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Liban - Entretien

Diouf à L’OLJ : Beyrouth sera associé à la Journée internationale de la francophonie

Pour l'édition 2009 de la Journée internationale de la francophonie le 20 mars prochain, le Liban sera étroitement associé à cette célébration puisque  Abdou Diouf se rendra spécialement à Beyrouth pour marquer l'événement. « Ce choix est un choix du cœur, en plus de la symbolique de cette ville ».
À l'approche de sa visite de trois jours à Beyrouth le 18 mars prochain, le secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie a accordé à L'Orient-Le Jour un entretien exclusif. Dans son bureau rue de Bourgogne à Paris, Abdou Diouf nous a d'abord confié son fort attachement au Liban, pour des raisons personnelles, « ma femme étant d'origine libanaise », mais aussi pour le « dynamisme positif » de ce pays qui a toujours su préserver sa spécificité, même durant les heures les plus sombres de son histoire. Le choix de fêter la Journée internationale de la francophonie à Beyrouth est donc un choix délibéré, distinct des Jeux de la francophonie qui se tiendront également dans la capitale libanaise en automne.
Le lendemain de son arrivée au Liban, M. Diouf se rendra à la municipalité de Beyrouth après avoir visité l'Agence universitaire de la francophonie, rue de Damas. Le 20 mars, une audience avec le Premier ministre Fouad Siniora ainsi qu'avec le président de la Chambre Nabih Berry est prévue et, à midi, Abdou Diouf déjeunera avec le président de la République Michel Sleiman. L'après-midi, il se rendra à l'Université Saint-Joseph pour une rencontre avec des étudiants. Le soir, la célébration officielle de la Journée internationale de la francophonie aura lieu à la Maison de l'Unesco.
Cette journée est d'ailleurs l'occasion de faire le point sur la langue française au Liban, sachant que près de 20 % de la population libanaise est francophone, alors que l'anglais poursuit sa progression.
Ainsi, à la question de savoir si le français est réellement en danger au Liban, Abdou Diouf répond que ce chiffre de 20 % est « honorable ». « Dans certains États ce chiffre est supérieur, dans d'autres il est inférieur. Notre ambition est de maintenir ce chiffre, et pour ce faire, il faut une volonté politique très forte, une action résolue de concert avec le gouvernement libanais ainsi que la société civile. Nous sommes partenaires avec le Liban pour mettre en marche une action non seulement avec l'OIF mais aussi avec tous nos opérateurs. Il faut une action volontariste, et la question majeure que nous nous posons actuellement est celle de la langue française. »

Un pacte linguistique
À cet égard, un « pacte linguistique » a été scellé lors du dernier sommet de la francophonie organisé à Québec du 17 au 19 octobre 2008. Ainsi, pour la première fois, les pays membres ont retenu dans leurs conclusions plusieurs mesures concernant la langue française, qui était l'un des quatre enjeux inscrits à l'ordre du jour du sommet. Les États membres se sont ainsi proposés de signer un « pacte linguistique ». Ce pacte doit être mis en œuvre de concert avec les médias, les instituteurs - par le biais de la formation des maîtres - et les écoles. « Avant le sommet, nous avions mis en place une commission chargée d'évaluer la situation sur le terrain, présidée par Louise Baudouin. À la suite de cela, nous avons lancé l'idée du pacte. Cela doit se faire sans crispations, sans sectarisme et le Liban est à cet égard un exemple-type », indique M. Diouf. « J'ai pour habitude de dire que l'anglais est la langue de la mondialisation et que le français est l'autre langue de la mondialisation. Aujourd'hui, il est logique d'être trilingue, c'est-à-dire de maîtriser deux langues étrangères en plus de sa langue maternelle. »
Une langue n'est pas uniquement un moyen de communication. Elle véhicule également « des valeurs, des concepts déterminés qui permettent de voir le monde sous divers angles linguistiques », relève le secrétaire général de l'OIF. Le propre de la francophonie est précisément de prôner la diversité et le pluralisme culturel, pas uniquement de veiller à la prospérité de la langue française.
D'ailleurs le slogan de la Journée de la francophonie pour l'année 2009 n'est autre que « Osez revendiquer la langue française ». Pourquoi « osez » ? Pourquoi le fait de revendiquer un attachement à la langue française constituerait quelque part un « défi » ? « Parce qu'il y a comme une certaine frilosité de certains à l'égard de la langue française. Il y a cette impression que si on ne parle pas en anglais, on ne va pas se faire comprendre. Or cela n'est pas vrai. En parlant le français, de nombreuses autres personnes vont oser parler leur propre langue. Nous avons d'ailleurs adopté à Bucarest en 2006, lors de la Conférence ministérielle de la francophonie, un vade-mecum relatif à l'usage de la langue française dans les organisations internationales. Ce texte est aujourd'hui moyennement appliqué. Il y a une attitude de timidité qui consiste d'emblée à partir vaincu face à l'anglais. Mais si nous nous battons, c'est parce que nous sommes tous pour la démocratie internationale. Dans cette optique, nous ne pouvons pas accepter la dictature d'une seule langue », explique M. Diouf. Et de préciser : « Notre combat est un combat global, pour la diversité linguistique et pour une coopération privilégiée avec toutes les aires linguistiques. Nous sommes au cœur d'une entreprise générale de promotion de la diversité culturelle », car la francophonie se définit d'abord par le partage d'une langue et de valeurs communes de « diversité, solidarité et de dialogue culturel ».
Dès 2005, « nous avons poussé en faveur de l'adoption d'une convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles » dans le cadre de l'Assemblée générale des Nations unies. « Seuls deux pays ont voté contre, les États-Unis et Israël. J'ai d'ailleurs été très surpris qu'Israël se prononce contre cette convention, mais j'ai par la suite appris que c'était là plus un vote politique qu'un vote de substance culturelle. »
Ce travail de rapprochement entre cultures différentes « nous permettra peut-être d'échapper à ce choc de civilisations qu'on nous déclare inéluctable. Nous pouvons combattre cela grâce à des valeurs positives ».
« Le pire n'est jamais sûr, d'autant moins sûr quand les hommes de bonne volonté labourent le champ de la paix. La francophonie est au centre du compromis dynamique, notion qu'il faut absolument distinguer de la compromission. La vertu se trouve dans le juste milieu, d'ailleurs toutes les religions prônent ce juste milieu. »
À l'approche de sa visite de trois jours à Beyrouth le 18 mars prochain, le secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie a accordé à L'Orient-Le Jour un entretien exclusif. Dans son bureau rue de Bourgogne à Paris, Abdou Diouf nous a d'abord confié son fort attachement au Liban, pour des raisons personnelles,...
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