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Économie - Liban - Service

Centres commerciaux : une nouvelle vague à l’horizon

Après un démarrage en douceur, les grands espaces commerciaux type City Mall ou ABC font recette. Au point que plusieurs nouveaux grands projets sont en préparation, notamment en dehors de Beyrouth.
Les promoteurs ont retrouvé de l'appétit pour lancer de grands espaces commerciaux. Le faible nombre de grandes parcelles par rapport aux pays du Golfe, les règles d'urbanisme parfois contraignantes et les prix du foncier ne les ont pas dissuadés d'investir. « Le Liban est en train de rattraper le retard qu'il a pris par rapport à l'Europe ou aux USA », affirme Georges Kamal, PDG de la société Acres, qui a plusieurs projets de « malls » en route. Après un démarrage lent de l'ABC Achrafieh en 2003, le premier « véritable » centre commercial au Liban, les « malls » font maintenant recette, notamment grâce à l'intégration de puissantes locomotives commerciales (hypermarchés, grands magasins, salles de cinéma ou grand parc d'attraction). « Notre zone de chalandise compte environ 1,3 million de personnes et notre chiffre d'affaires augmente de 25 % par an depuis 2006 », explique Rony Aoun, directeur général du City Mall, le plus grand centre commercial au Liban.
Au Beirut Mall, aux portes de Chiyah, la progression semble encore plus rapide, car le marché est très porteur (500 000 à 700 000 résidents dans la banlieue sud) et représente souvent une nouveauté pour la clientèle locale : « Nous atteignons 2 millions de visiteurs par an et notre chiffre d'affaires a augmenté de 50 % entre 2008 et 2009 », confie Zaher Chatila, le directeur général du Beirut Mall. Le PDG de l'ABC, Robert Fadel, n'a pas souhaité répondre aux questions de L'Orient-Le Jour, mais certains commerçants insistent sur la bonne santé du centre commercial d'Achrafieh. « L'ABC a réussi à fidéliser ses clients depuis 2006, sans oublier la part importante de touristes ou d'expatriés qui viennent pendant les périodes de fêtes », explique Gérard Gebeily, qui gère la boutique de prêt-à-porter Clauda, l'une des premières à avoir loué un emplacement à l'ABC en 2003. «Les malls sont plutôt de tradition anglophone et ne correspondent pas à la mentalité francophone et méditerranéenne qui consiste à flâner de boutique en boutique, mais les Libanais découvrent qu'ils peuvent tout trouver sous un même toit », poursuit Gérard Gebeily. « L'influence des expatriés qui vivent dans le Golfe ou aux États-Unis où les malls sont très répandus est très nette sur les habitudes de consommation », soutient pour sa part Rony Aoun.

Les boutiques sur les starting blocks
Les enseignes sont toujours sur le qui-vive pour obtenir un emplacement stratégique dans les grands centres commerciaux. Le City Mall, l'ABC et le Beirut Mall annoncent des taux d'occupation de 95 % en moyenne même si certaines boutiques situées à des emplacements peu exposés, comme le Mall Street à l'ABC Achrafieh, mettent parfois la clé sous la porte. Le Beirut Mall, dont le taux d'occupation était de 85 % en 2007, a même une liste d'attente d'une dizaine de boutiques, selon son directeur général, Zaher Chatila. Les loyers sont pourtant plus chers que dans les rues commerciales de la capitale : de 800 à 1 500 dollars en moyenne le mètre carré, soit 30 à
40 % plus cher qu'à Hamra ou Achrafieh. « Les boutiques des malls nécessitent aussi une plus grande main-d'œuvre », explique le directeur de la boutique Clauda. « Mais la présence de la concurrence et la fréquentation sans équivalent y rendent notre présence indispensable », poursuit Gérard Gebeily, qui réalise 30 à 40 % de son chiffre d'affaires à l'ABC alors qu'il dispose de trois autres boutiques à Achrafieh et Jounieh.

Cinq centres commerciaux d'ici à cinq ans
La réussite des grands centres commerciaux a donné des idées aux promoteurs. Mis à part le gigantesque projet des souks de Beyrouth de plus de 100 000 m2 qui devrait être lancé dans les prochains mois, une poignée de grands espaces commerciaux, avec des superficies situées entre 25 000 et 75 000 m2, devrait voir le jour ces cinq prochaines années. Le dernier-né s'appelle Le Mall à Sin el-Fil. Ouvert en grande partie depuis le mois de février, il remplace le Metropolitan Boulevard, la « galerie marchande à la parisienne » développée par le groupe émirien al-Habtoor en 2005, qui a tourné au fiasco. « Nous avons complètement modifié l'architecture intérieure, consolidé les marques existantes par de nouvelles enseignes comme Zara et développé des restaurants », explique Georges Kamal, PDG de la société Acres, filiale et bras immobilier de la société Azedea, qui détient un important portefeuille de marques, comme Zara ou Mango.
La société Acres prévoit aussi de lancer deux autres centres commerciaux : un espace de 50 000 m2 qui sera achevé fin 2010 avec une centaine de boutiques, situé à 200 m de l'ABC Dbayeh, en bordure de l'autoroute, et un plus petit à Saïda (25 000 m2), qui devrait être terminé à la fin 2009. En face de Le Mall Saïda, un autre vaste espace marchand sera ouvert par la société de détail Bestseller, qui détient notamment dans son portefeuille de marques Vero Moda ou Jack Jones. D'autres projets sont aussi évoqués, mais ne sont pas encore sur les rails : un projet du groupe des Émirats al-Futtaim près du cinéma Abraj, et un autre de la famille Hariri à Verdun. Au point que l'on peut se demander si chacun pourra trouver sa place. La question se pose même pour les grands centres commerciaux déjà existants, qui avaient jusqu'ici leur propre zone de chalandise : l'ABC drainant une classe aisée autour d'Achrafieh, le City Mall bénéficiant de l'accès direct à l'autoroute (250 000 voitures par jour dans les deux sens) et le Beirut Mall profitant de la proximité de la banlieue sud (au moins 60 % de sa zone de chalandise). Les professionnels restent pourtant optimistes : « Je vois plutôt l'arrivée de nouveaux poids lourds comme une stimulation, qui va attirer de plus en plus de clients. À condition que chacun arrive à se forger sa propre identité », conclut Georges Kamal.
Les promoteurs ont retrouvé de l'appétit pour lancer de grands espaces commerciaux. Le faible nombre de grandes parcelles par rapport aux pays du Golfe, les règles d'urbanisme parfois contraignantes et les prix du foncier ne les ont pas dissuadés d'investir. « Le Liban est en train de rattraper le retard qu'il a pris par rapport à l'Europe ou aux...
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