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Liban - Cultures

Capoeira ! Danser pour ne pas se battre

Des capoeiristes libanais veulent prouver qu'un art martial brésilien peut aider les jeunes en difficulté à sortir de la violence.
Il y a quelques mois, L'Orient-Le Jour allait à la rencontre des Capoeira Sobreviventes, ces jeunes danseurs qui se donnaient rendez-vous toutes les semaines dans une salle de la rue Hamra pour découvrir les rythmes entraînants de la capoeira - un art martial et musical brésilien « libérateur » du corps et de l'esprit. Une école créée en 2006 avait permis à plusieurs dizaines de personnes de s'y initier, proposant également des spectacles de rue et des séances dédiées aux enfants handicapés. Aujourd'hui, le groupe a de nouvelles ambitions : ouvrir la capoeira à un public plus vaste, et faire de la culture populaire brésilienne un modèle d'épanouissement pour la jeunesse défavorisée du Moyen-Orient.
« La capoeira a changé nos vies, et nous avons pensé qu'elle pourrait aussi aider beaucoup d'autres personnes », explique Cynthia Daher, qui fait partie des membres fondateurs de l'organisation Volta ao Mundo (littéralement « autour du monde »). En créant cette association à but non lucratif, les capoeristes libanais ont voulu se donner les moyens de toucher une plus grande partie de la population, notamment les jeunes. « Nous avons fait la liste de tout ce que la capoeira peut apporter aux adolescents et aux jeunes adultes en difficulté, raconte Cynthia. Nous avons envoyé ça à de possibles sponsors, et nous les avons convaincus. »

À la rencontre des jeunes
La capoeira combine sport, danse, chant et surtout discipline : autant de facteurs qui peuvent permettre aux jeunes d'évacuer leur violence intérieure et d'apprendre des valeurs fortes de la vie en communauté. Volta ao Mundo s'adresse à un public varié. Il s'agit d'abord des adolescents victimes des troubles politiques et sociaux qui touchent le Liban, notamment la guerre et la pauvreté ; ils constituent une population à risque, constamment sous la menace de la drogue, de la violence, ou de l'échec scolaire. Les capoeiristes s'adressent aussi aux élèves des écoles publiques, souvent laissés pour compte des activités sportives et artistiques auxquelles ont droit les élèves plus riches des écoles privées. Dans la même volonté de tendre la main aux enfants exclus du système, ils veulent aller à leur rencontre dans les vallées reculées qui restent à l'écart du développement culturel de Beyrouth. Des programmes spéciaux, enfin, sont réservés aux jeunes victimes d'un handicap mental ou physique.
Une étude menée cette année, à l'initiative de l'association, en collaboration avec des chercheurs dans plusieurs pays, a montré que la pratique de la capoeira dans des milieux sociaux difficiles permettait d'offrir une vraie alternative à la violence - en passant d'abord par le renforcement de la personnalité des jeunes adultes. Les mouvements rapides et le rythme intense de la danse exigent en effet des capoeiristes une maîtrise sereine de leur corps et une grande confiance en leurs partenaires - un état d'esprit qui, selon l'étude, renforcent des valeurs comme le respect de soi et des autres.

Une sortie de crise
Sami, âgé de 15 ans, s'entraîne avec un groupe de capoeiristes depuis quelques mois. Il éprouve d'habitude des difficultés à se concentrer pour suivre des cours, mais l'art martial brésilien lui a ouvert les yeux sur ses capacités à rassembler son énergie sur une seule activité. « Je suis souvent énervé, j'ai envie de me battre même avec des gens qui ne m'ont rien fait, dit-il. Mais j'aime la capoeira parce que tu peux faire semblant de te battre, avec des gens qui sont d'accord, sans leur faire mal. » La musique puissante et l'autorité du maître permettent ainsi à des jeunes psychologiquement très tendus de se défouler en canalisant leur énergie. La pratique en groupe de la capoeira fait également en sorte que des personnes issues de différentes communautés créent entre elles des liens forts grâce à la proximité physique et à la confiance mutuelle que demande cette danse. L'étude montre que des groupes de jeunes issus de communautés rivales ont pu ainsi opérer de véritables rapprochements dans des contextes similaires à celui de la société libanaise actuelle.
Volta ao Mundo souhaite promouvoir rapidement les bienfaits de la capoeira et d'autres apports de la culture brésilienne pour offrir une nouvelle solution à la crise sociale que connaît la jeunesse du Liban. L'organisation en est encore à ses débuts, mais a déjà des ambitions pour la suite du parcours : « Nous voulons construire une maison de la capoeira, explique Cynthia Daher. Une maison qui nous servirait d'abord d'école, mais qui serait surtout, comme la capoeira, un lieu de rendez-vous, de dialogue et d'art pour tout le monde. »
Il y a quelques mois, L'Orient-Le Jour allait à la rencontre des Capoeira Sobreviventes, ces jeunes danseurs qui se donnaient rendez-vous toutes les semaines dans une salle de la rue Hamra pour découvrir les rythmes entraînants de la capoeira - un art martial et musical brésilien « libérateur » du corps et de l'esprit. Une école...
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