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Europa Jaratouna: l'action de l'Europe dans 8 pays sud-méditerranéens - Formation

Un projet pour créer des ponts entre les journalistes de la région

Lancé fin 2008, le Réseau du journalisme du voisinage vise à former des journalistes des pays du sud de la Méditerranée, de l'Europe orientale et du Caucase du Sud, ainsi qu'à leur donner les clés pour accéder au cœur de Bruxelles.

Améliorer la formation des journalistes de la région méditerranéenne, leur donner un accès privilégié aux institutions de l'Union européenne, souligner et récompenser la qualité de leur travail au travers de nombreux prix... L'Europe, dans le cadre de sa politique européenne de voisinage, est particulièrement engagée dans le soutien à un journalisme de qualité.
Aujourd'hui, le fer de lance de cette politique est le « European Neighborhood Journalism Network » (ENJN), ou Réseau européen du journalisme du voisinage. Lancé à la fin de l'année 2008, ce programme, financé par la Commission européenne dans le cadre de sa politique de voisinage, a notamment pour objectif de « former les journalistes des pays du sud de la Méditerranée, de l'Europe orientale et du Caucase du Sud », et d'aider ces journalistes « à franchir la barrière de la bureaucratie qui entoure Bruxelles ». Pour ce faire, le projet comprend 26 sessions de formation d'une semaine réparties sur les 30 mois du projet et organisées dans des pays européens ou du voisinage. « Nous formons des journalistes de 16 pays, qui sont répartis en quatre groupes », explique David Quinn, formateur principal pour les pays du Levant et du Caucase pour la fondation Thomson, l'une des organisations du consortium qui développe le programme ENJN.
Les sessions de formation se déroulent autour de cinq thèmes : l'immigration, l'énergie et l'environnement, la résolution des conflits, la sécurité dans le voisinage et le développement de la politique européenne de voisinage en tant que telle.
« L'accent est placé sur le développement des compétences professionnelles nécessaires pour rendre compte des grands enjeux de l'Union européenne et de son voisinage », explique Sarah Bouchetob,  gestionnaire de réseau affiliée à la Fédération internationale des journalistes, (FIJ), une institution également membre du consortium qui développe l'ENJN. « Le programme, il faut le souligner, n'est pas restreint à la couverture de l'actualité de l'UE. Il s'agit au contraire de parler des questions de fond affectant l'Europe et ses régions voisines à l'Est comme au Sud », insiste Sarah Bouchetob.
Ainsi, en janvier dernier, les journalistes du groupe Maghreb ont produit, lors d'une session à Amsterdam, 25 histoires sur les questions liées aux migrations et à l'intégration. Lors de cette session, les journalistes de l'ENJN ont été les premiers à interviewer le premier maire d'origine nord-africaine d'une grande ville d'Europe en la personne de M. Abou Taleb, maire de Rotterdam. En avril dernier, les journalistes syriens, palestiniens, israéliens, égyptiens et jordaniens du groupe Levant se sont retrouvés pour une session en Arménie au cours de laquelle ils ont travaillé sur le thème de la résolution des conflits et des efforts européens de médiation entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Depuis le début du programme, les journalistes du réseau ont produit plus de 200 reportages, écrits ou audiovisuels.

Un accès privilégié aux responsables de Bruxelles
Dans le cadre de leur formation, les journalistes ont, pour traiter les sujets proposés, « accès aux meilleurs interlocuteurs en la matière, qu'ils soient diplomates ou membres de la société civile. Nous offrons notamment aux journalistes les clés pour avoir accès aux responsables à Bruxelles », indique David Quinn.
« Ce programme m'a été particulièrement utile, car j'ai eu l'opportunité de préparer un reportage à Bruxelles, et de contacter des experts et responsables européens, ce qui est difficile à faire à partir de son propre pays », indique Gohar Martirosyan, journaliste pour la compagnie arménienne de télévision Yerkir Media. Gohar a participé à une session de formation, en novembre 2008, à Bruxelles. Session organisée avant l'annonce du partenariat oriental de l'UE, dont le thème était « La politique européenne de voisinage et au-delà », et au cours de laquelle Gohar a pu rencontrer, entre autres, les porte-parole de la commissaire européenne Benita Ferrero-Waldner et du secrétaire général du Conseil de l'UE, Javier Solana.
« Nous offrons également un cadre de travail ainsi qu'une supervision rédactionnelle », ajoute David Quinn. « Ce programme est une bonne opportunité, pour moi, de communiquer avec des journalistes très professionnels et très expérimentés, et d'apprendre beaucoup d'eux », souligne Gohar.
Concernant les faiblesses au niveau de la formation ou du travail des journalistes du Maghreb ou du Moyen-Orient, David Quinn relève une tendance à la rhétorique. Le formateur, qui était déjà impliqué dans le programme précédent de l'Union européenne « Europe For Mediterranean Journalists », note toutefois une baisse du niveau d'autorestriction et de restrictions externes que s'imposent ou qui sont imposées aux journalistes. « Les journalistes du Moyen-Orient travaillent dans une région qui est au cœur de l'actualité. Ils ont tendance, dès lors, à avoir une connaissance limitée des autres conflits. Pour nous, il est important que les journalistes puissent inscrire les sujets qu'ils travaillent dans une perspective plus large », note enfin M. Quinn. « Un journaliste algérien, par exemple, doit être sensible au conflit énergétique entre l'Ukraine et la Russie », ajoute-t-il.
D'où l'importance d'un autre aspect du projet ENJN : la mise en réseau des plus de 400 journalistes participant à la formation. En dehors des semaines de formation, ces journalistes se retrouvent d'ailleurs sur un forum, mis en place sur le site internet de l'ENJN. Une manière de « créer des ponts », comme le souhaite l'ENJN, entre journalistes et dans le voisinage. « Le fait de savoir que je connais beaucoup de journalistes d'autres pays et que je peux les contacter en cas de besoin est très important pour moi », souligne Gohar.
« Le réseau ENJN est une plate-forme qui donne accès à des journalistes à de la formation et des possibilités de couvrir des questions économiques, politiques et institutionnelles, dans une Europe en construction. Ce faisant, nous rapprochons les uns des autres des journalistes d'horizons très divers à travers le dialogue », conclut Sarah Bouchetob.


* Europa jaratouna est un projet médiatique initié par le consortium, « L'Orient-Le Jour », al-Hayat LBC, et élaboré avec l'aide de l'Union européenne. Il traite des actions de l'UE dans 8 pays du sud de la Méditerranée. Pour en savoir plus, visitez le site www.eurojar.org. Le contenu de cette  publication relève de la seule responsabilité de « L'Orient-Le Jour » et ne peut aucunement être considéré comme reflétant le point de vue de l'Union européenne.

Améliorer la formation des journalistes de la région méditerranéenne, leur donner un accès privilégié aux institutions de l'Union européenne, souligner et récompenser la qualité de leur travail au travers de nombreux prix... L'Europe, dans le cadre de sa politique européenne de voisinage, est...