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Liban

À Tripoli, le taux de panachage sera le plus déterminant

La ville dont pourraient être issus plusieurs Premiers ministrables a décidé hier de mettre en sourdine cet enjeu, pour se concentrer tant bien que mal sur le jeu de la « solidarité » imposée à la liste du 14 Mars. Celle-ci a regroupé, non sans difficulté, les dinosaures de la politique tripolitaine, à savoir : Nagib Mikati, Mohammad Safadi et Samir Jisr, trois sunnites aux gros moyens financiers, qui ont pris à leurs côtés Ahmad Karamé et Mohammad Abdel Latif Kabbara pour pourvoir aux cinq sièges sunnites, Samer Saadé, le maronite, Badr Wannous, le alaouite, et le junior de la liste, Robert Fadel, grec-orthodoxe, qui succède à son père, membre de l'ancien bloc tripolitain.
Côté opposition, Omar Karamé, qui a préféré concocter sa propre liste avec officiellement un seul colistier, Charif Khaldoun, a laissé aux Tripolitains la liberté de compléter leur liste avec d'autres membres dits « indépendants », pourtant comptés dans le girond de l'opposition, tels que Rifaat Eid, Rafli Diab et Jean Obeid.
Face à la liste du 14 Mars dont la majorité des membres sont « théoriquement » donnés gagnants d'avance par les pronostics, vingt-huit indépendants, dont Jean Obeid et Misbah Ahdab, ont quand même choisi de faire cavaliers seuls, mus par le seul espoir de voir l'exercice du panachage (désormais connu chez les Tripolitains) pratiqué à grande échelle ce jour-là. C'est d'ailleurs sur cette pratique que misait Misbah Ahdab, qui avait réussi à percer par les mêmes moyens les listes adverses en 2005. D'ailleurs, les rumeurs qui couraient dans la ville donnaient des chances au jeune Misbah qui pourrait éventuellement se substituer à Ahmad Karamé, et à Jean Obeid qui semble avoir bien plus de chance que le jeune Samer Saadé, un candidat parachuté par les Kataëb. Pour les plus optimistes au sein de l'opposition, la chance pourrait également sourire à Omar Karamé qui pourrait rafler la place à Samir el-Jisr. Autant de prévisions qui partiraient évidemment en fumée si le taux de panachage se révélait minime.
Outre cette interrogation majeure, il est une question qui pourrait être autrement décisive au niveau du vote tripolitain, à savoir le comportement des membres de la Jamaa islamiya (15 % des 196 166 électeurs), dont on dit que la moitié d'entre eux au moins voterait contre la liste du 14 Mars.
Rappelons que la Jamaa avait été écartée du jeu d'alliance à Tripoli, pour obtenir en échange un siège sur la liste de Denniyé.
Contrairement à d'autres cazas où l'encombrement des bureaux de vote a été la règle, Tripoli aura connu hier une journée relativement calme et fluide.
Les rumeurs faisant état, pour la énième fois d'un retrait de Misbah Ahdab ne semblent pas avoir perturbé ce dernier outre mesure, d'autant qu'elles ont vite été démenties par voie de télévision. Préférant laisser à son petit neveu le loisir de regarder la chaîne Tiji, le député prenait ses nouvelles au téléphone, et se rassurait à l'idée que sa campagne électorale « n'a été orientée contre personne ». Misbah Ahdab ne résiste pas toutefois à laisser glisser un reproche indirect à ses multiples adversaires, se targuant de ne pas être « en confrontation avec l'argent politique ».
Dans la cour des grands, au centre culturel Safadi, on parle déjà de la prochaine échéance complexe de la désignation du futur Premier ministre, à laquelle plusieurs leaders tripolitains sont candidats, à savoir MM. Mikati, Safadi, voire Omar Karamé au cas où ce dernier gagnerait, avec l'opposition, les élections.
Confiant dans sa traditionnelle popularité, M. Karamé semble imperturbable devant l'agitation qui entoure sa résidence.
Tout en faisant savoir qu'il ne bouderait pas la présidence du gouvernement si l'opposition venait à la lui proposer, il affirme cependant être relativement « pessimiste » pour ce qui est de la constitution du gouvernement « qui pourrait poser problème dans certains cas ».
M. Karamé ajoute : « Il n'y aura pas de gouvernement s'il n'y a pas de cabinet d'union nationale. » Pour M. Safadi, ce n'est pas le cas, puisque les forces du 14 Mars ont affirmé à plusieurs reprises être « prêtes à gouverner seules et à en assumer entièrement la responsabilité ».
Cela ne veut pas dire pour autant que les candidats de l'alliance du 14 Mars resteront sourds à une éventuelle requête de l'opposition de participer à un gouvernement où ils seraient majoritaires. Encore faut-il que l'opposition actuelle accepte d'abdiquer son exigence du tiers de blocage. Ce qui est encore loin d'être acquis, affirment en chœur les dinosaures du 14 Mars.
La ville dont pourraient être issus plusieurs Premiers ministrables a décidé hier de mettre en sourdine cet enjeu, pour se concentrer tant bien que mal sur le jeu de la « solidarité » imposée à la liste du 14 Mars. Celle-ci a regroupé, non sans difficulté, les dinosaures de la politique tripolitaine, à...

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