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Nos Lecteurs ont la Parole

Tués vs assassinés

Danielle BACHA
Loin d'apaiser les rancœurs qui ont suivi la réintégration de l'évêque Williamson et le projet de béatifier Pie XII, la visite du pape Benoît XVI en Israël et notamment son discours au mémorial Yad Vashem à Jérusalem ont attisé l'ire de beaucoup d'Israéliens. Ainsi, Israël Lau, président du mémorial et ex-grand rabbin d'Israël, accuse le pape de ne pas avoir été assez clair dans ses propos, de ne pas avoir nommé les nazis, d'avoir occulté le nombre de juifs exterminés et d'avoir utilisé le mot « tués » au lieu du mot « assassinés ».
Il fallait s'y attendre. Comme toutes les fois où un non-juif évoque le génocide, ses paroles sont scrupuleusement épiées puis disséquées, à la recherche de la plus petite nuance, de la minusculissime faille laquelle, une fois détectée, déclenche un tollé universellement médiatisé.
Le mea culpa de Jean-Paul II, ses paroles contrites, les excuses du monde entier, les arrestations d'ex-nazis et les quantités indescriptibles de films condamnant la Shoah... rien ne suffira jamais. Les accusations d'antisémitisme et de racisme nous poursuivront jusqu'à l'extinction de l'humanité et nous sommes irrémédiablement tenus, jusqu'à la nuit des temps, de payer pour les crimes - ignobles, horribles, impensables, odieux, monstrueux... il est vrai qu'aucun mot n'est assez fort pour les décrire - des nazis.
Bien que parfaitement légitimes, le monde est tellement et si fréquemment confronté aux séquelles et aux répercussions des souffrances atroces du peuple juif que cet excès de médiatisation commence à « déranger » à tel point que cela finit parfois par avoir l'effet inverse, celui d'exacerber l'antisémitisme. Comment s'empêcher d'établir des parallèles avec d'autres génocides (tels ceux de l'Arménie ou du Darfour) dont on parle à peine ou si peu ? Pourquoi faut-il toujours qu'il y ait cette surenchère pour considérer que le peuple juif a souffert plus que les autres ? De plus, comment occulter le drame des  Palestiniens qui ont subi et continuent de subir, quotidiennement, les foudres des Israéliens ? Délogé, chassé, dénigré, tué et assassiné, ce peuple n'a-t-il pas le droit d'utiliser les mêmes procédés pour sensibiliser le monde à sa cause ? Doit-il se trouver réduit à faire couler le sang pour se faire entendre ?
Je n'essaie nullement de justifier les lâches attentats de kamikazes visant des femmes et des enfants, et suis fermement convaincue que de très graves erreurs sont commises tous les jours de part et d'autre, mais il est clair que la violence engendre la violence.
Et de violences en violences, nous en sommes au point que de nos jours, tout Arabe, de quelque pays qu'il soit, est mal perçu notamment par l'Occident et se voit qualifier des pires attributs dont le plus « doux » est d'être terroriste.

Danielle BACHA
Loin d'apaiser les rancœurs qui ont suivi la réintégration de l'évêque Williamson et le projet de béatifier Pie XII, la visite du pape Benoît XVI en Israël et notamment son discours au mémorial Yad Vashem à Jérusalem ont attisé l'ire de beaucoup d'Israéliens. Ainsi, Israël Lau, président...

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