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Culture - Festival al-Bustan - Conférence

Kamal Chemali met le cerveau en musique

Dans le cadre du Festival al-Bustan, un neurologue mélomane et une pianiste adepte d'haptonomie (l'art du toucher affectif) ont donné une brillante démonstration de l'art d'apprécier la musique... à travers ses neurones.
« Qui d'entre vous pense que la musique est pour charmer les oreilles ? » a demandé le Dr Kamal Chemali à un auditorium plein à craquer de mélomanes, d'etudiants, de médecins ou de simples curieux venus écouter ce neurologue venu des States expliquer la relation entre la musique et le cerveau. « When music sings, the brain listens and the heart modulates » (Lorsque la musique chante, le cerveau écoute et le cœur se met au diapason), explique cet ancien de l'Université américaine de Beyrouth, le lieu même où se déroulait la conférence. Démonstration in situ avec la pianiste Prisca Benoît, dans le cadre du Festival al-Bustan.
Par sa profession, Kamal Chemali s'est toujours intéressé aux mystères du cerveau. Par ses loisirs - c'est un mélomane et il joue du piano depuis l'âge de 7 ans -, le neurologue est passionné par la magie des « motifs sonores ». Depuis qu'il fait partie de la Cleveland Clinic Foundation, il relie son travail à son hobby. Il a en effet initié, avec son collègue Loutfi Aboussouan, le Doctor-Patient Music Connection Program et il fait partie des fondateurs du Arts and Medicine Institute de Cleveland, qui promeut l'usage de la musique (ainsi que d'autres formes artistiques) en médecine thérapeutique.
On dit souvent que la musique est universelle ou qu'elle adoucit les mœurs. Musiciens ou non, nous avouons presque tous l'apprécier. Nous savons également que certaines mélodies peuvent susciter de vives émotions ou les influencer. Mais la grande majorité ne sait pas comment nous percevons cette musique. Comment cette information non verbale est traitée par notre cerveau. Avons-nous tous les mêmes possibilités pour la musique ? Ce sont ces questions que le Dr Chemali a évoquées lors de sa conférence illustrée de façon sonore, avec les morceaux joués au piano par Prisca Benoît.
Si, comme disait le compositeur Edgar Varèse, la musique est du son organisé, le son, lui, n'est rien de plus que les vibrations de molécules d'air sur notre tympan, a indiqué Chemali. « Pour que ces molécules prennent une forme intelligible, la partie auditive du cerveau distingue les différentes composantes de la musique comme le registre, le timbre, le tempo, la réverbération et le volume. Mais comme on est porté à l'oublier, la musique sollicite aussi les parties du cerveau qui abritent la mémoire et les émotions. »

Expérience
Après une illustration sonore avec les « clavierstücke » de Johannes Brahms, Chemali reprend le micro pour raconter une expérience au cours de laquelle un groupe de neurologues a fait écouter de la musique classique à des personnes pendant qu'ils observaient leurs cerveaux avec une machine d'imagerie par résonance magnétique (IRM). Suivant les réactions des neurones, ils ont réalisé que la musique atteignait d'abord le lobe frontal où sont analysées la structure et la signification de la musique. Mais ils ont aussi vu qu'elle se dirigeait « dans l'aire tegmentale ventrale et le nucleus accumbens, des aires où le cerveau relâche de la dopamine, un neurotransmetteur, entre autres, responsable du plaisir ». Et que la musique faisait aussi réagir le cervelet, une zone associée au mouvement qui perçoit les variations de tempo, de rythme d'émotions contenues dans un morceau.
Les réponses émotionnelles provoquées par la musique sont aussi intenses que certaines stimulations biologiques, et extrêmement rapides (plus rapides chez les mélomanes, paraît-il).
Les recherches en neurosciences attestent que la musique peut stimuler des fonctions vitales car elle active les circuits neuronaux de la gratification, elle réduit les activations des régions cérébrales en jeu dans les émotions négatives et augmente la résistance au stress. L'écoute d'une mélodie douce entraîne un ralentissement des rythmes cardiaque et respiratoire, et fait même chuter la tension artérielle. De fait, elle est aussi utilisée, ces dernières années, à des fins thérapeutiques. La musicothérapie a donné de bons résultats, selon des études menées à la Clinique de Cleveland. Avec des malades suivant un traitement chimio, elle diminue l'anxiété. Elle possède également un effet analgésique chez les patients en période postopératoire (la diminution de la douleur peut aller jusqu'à 40 % !).
Alors, Dr Chemali, est-ce que c'est pour bientôt le jour où vous nous direz : « Écoutez deux ballades de Chopin matin et soir avant les repas et appelez-moi dans trois mois. » Ce serait la plus belle des prescriptions.
« Qui d'entre vous pense que la musique est pour charmer les oreilles ? » a demandé le Dr Kamal Chemali à un auditorium plein à craquer de mélomanes, d'etudiants, de médecins ou de simples curieux venus écouter ce neurologue venu des States expliquer la relation entre la musique et le cerveau. « When music...

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