soutien du Hezbollah et du Tachnag, auxquels il est redevable, pour maintenir la supercherie de ses prétentions de leader des chrétiens qui l'ont en fait massivement rejeté. Il faudra s'en souvenir lors des négociations pour la formation d'un cabinet d'union nationale, mais aussi pendant les quatre prochaines années.
La configuration politique émanant de ces élections ne devrait pas nous faire oublier les dangers qui guettent encore le Liban. Que se passerait-il si Israël attaquait les installations nucléaires iraniennes ? Si la Syrie signait un traité de paix avec Israël ? Si les États-Unis estimaient que leur dialogue avec l'Iran n'avançait pas d'ici à la fin de l'année, délai que s'est imposé le président Obama ? Si l'entente saoudo-syrienne venait à s'effriter ? Tout cela exige une direction politique fortement représentative qui garantisse l'unité de la nation en cas de crise et l'immunise face aux convulsions régionales.
S'il est vrai que les élections n'ont pu se dérouler de cette façon que grâce à une détente régionale, certes temporaire, il est impératif que la prochaine législature s'attache à modifier et assainir les pratiques politiques afin de renforcer la confiance des électeurs et des dirigeants politiques dans le processus démocratique. Toujours dans le même esprit, s'attacher à améliorer la législation sociale, si nécessaire à la cohésion politique au Liban, à moderniser la législation économique et financière dans un sens qui favorise la transparence et la suprématie de l'État de droit ainsi que le respect des engagements internationaux. Veiller aussi à réformer en profondeur l'appareil judiciaire ainsi que le fonctionnement des tribunaux. Tout cela garantira un attachement croissant de toutes les factions libanaises à leur patrie. Cela les unira autour d'intérêts communs, d'un Liban qui leur importe et qu'ils s'attacheront tous à défendre face aux dangers potentiels résultant des futurs chocs régionaux. La bataille ne fait que commencer et il est nécessaire de profiter du choc salutaire que nous ont octroyé ces élections. Il appartient donc à la société civile, toutes tendances confondues, de parfaire ce répit en proposant grâce à un débat public constant des solutions qui pèseront sur le choix des élus et influeront sur ce chantier politique, économique et social.
Le peuple a voté. Ses besoins immédiats et quotidiens (électricité, eau, téléphone, routes, sécurité sociale, hospitalisation etc.) devraient demeurer le souci primordial des élus car on ne saurait mettre en chantier de grands projets politiques, quelque séduisants qu'ils soient, en ignorant le souci quotidien des électeurs.
...Vox Dei
Vu que les élections étaient jouées d'avance dans les régions à prédominance sunnite ou chiite, il est naturel de se pencher sur le résultat de ces élections dans les régions chrétiennes qui, de l'avis général, étaient celles où tout allait se jouer.Plusieurs conclusions s'imposent.Le CPL...

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