Rechercher
Rechercher

CD, DVD - Un peu plus de...

La toile en émoi

Le Web n'aura jamais aussi bien porté son nom en français. La toile. Pas comme une araignée, ni un Spiderman qui tisse son piège. Mais plutôt comme un espace vierge que d'aucuns s'amuseraient à colorer de leurs idées. Depuis quelques semaines, le Net est une toile de peintre que pro et anti (en politique) se plaisent à remplir de leurs créations les plus subtiles. Et si nos panneaux publicitaires nous étouffent avec les campagnes électorales de chacun, le Net, lui, nous fait rire. De Facebook à notre Inbox, ça n'arrête pas. Et l'imagination des internautes est bien plus riche que les idées des publicitaires. Pro et anti s'en donnent à cœur joie pour détourner toutes les campagnes, billboards et films électoraux, pour le plus grand plaisir des aficionados du genre. Si seulement on pouvait afficher ces détournements, nos politiques se sentiraient moins fiers. Malheureusement, les gens se lâchent tellement qu'on ne peut pas se permettre de diffuser « officiellement » ces fausses campagnes. Mais n'est pas Nul qui peut. Pourtant il serait exquis de faire comme Chabat et consorts. Ce serait génial de publier également les statuts des gens sur Facebook. Parce que dans la page générale, ça n'arrête pas. Chaque post, chaque statut, chaque commentaire est politique en ce moment. « Bêêêêle et vote », « I sink, there 14 I am » et la meilleure de toutes : « Achrafieh not for p... ». Évidemment, dès qu'on est du bord opposé, on rit moins. Pourtant, ce ne sont pas les idées qui manquent et rire ferait du bien à n'importe quel parti en ce moment. Rire. Voilà ce que font les internautes. Rire des autres, certes, mais rire quand même. Rire, car la situation est sérieuse. Car le 7 juin prochain, les dés seront jetés. Car le 8 juin, on se réveillera heureux ou anxieux, soulagé ou dépité. Mais en attendant, il faut profiter des jours ensoleillés et de l'effervescence autour des débats. On se réunit, on suit les émissions politiques, même si on ne s'intéresse pas d'habitude à la politique, même si on ne comprend pas bien l'arabe. Et malgré tous les handicaps culturels et linguistiques, en ce moment, la politique libanaise est captivante. On dirait le Mundial. La Coupe du monde du qui mieux mieux. Un vrai feuilleton digne de n'importe quelle série télé. D'ailleurs, on ne les regarde quasiment plus les séries télé. On les a troquées pour les JT, Marcel Ghanem ou Walid Aboud. On se concentre sur les débats d'idées - s'il y en a. Et on appuie son candidat, on le soutient. On s'énerve s'il fait une bourde, s'enthousiasme s'il dit quelque chose de puissant. Bref, on s'anime. Et si on assiste à un débat avec des amis qui ne sont pas du même avis (c'est encore plus sympa), on se chamaille, on s'engueule, on s'empoigne à la moindre incartade de l'adversaire. Ça tire dans tous les sens. Le sang ne fait qu'un tour et on fait preuve d'une mauvaise foi à nulle autre pareille. Du grand art. Adieu la diplomatie et les bonnes manières. Adieu l'amitié. Adieu le politiquement correct. On est dans le politique tout court. Incorrect surtout. C'est comme nos montagnes, nos façades d'immeubles, nos autoroutes, ensevelies sous les campagnes, les contre-campagnes, les portraits officiels des candidats. C'est comme nos écrans télé, envahis par les spots publicitaires poussant au civisme, au choix pertinent, au vote utile. On ne sait plus où donner de la tête, et pourquoi pas finalement ? Pourquoi ne pas se laisser happer par cette vague de patriotisme. Par cette idée de « zay ma hiyé », par ce combat politique qui nous prend chaque quatre ans. Après tout, on s'est enflammé pour les élections françaises, pour l'arrivée d'Obama, alors pourquoi ne pas se laisser prendre par le flot de cet instant qui prendra fin le 8 juin au matin ? Après, ce sera fini. On retrouvera la saison 7 de 24, la saison 3 de Brothers and Sisters. On retournera dans les rues de Gemmayzé, on remplira à nouveau les salles de cinéma, on ira à la plage plus calmement, on parlera d'autre chose. Des festivals qui croisent les doigts. De Keane, de Fanny Ardant, de Gad ElMaleh, de Gabriel Yared, de Gonzales et de Yas, de Bob Sinclar et de David Guetta qui reviennent, des Libanais qui « rentrent », de la crise économique, du divorce de Berlusconi, du Festival de Cannes avec deux semaines de retard et on ira danser sur les roof tops qui ouvrent leurs portes, après... Après le 7 juin. Enfin on l'espère. On espère que rien ne changera après le 7 juin...
Le Web n'aura jamais aussi bien porté son nom en français. La toile. Pas comme une araignée, ni un Spiderman qui tisse son piège. Mais plutôt comme un espace vierge que d'aucuns s'amuseraient à colorer de leurs idées. Depuis quelques semaines, le Net est une toile de peintre que pro et anti (en politique) se plaisent à remplir de leurs...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut