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La « wilayat el-fakih » et la lutte pour le pouvoir en Iran

Wilayat el-faqih et théocratie pontificale

La « wilayat el-faqih » n'a absolument rien à voir avec le pouvoir spirituel que le Vatican détient aujourd'hui sur les catholiques dans le monde, comme le soutiennent certains hommes politiques, pour justifier leur attitude et certains de leurs choix politiques.  
La wilayat el-faqih, où la fusion, orchestrée par un dignitaire religieux, des pouvoirs temporels et spirituels relève de la théocratie pontificale.
C'est au XIIe et au XIIIe siècle qu'émerge réellement le « sacerdotalisme » ou la théocratie pontificale, c'est-à-dire la lutte du sacerdoce et de l'empire, à ne pas confondre avec le césaro-papisme byzantin (autorité de l'empereur sur l'Église), affirme ainsi le constitutionnaliste Jean Salem. Il s'agit d'une manifestation d'emprise du spirituel sur le temporel. Le sacerdotalisme est déjà présent dans le Genève de Calvin, la ville-Église, qui développe l'idée d'un consistoire qui exerce le pouvoir temporel et qui détermine les normes sous peine d'exclusion de l'Église et de la Cité. Il est également présent dans la République de Cromwell, le Commonwealth (XVIIe), et dans les colonies américaines durant l'insurrection contre l'Angleterre, et se manifeste à travers l'autorité de la Bible et l'imposition de certains critères de vie qu'il est impossible d'éviter.
La théocratie ou le sacerdotalisme médiéval (XIIe et XIIIe) ont été l'apanage des papes Grégoire VII (1067), Innocent III et Boniface VIII (1302), poursuit Jean Salem. Il varie selon la personnalité de chacun des papes. Il existe des nuances dans les doctrines, mais une constante revient en permanence, c'est que le pouvoir temporel dérive de l'autorité des papes. Il est subordonné à cette autorité. Il y a donc ici une infériorité du temporel par rapport au spirituel.
Plusieurs images ont été proposées pour exprimer cette subordination, rappelle M. Salem : la théorie des deux astres, le soleil et la lune ; la lune ne pouvant briller sans la lumière du soleil, qui est tributaire de cet éclairage. Ou encore théorie des deux glaives. C'est l'Église qui délègue le temporel aux rois, lesquels tiennent ainsi leur pouvoir de l'Église. Le but est d'établir une subordination entre les deux domaines et d'acquérir ainsi le droit de déposer les empereurs ou les princes s'ils ne se conforment pas aux instructions de l'Église. Le pouvoir spirituel régit donc la société. Il s'agit là d'une manifestation extrême de l'augustinisme politique. Ce mouvement a été contesté par Dante (dans le de Monarchia), Marsile de Padoue, Guillaume d'Occam, qui défendaient l'autonomie du temporel, qui dérive directement de Dieu et ne lui est pas conféré par l'Église.
La séparation entre la religion et l'État est inexistante en islam, rappelle Jean Salem. Le christianisme a réussi à triompher des idées théocratiques grâce à la possibilité de cette séparation entre « ce qui appartient à César et ce qui appartient à Dieu ». Or une telle réfutation est impossible dans l'islam. Le monde musulman n'est pas suffisamment bien armé pour lutter contre ces dérives en raison des relations entre le spirituel et le temporel. La wilayat el-faqih est l'une des manifestations chiites de la confusion entre le spirituel et le temporel en islam, qui est « dine wa dawla », comme dans l'Ancien Testament, où les rois étaient étroitement surveillés par les grands prêtres.
La « wilayat el-faqih » n'a absolument rien à voir avec le pouvoir spirituel que le Vatican détient aujourd'hui sur les catholiques dans le monde, comme le soutiennent certains hommes politiques, pour justifier leur attitude et certains de leurs choix politiques.  La wilayat el-faqih, où la fusion, orchestrée par un dignitaire...