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Moyen Orient et Monde - Cameroun

L’indignation grandit après les propos du pape contre le préservatif

« Inquiétude » et « indignation » après les propos du souverain pontife sur le préservatif.

L'entourage du pape Benoît XVI, en visite à Yaoundé, tentait hier de calmer la polémique déclenchée par les déclarations la veille du souverain pontife sur le préservatif et qui éclipse la portée de son premier voyage sur le continent noir. En estimant que l'usage du préservatif « (aggravait) le problème » du sida, le pape n'a fait que réaffirmer la position officielle de l'Église catholique, a déclaré le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi. « Il ne faut pas attendre de ce voyage un changement de position de l'Église catholique envers le problème du sida », a-t-il souligné. L'Église estime que « développer une idéologie de confiance dans le préservatif n'est pas une position correcte ». Le père Lombardi a préféré évoquer « l'éducation à la responsabilité de la sexualité, et l'affirmation des valeurs du mariage et de la famille, l'engagement pour des soins efficaces et l'attention portée aux malades ».
De nombreuses personnalités du monde médical, des associations mais aussi plusieurs gouvernements ont néanmoins dénoncé comme contre-productive, voire irresponsable la critique par le pape des campagnes pour l'usage du préservatif, alors que l'Afrique est le continent le plus touché dans le monde par la pandémie du sida.
« La France exprime sa très vive inquiétude devant les conséquences des propos de Benoît XVI », a déclaré le ministère français des Affaires étrangères. « Nous estimons que de tels propos mettent en danger les politiques de santé publique et les impératifs de protection de la vie humaine », a ajouté Paris en soulignant le rôle « fondamental » du préservatif dans les campagnes de prévention. L'Allemagne, dont le pape est originaire, a également estimé que « les préservatifs jouaient un rôle décisif » dans la lutte contre le sida.
« Profondément indigné », le directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, Michel Kazatchkine, a demandé « au pape de retirer ces propos inacceptables » qui représentent « une négation de l'épidémie ». Pour lui, le message est d'autant plus dangereux qu'il est exposé sur un continent « où vivent 70 % des personnes atteintes par le sida ». Anticipant les retombées négatives de ces propos sur leur action, les associations de lutte contre le sida du monde entier se sont jointes à ces critiques. « Nous sommes très en colère car ce sont des années de travail qui sont remises en cause », a notamment protesté l'organisation française Médecins du monde (MDM) en évoquant « des millions de gens qui vont être contaminées à cause de ces déclarations ».
Mais les Africains ont souligné que les fidèles savaient se distancier des instructions du Vatican. « Les gens ne suivront pas ce que le pape a dit », a ainsi pronostiqué Alain Fogué, du Mouvement camerounais pour le plaidoyer à l'accès aux traitements (Mocpat). « Il vit au ciel et nous sur terre (...) Le pape vit-il au XXIe siècle ? »
Même les organisations catholiques ont exprimé leur malaise face aux déclarations de Benoît XVI. « Le pape veut signifier que l'usage du préservatif peut déresponsabiliser ses utilisateurs », a tenté d'expliquer le quotidien catholique français La Croix. Mais « pour ne pas ajouter du mal au mal », « il apparaît nécessaire de se protéger et de protéger l'autre », a-t-il ajouté. Plus définitive, l'ONG sud-africaine Catholics for Choice a assuré que « les catholiques du monde (...) n'étaient pas d'accord avec l'interdiction du Vatican sur les préservatifs ».
Hier, l'agenda du pape ne comportait en principe qu'une visite au président Paul Biya, une rencontre avec les évêques et la célébration des vêpres avec le clergé local. Mais pour désamorcer la polémique et manifester la « sollicitude » de l'Église catholique envers les personnes touchées par le virus, Benoît XVI a ajouté à son programme une brève rencontre en début de matinée avec des jeunes d'une association d'aide aux malades du sida, animée par la communauté catholique Sant'Egidio.
Le souverain pontife a par ailleurs appelé les évêques à « défendre vigoureusement les valeurs essentielles de la famille africaine » aux prises avec les conséquences de « la modernité et de la sécularisation sur la société traditionnelle ». Il les a aussi incités à se faire « les défenseurs des droits des plus pauvres » et à travailler « à la collaboration entre les ethnies pour le bien de tous ».
L'entourage du pape Benoît XVI, en visite à Yaoundé, tentait hier de calmer la polémique déclenchée par les déclarations la veille du souverain pontife sur le préservatif et qui éclipse la portée de son premier voyage sur le continent noir. En estimant que l'usage du préservatif « (aggravait) le...

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