Une bonne communication aurait été de garder, pourquoi pas, la photo de cette femme séduisante, mais de lui apposer une légende où le mot « citoyenne » remplacerait le mot « belle », ce qui aurait donné « Sois citoyenne et vote ». Un bon moyen aurait été aussi de créer un slogan qui mobiliserait les femmes en leur disant par exemple combien leur voix est importante et peut être déterminante, ou qui s'insurgerait contre leur discrimination par rapport au sexe masculin, ou encore qui les sensibiliserait sur les questions les concernant - plus particulièrement sur certains de leurs droits publics (accès à des positions politiques, transmission de la nationalité au mari et aux enfants) ou sur certains éléments socioculturels (éducation, emploi...). On aurait de cette manière favorisé le côté femme-femme, mais on aurait en même temps veillé à valoriser les personnes dites du sexe faible en mettant en avant leurs atouts si nombreux et leurs revendications si légitimes, ce qui aurait certainement motivé davantage cette frange de la population.
Si je faisais partie de l'équipe responsable du marketing politique du parti, j'aurais par ailleurs préconisé d'autres outils de communication, tels des rencontres avec des groupes restreints de femmes réunies par tranches d'âge, ou encore des meetings populaires regroupant l'électorat féminin toutes générations confondues et au cours desquels on aura réussi à rallier les participantes en évoquant les problèmes qui les intéressent (ceux liés à l'inégalité des salaires entre les sexes, ceux découlant de la difficulté de concilier vie professionnelle et vie de famille, ceux concernant les femmes seules, divorcées, veuves ou retraitées...). Ce choix de stratégie n'aurait-il pas été bien plus efficace pour courtiser et parvenir à conquérir le public féminin ?
P.S.- Au demeurant, je suis curieuse de savoir si l'affiche de cette jeune femme, aux épaules nues et à la bouche pulpeuse sciemment entrouverte pour paraître plus appétissante, est visible dans la banlieue sensible. Si oui, bravo ! C'est que partout dans notre Liban, toutes les mentalités et cultures sont acceptées. Cette tolérance et cette ouverture conviendraient parfaitement à nos vœux d'un Liban pluriel où coexistent harmonieusement tous les Libanais. Mais si c'est non, je me demande comment des alliés pourront mettre en œuvre conjointement un document d'entente quand déjà ils ne s'entendent pas sur un support de communication et sur le message dont il est censé être porteur.
Claude ASSAF
Mastère en information et
communication de l'USJ
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