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CD, DVD - Un peu plus de...

Ménage de printemps

Cela fait quelque temps que nous sommes en plein dedans. Le ménage du printemps. Dépoussiérer. Ranger. Nettoyer. Classer. Sélectionner. Retirer. Jeter. Donner. Trier. Intervertir. Ordonner. Grouper. Agencer... On déménage. Ses affaires, ses vêtements, ses idées. On change tout. On se prépare pour l'été. Que l'on espère viendra tôt. Parce que les demi-saisons sont haïssables. Un coup, il pleut, un coup, il vente, un coup, il fait trop chaud. On n'est plus en hiver, pas encore en été. On hésite entre nus pieds et baskets, car on ne sait pas s'il va pleuvoir. On se demande ce qu'on va faire les dimanches. Ces dimanches interminables où le jour traîne à finir, où le soleil prend son temps. Un soleil pas assez fort pour se laisser dorer sous son zénith. On déprime. On déprime beaucoup aux changements de saisons. On fait les bilans. Ceux de l'hiver. On ne sait pas ce qu'on fera cet été. L'avenir n'est pas certain pour tout le monde. On ne parle plus que politique. On attend le 7 juin... Alors, comme on a un peu de temps devant nous, on range. On « fait descendre » les habits d'été et on enfouit ceux de l'hiver. On met sous clé les bottes, même les plus sexy, les pulls, les écharpes, les manteaux. On lave, on envoie à la teinturerie. On donne à ceux qui en ont besoin, aux enfants plus jeunes. On ressort les robes qui sont froissées, les sandales qui sentent la « tetkhité », les tongs et les maillots, les serviettes de plage, les crèmes périmées, les huiles qui ont perdu leur odeur. Cela fait toujours bizarre de se retrouver face aux objets estivaux, alors que la saison peine à pointer le bout de son nez. On s'achète de nouvelles lunettes de soleil. Un peu trop grandes, mal agencées. Qui ressemblent follement aux Tom Ford de l'année dernière, avec un détail en plus. Idem pour les K. Jaques. Un chouia différentes, mais tellement fashion et si confortables. On se dit qu'on ne portera plus de noir. Du blanc, rien que du blanc. Et des couleurs... Et dans cette frénésie de rangement que les femmes enceintes connaissent bien, puisque quelque temps avant leur terme, elles sont prises de ce que l'on appelle le « nesting syndrome », nous faisons nous aussi notre nouveau nid. On ouvre les tiroirs, on aère les armoires, on classe les papiers, on jette les vieux magazines, on trie les photos, on oublie ce qu'on aimerait oublier. On télécharge nos CD dans notre i-Tunes pour faire de la place dans la bibliothèque. On met le tout sur son i-Pod. Et on écoute en boucle I'm Yours de Jason Mraz ou Uninvited de Freemasons. Tout dépend du mood. On époussète les tapis qu'on rangera une fois la chaleur venue, on brosse les rideaux, on tape les canapés. On enlève, on allège. On ouvre grand les fenêtres pour laisser entrer le vent du printemps. On élague. On trie nos amitiés. On s'engueule, souvent. On invite des gens, on n'en invite pas d'autres. On rend des soirées. On fait du social. On recommence les fêtes. On prépare les examens des enfants ou les nôtres. Nos examens de conscience. On décrasse son intérieur. Son intérieur matériel, son intérieur physique, son intérieur moral. On fait le vide. On se pose des questions. On se pose. On se blanchit. C'est que, pour mieux prendre le soleil, il faut avoir gommé les peaux mortes, les maux morts... Et on s'écrase la tête contre la musique, à fond dans les tympans. On se prépare. On se met dans les oreilles Extraterrestre d'Arielle Dombasle et Philippe Katerine, parce qu'on se sent un peu autre, un peu différent, un peu ailleurs. Et on chante à tue-tête comme les oiseaux qui gazouillent. Parce que le printemps est là. On essaye de se faire contaminer par eux. On sourit aux arbres en fleurs. On laisse la brise fraîche caresser nos visages. Et on attend. Quoi ? On ne le sait pas encore. Mais on attend. Et dans cette attente qui peut s'avérer longue, on distingue les bonnes des mauvaises choses. On trie sur le volet et même sur deux volets. On se rappelle le printemps de Beyrouth. Le beau, le clair, le précieux printemps de Beyrouth. Et on met du Claude François. Du kitschissime Claude François. C'est qu'on a envie de se lâcher. « Viens à la maison, y a le printemps qui chante. » Et on essaye. On essaye de se casser la voix.
Cela fait quelque temps que nous sommes en plein dedans. Le ménage du printemps. Dépoussiérer. Ranger. Nettoyer. Classer. Sélectionner. Retirer. Jeter. Donner. Trier. Intervertir. Ordonner. Grouper. Agencer... On déménage. Ses affaires, ses vêtements, ses idées. On change tout. On se prépare pour l'été. Que l'on...
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