Dans la foule cannoise « qui vous entraîne et vous traîne », comme disait la Môme, dans la palpitation de la Croisette cuvée 2009, il faut recharger ses batteries et travailler à bloc. À fond la caisse. À tout moment, il se passe quelque chose. Soit devant les grands hôtels, surtout le Martinez où, accoudé sur des tréteaux en fer, on pourrait avoir l'occasion d'apercevoir furtivement son artiste préféré et demander à l'occasion un autographe (si vraiment « les augures » sont bénéfiques) : voir Pénélope Cruz sortir d'un restaurant, Almodovar la serrer dans ses bras, ou encore Brad Pitt s'amuser des cris des fans et le Tarentino de Quentin exploser de joie de n'être que présent à Cannes. Soit sur le plateau de la plage du Martinez, où le présentateur de la chaîne Canal Plus, Michel Denisot, officie en grand prêtre, invitant les stars de la journée qui ont présenté leur film. Soit courir plus loin sur les marches du Palais des festivals, situé au bout de la Croisette, assister à la montée ou à la descente des marches ou participer encore à cette prestigieuse montée et fouler le tapis rouge (après les stars, bien sûr, mais tenue officielle de rigueur imposée cette fois sinon, l'entrée vous sera interdite). Ou finalement - ce qui est le cas d'un vrai cinéphile - courir assister aux projections des films en, ou hors compétition officielle, toujours dans le grand palais mais dans des salles différentes : la salle Debussy, Bunnuel, la Soixantième et surtout la grande et la plus prestigieuse, la salle Lumière. C'est là enfin où toute la magie opère. C'est là que les rêves, pour quelques heures, deviennent réalité. C'est là que l'œuvre cinématographique, démultipliée par des centaines de regards, vit et s'anime (comme l'a si bien dit la présidente Isabelle Huppert, reprenant le maestro Fellini, dans son discours d'ouverture).
Mais il ne faut pas croire que les activités s'arrêtent là. Le Festival international de Cannes s'est enrichi, il y a quelques décennies, de programmations diverses qui sortent du cadre de la compétition officielle. Ainsi, « la Semaine internationale de la critique », créée en 1962, s'attelle à découvrir et à présenter les premières et secondes œuvres de nouveaux talents venus derrière la caméra. Un souffle jeune et différent qui rafraîchit la Croisette. Par ailleurs, « la Quinzaine des réalisateurs » propose, du 14 au 24 mai, aux mêmes dates du festival, une sélection de films venus du monde entier. Depuis 1969, date de sa création, « la Quinzaine » s'est donné pour objectif de découvrir et de faire connaître les cinéastes de demain. Soucieuse de sélectionner non seulement des longs-métrages de fiction, mais également des documentaires, elle s'est intéressée à l'émergence de cinémas indépendants autant qu'aux films de genre populaire.
Enfin, la programmation d'ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), créée en 1994, est composée de 9 longs-métrages internationaux qui se déroulent au cinéma « Les Arcades » ainsi qu'au « Studio 13 ». C'est ACID qui assure le suivi de nombreux films après Cannes, les propose à d'autres festivals et les accompagne lors de l'exploitation en salles. Sans oublier « Cannes cinéphiles », née en 1995 de la volonté commune de la ville de Cannes et du festival, qui offre à l'ensemble du public de découvrir la programmation des sélections cannoises qui sont rediffusées gratuitement dans trois salles municipales de la ville. Pour y accéder, les cinéphiles non badgés pourront retirer leurs invitations de centres d'accueil.
Tout le monde à Cannes peut donc participer à cette grande fête du cinéma. Certains mêmes choisiront de faire leur propre cinéma : hurluberlus sur la plage, nymphettes tatouées posant pour les photographes, artistes peintres esquissant des dessins au sol, ou artistes comédiens en quête d'un spectacle. Cannes c'est aussi cela. Mais c'est également une organisation et une logistique sans failles réalisées au service des stars, de la presse, des cinéphiles et surtout de cette œuvre magique qu'on appelle le « Film ».