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Liban - Texto

À bout de voix

S'en rendent-ils seulement compte ? Sont-ils conscients de ce phénomène lorsqu'ils organisent leurs meetings électoraux, tant au Liban que dans tous les pays où la diaspora a choisi de s'installer ? Connaissent-ils cette résignation qui hante les yeux de toute une catégorie de jeunes qui répondent invariablement de la même manière lorsqu'il est question de se rendre aux urnes le 7 juin ? Tous les observateurs électoraux du monde n'y changeront rien. Ce désintérêt feint, cette amertume, cette impression d'être constamment - éternellement ? - condamnés à être incompris, sous-représentés, totalement absents des calculs politiques de ceux qui ont été ou qui deviendront un jour responsables de ce pays ?
Ce regard amusé, presque méprisant, lorsqu'il s'agit de répondre à la question de savoir s'ils se rendront aux urnes le 7 juin. Et cette réponse, laconique, dure, sans ménagement et surtout invariable, commune à tous les déçus, à tous ceux qui se sentent exclus des rouages de la vie citoyenne ... « De toute façon, ça ne changera rien dans ma région... » Souvent, il vaut mieux sourire et se taire. Quelquefois, il est impossible de ne pas tenter de décrypter cette attitude défaitiste, empreinte de désillusions. Une réponse à peine croyable de la bouche d'une jeune élite dynamique, surdiplômée, ouverte au multiculturalisme et parfaitement intégrée dans les différents pays où la diaspora libanaise s'est échouée. Difficile de ne pas s'interroger sur les causes de ce désintérêt.
Où est la faute ? Dans les lois électorales précédentes ? Dans le fait que souvent, une fois au pouvoir, les élus ne se conforment plus au pacte qui les liait pourtant à leurs électeurs ?
« Every vote counts », avait martelé l'actuel président des États-Unis, Barack Obama, tout au long de sa campagne électorale. Ce dernier a eu le génie d'associer le plus grand nombre à cette campagne pour le changement, en se basant notamment sur une coopération étroite avec la jeunesse américaine. Au Liban aussi, « every vote (will) count », surtout dans certaines régions traditionnellement victimes d'un tristement célèbre rouleau compresseur, dont certains s'enorgueillissent encore. Mais envers un système électoral qui aura laissé bien des citoyens en marge de la vie politique, d'autres n'éprouvent rien d'autre qu'une irrépressible hantise.
Une hantise de sortir du lot en votant différent ? Parce que précisément, « every vote counts » pour asseoir la légitimité incontestée du zaïm. Et que pour y parvenir, dans un parcours sans faute, scrutin après scrutin, il y a deux alternatives. Satisfaire au mieux les attentes de ses électeurs... ou exercer une sérieuse pression morale à chaque fois qu'une échéance électorale approche. Cette pression morale, les dirigeants de ce pays s'en rendent-ils seulement compte ? Sont-ils conscients qu'elle leur est défavorable car elle minimise les chances de chacun d'entre eux/elles de parvenir au pouvoir ? Savent-ils qu'elle les empêche tout simplement d'être élus par une base populaire qui leur est clairement, profondément et, de par ses convictions, affiliée ? Se rendent-ils compte du sérieux problème de confiance qui gangrène leurs relations avec les citoyens qu'ils sont censés représenter ? Et par-dessus tout, envisagent-ils de prouver à cette élite jeune, dynamique, surdiplômée, ouverte au multiculturalisme que la transparence et le respect du jeu démocratique sont également des notions en vogue dans leur pays d'origine ?
S'en rendent-ils seulement compte ? Sont-ils conscients de ce phénomène lorsqu'ils organisent leurs meetings électoraux, tant au Liban que dans tous les pays où la diaspora a choisi de s'installer ? Connaissent-ils cette résignation qui hante les yeux de toute une catégorie de jeunes qui répondent invariablement de la même manière...
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