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Le Grand Lycée franco-libanais : un siècle d’histoire

Jean Michel Herz : «  Cet établissement fait partie de l’histoire du Liban »

À l'occasion du centenaire du Grand Lycée franco-libanais de Beyrouth et de l'implantation de la Mission laïque française au Liban (MLF), le proviseur Jean-Michel Herz évoque, dans une interview accordée à « L'Orient- Le Jour », les moments les plus marquants qu'a vécus son établissement. L'occasion également de revenir sur les objectifs de la MLF au Liban. 
Question - Durant la guerre, le Grand Lycée franco-libanais (GLFL) se trouvait à proximité de la ligne verte. Qu'a-t-il subi exactement ?
Réponse - « Le lycée a essuyé de nombreux tirs et a également été occupé par les Israéliens et les Forces libanaises. De ce fait, il a été contraint de fermer ses portes pendant quelques mois.  Cependant, plusieurs annexes ont été aménagées dans la grande banlieue de Beyrouth. L'administration  a ensuite fait en sorte que des cours soient donnés au lycée lors de trêves matinales. »

 Qu'a retenu le GLFL de l'expérience de la guerre ?
« Ce qui est sûr, c'est qu'il ne faut pas désespérer de l'éducation. Les valeurs de la Mission laïque française ont permis à ce lycée, secoué par la guerre, de se maintenir. Ces valeurs n'ont jamais été mises en cause, même dans les moments les plus sombres.  Aujourd'hui, cet établissement fait partie de l'histoire du Liban. »

La MLF est présente dans plusieurs pays dans le monde. Quelles spécificités sociales et sociologiques a-t-elle dû prendre en considération au Liban ?
« Il faut savoir que Pierre Deschamps, fondateur de la MLF et de ce qui est devenu aujourd'hui le Grand Lycée franco-libanais, a souhaité dès le départ s'adresser à tous les Libanais, quelle que soit leur confession. Au quotidien, cela s'exprime par un respect de la culture libanaise dans sa globalité, à travers un enseignement plus poussé de la langue arabe, pour ceux qui le souhaitent, et par diverses activités culturelles. Cet établissement n'est pas français, il est franco-libanais. Cela dit, il a également fallu prendre en compte l'esprit de groupe propre à la culture libanaise. Nos jeunes étudiants apprécient le fait d'appartenir à une entité précise, voilà pourquoi nous avons valorisé des éléments comme la cérémonie de remise des diplômes et des symboles propres à chaque promotion. ».

Quelles sont les difficultés que rencontre un établissement laïc comme le vôtre dans un pays multiconfessionnel ?
« Absolument aucune ! Nous avons les meilleurs rapports avec les autorités religieuses. Au sein du lycée, la religion n'est pas instituée comme règlement, ni l'athéisme, ni la lutte contre la religion, d'ailleurs. »

Quels sont les intérêts de la MLF au Liban ?
« Au cours de l'époque coloniale, l'Europe s'est répandue dans le monde entier à travers ses armées, ses administrations et par l'action des missionnaires religieux. La France de la IIIe République a refusé de laisser l'éducation aux mains des religieux. L'installation de la MLF au Liban s'est faite à la demande de nombreux Libanais, dont beaucoup de musulmans. Il y a, bien sûr, un engagement moral, et il sert, à l'évidence, le rayonnement de la France. »

A-t-elle eu un rôle politique lorsque le Liban était sous mandat français ?
« Je n'en suis pas persuadé. Cependant, lorsque l'on considère le nombre de personnalités des mondes politique, social et économique issues de ce lycée, on ne peut pas douter de son influence. »

Y a-t-il un message proprement français que le GLFL s'attache à transmettre à ses étudiants ?
« Nous souhaitons que nos étudiants qui réussissent leur baccalauréat dans d'excellentes conditions poursuivent leurs études en France. Nous leur apprenons à travers un système d'excellence à avoir de grandes capacités d'adaptation, et ce où qu'ils aillent. »

M. B.
Question - Durant la guerre, le Grand Lycée franco-libanais (GLFL) se trouvait à proximité de la ligne verte. Qu'a-t-il subi exactement ?Réponse - « Le lycée a essuyé de nombreux tirs et a également été occupé par les Israéliens et les Forces libanaises. De ce fait, il a été contraint de...