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Liban - Environnement

À Deir el-Qamar, des graines de pin tombées du ciel

Un hélicoptère de l'armée a sillonné le ciel de Deir el-Qamar hier. Pas pour des raisons de sécurité, mais pour semer des graines de pin et rendre le vert à cette localité, durement touchée par les incendies ces deux dernières années.

L'initiative de reboisement de Deir el-Qamar, prise en partenariat avec la municipalité, vient de la toute jeune association AMAR (Association pour maintenir, assurer et revaloriser le patrimoine de Deir el-Qamar), formée d'une dizaine de dames amoureuses du patrimoine de leur village et présidée par Nayla Chamoun. Il s'agit là de leur toute première activité. L'opération a été exécutée par le Lebanese Yacht Club (LYC), qui entreprend un projet de reboisement par hélicoptère dans plusieurs régions du Liban, en collaboration avec le ministère de l'Environnement.
Le rendez-vous est donné à la place centrale de Deir el-Qamar. Les membres fondatrices d'AMAR, le président de la municipalité Fadi Honein, des membres du LYC et des journalistes attendent l'arrivée de l'hélicoptère pour se rendre au sommet de la colline de la Croix, dévastée, en 2007, par le terrible incendie qui avait alors détruit en un jour quelque 65 % des espaces verts de Deir el-Qamar.
L'arrivée de l'appareil de l'armée provoque un vif émoi parmi la petite foule, qui s'embarque aussitôt dans plusieurs véhicules pour le suivre jusqu'au sommet de la colline. Là, devant l'hélicoptère posé à terre, une brève séance photo est organisée, après quoi l'opération de reboisement est lancée. Durant près d'un quart d'heure, l'hélicoptère de l'armée sillonne la colline en y semant près d'un million deux cent mille graines de pin (une espèce propre au Liban, nous précise-t-on), sur une superficie de 120 000 mètres carrés (douze hectares) de terrains en pente.
Cette technique est nouvellement utilisée au Liban. Rabih Salem, président du LYC, qui a initié cette campagne de reboisement par hélicoptère au Liban, nous explique qu'il croit en la nécessité d'inciter les organisations civiles à contribuer à l'extension des espaces verts du Liban. « À notre avis, cette technique est la plus efficace, poursuit-il. Au Liban, nous avons perdu 217 000 hectares d'espaces verts en raison des incendies. Nous ne pouvons reboiser tout cela par les moyens conventionnels. Il faut littéralement "bombarder" les terrains de graines. En une ou deux saisons, nous pouvons semer quelque 35 millions de graines. »
Selon M. Salem, reboiser à la main les 217 000 hectares détruits par les incendies coûterait davantage à l'État que d'utiliser cette technique. Quelle est la proportion d'arbres qu'on peut espérer voir survivre par une telle technique ? M. Salem précise d'emblée que les graines sont traitées à l'acide gibérellique et aux hormones avant d'être semées. « Elles sont jetées à terre alors que le sol est encore humide, dit-il. Dans un premier temps, les graines germent à 85 %. Mais après le passage des prédateurs (oiseaux, souris...) et l'influence des phénomènes naturels, il en reste 40 %. Après la saison de sécheresse, s'il reste seulement 10 % de la tonne initialement semée, cela donne 120 000 arbres. Pour en planter autant par les moyens traditionnels, l'État devrait débourser environ un million de dollars (chaque plant coûte 8 dollars en moyenne), alors qu'il n'en coûte que 20 000 par cette technique. Nous sommes prêts à assumer la responsabilité de ce que nous avançons. »
Avant Deir el-Qamar, cette campagne était passée par Akkar (Kobeyate et Andkit), Zghorta (Karm Saddé), Batroun (Kfifane) et Aley (Rachaya). « Il nous reste, pour cette saison, les régions de Qaraoun, de Bkifa et de Deir el-Ahmar, dans la Békaa », souligne M. Salem. Le financement vient en partie du ministère de l'Environnement, ainsi que de la caisse du LYC et de ses sponsors.

Pour l'amour du patrimoine
Pour sa première activité, AMAR a décidé de se lancer dans le reboisement (elle a déjà planté des bougainvillées sur la place), jugeant cette action très symbolique dans la redynamisation de ce village du Chouf au patrimoine imposant. Mais les ambitions de l'association ne s'arrêtent pas là. Outre le reboisement, elle s'est donné pour objectif de conserver l'héritage culturel, historique et naturel de Deir el-Qamar, promouvoir la sensibilisation à l'environnement et au patrimoine, et renforcer le rôle des communautés locales en les encourageant à promouvoir l'artisanat traditionnel.
La présidente Nayla Chamoun explique que l'association a été lancée par une « poignée d'amies, toutes amoureuses de cette ville de Deir el-Qamar ». « Nous avons décidé de nous réunir et de travailler pour mettre en valeur cette localité qui a été la capitale du Mont-Liban durant trois cents ans », poursuit-elle. Elle précise que les projets à caractère écologique vont au-delà du simple embellissement et même du reboisement, pour aborder le tri des déchets, l'installation d'équipements solaires dans le village... « Nous accordons aussi une grande importance à la sensibilisation de la population pour ce qui a trait à la nécessité de préserver ce patrimoine qui est vraiment unique, dans son architecture et son histoire », dit-elle. Pour elle, l'État a peut-être des moyens limités, alors qu'une association apolitique de femmes aurait plus de latitude pour accomplir cette tâche.
Pour sa part, M. Honein assure que le conseil municipal soutient toutes les initiatives telles que celle prise hier. Il précise que le reboisement va bon train à Deir el-Qamar, avec des centaines de pins déjà mis en terre, offerts par des organisations ou plantés par des élèves, sans compter le grand nombre de plants obtenus par la municipalité auprès du ministère de l'Agriculture. « Notre rôle consiste aussi à arroser tous ces plants en été, fait-il remarquer. Nous avons acquis une nouvelle citerne d'une capacité de 3 000 litres grâce au club Rotary du Chouf. »
Pour évaluer le possible impact de la campagne d'hier, M. Honein nous montre une colline verte en face de lui, reboisée par avion dans les années 50, dans le cadre d'une campagne réussie. Mais les moyens de prévention contre les incendies ont-ils été améliorés ? M. Honein met l'accent sur la sensibilisation des habitants, que la municipalité encourage à débroussailler leurs terrains, évoquant une aide apportée à la Défense civile dans la région. Enfin, la vigilance, selon lui, est montée d'un cran, même si l'enquête sur l'incendie dévastateur de 2007 n'a encore donné aucun résultat.
L'initiative de reboisement de Deir el-Qamar, prise en partenariat avec la municipalité, vient de la toute jeune association AMAR (Association pour maintenir, assurer et revaloriser le patrimoine de Deir el-Qamar), formée d'une dizaine de dames amoureuses du patrimoine de leur village et présidée par Nayla Chamoun. Il s'agit là de leur toute...

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