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Nos Lecteurs ont la Parole

Un minimum d’élégance

Par Claude ASSAF
Je croyais cauchemarder l'autre jour en entendant le général Aoun accuser les candidats proches des martyrs de ne pas rater une occasion « pour les sortir de la morgue » (« berrad »). Voulant dénoncer - par ce terme qui vous donne froid au dos, c'est le cas de le dire - le fait que ces candidats s'acharnent toujours à vouloir ramener leurs martyrs à la mémoire des électeurs. Pourquoi choisir des propos aussi macabres? Ce n'est pas en foulant aux pieds la mémoire des martyrs de l'indépendance que l'on peut espérer soutirer les voix qui manquent pour accéder au Parlement. On peut  faire porter le message et montrer au public son mécontentement vis-à-vis des agissements de ses adversaires sans pour autant le baigner dans un scénario de film d'horreur. On peut faire sensation auprès de ses partisans autrement qu'en ayant recours à un langage aussi cru et méprisant.
Quand bien même ceux-là peuvent raffoler de ce genre de discours, il vaut mieux pour eux et pour notre pays que leur vote soit déterminé par leur raison et non par leurs instincts. Un leader peut contribuer  à apaiser les passions et stimuler la faculté de juger en adoptant un vocabulaire plus décent et un ton moins agressif. Toutefois, me dira-t-on, le but, durant cette période électorale, est justement d'aiguiser les rancœurs et exacerber les haines pour gagner encore plus l'adhésion des sympathisants. Soit. Mais pour respecter les règles de l'éthique entre adversaires politiques, un minimum d'élégance est tout de même requis. Comme par exemple la délicatesse de ne pas menacer de « divulguer le passé » de ces morts. Quelles que soient leurs errances, ces morts sont tombés pour leur pays, et ce seul sacrifice suffit à les faire pardonner. Encore plus, un chef politique qui se targue de prôner la souveraineté du Liban devrait même considérer ces martyrs de l'indépendance comme étant les siens propres. Il devrait être fier d'honorer lui-même leur mémoire au lieu de vouloir les reléguer au fin fond des consciences ou les profaner. Car ces héros font non seulement partie de l'histoire, mais sont aussi un élément moteur qui motive et guide toute lutte pour un avenir dans la liberté.
Oui, donc, pour nous rappeler souvent à notre esprit le souvenir de ces patriotes assassinés parce qu'ils ont trop aimé leur pays. Mille fois non pour les salir et violer leur repos par un langage irrespectueux qui ne siérait même pas aux dépouilles des plus vulgaires des malfaiteurs.
Je croyais cauchemarder l'autre jour en entendant le général Aoun accuser les candidats proches des martyrs de ne pas rater une occasion « pour les sortir de la morgue » (« berrad »). Voulant dénoncer - par ce terme qui vous donne froid au dos, c'est le cas de le dire - le fait que ces candidats s'acharnent toujours...

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