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La « wilayat el-fakih » et la lutte pour le pouvoir en Iran

Les premiers débats sur la « wilayat el-fakih »

C'est durant la période de la « niyaba royale » de l'imam, ou la « députation spécifique » des sultans safavides (ou chahs), cautionnée par des fakihs (pas tous), que l'on a commencé à discuter des pouvoirs du fakih, indique Saoud el-Mawla. Le débat a alors porté sur le fait de savoir quels devraient être les wilayat du fakih, c'est-à-dire sur quoi il devrait avoir un pouvoir, et quels sont les limites de son pouvoir. Car pour les chiites, pendant la période de la « ghayba » ou de l'occultation, même le « khoms », même la prière du vendredi, sont en principe interdits, car cela doit être fait uniquement sous l'autorité de l'imam Mahdi, car lui seul est juste, infaillible et divin.
Mais même avant cette époque, les fukahas avaient commencé à élargir quelque peu le domaine de la « wilayat » du fakih, en ce sens qu'ils ont considéré que le fakih pouvait recevoir le « khoms ». Il reste que pendant des générations, ils conservaient ce « khoms » et ils le cachaient en attendant le Mahdi, car cet argent devait être remis uniquement au Mahdi. La prière du vendredi était aussi interdite chez la plupart des fukahas. Quelques fakihs ont cependant affirmé qu'ils pouvaient la faire dans certains cas. Plus important encore, le « jihad » était interdit, de même que les « houdoud », c'est-à-dire les législations et sanctions violentes, ainsi que l'utilisation de la violence pour commander le bien et interdire le mal. Cela est un devoir islamique, mais il ne doit être accompli que sous l'autorité du Mahdi.
Donc avec le fakih, on n'a pas en principe autorité à utiliser la force pour commander le bien et interdire le mal, ni pour déclencher le jihad ou préparer une guerre ou imposer des lois qui nécessitent l'utilisation de la violence de la part de l'État... Bref, tout ce qui relève du domaine des pouvoirs souverains de l'État.
Toutes les discussions sur la wilayat el-fakih datent de la période safavide, du XVIe jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, date de l'avènement du règne des Kadjarites, qui eux aussi ont utilisé cette wilayat. Pourtant, un seul fakih, Ahmad Mehdi Naraqi (fin du XVIIIe siècle), a élargi le pouvoir du fakih, en affirmant que la wilayat du fakih pouvait être absolue. Khomeyni a repris cette notion élargie pour affirmer que le fakih peut instaurer un gouvernement islamique. Il se basait à cet égard (comme Naraqi) uniquement sur deux « hadiths » qui ne donnent pas cette idée : un hadith de l'imam Mahdi, lequel aurait transmis une lettre écrite disant que pendant son absence, les chiites devaient se référer aux ulémas, et un autre de l'imam el-Sadek disant que « ceux parmi les shiaas qui connaissent nos hadiths peuvent être les juges » (l'imam a utilisé le mot hakam=juge et non pas hakim=gouverneur).
C'est durant la période de la « niyaba royale » de l'imam, ou la « députation spécifique » des sultans safavides (ou chahs), cautionnée par des fakihs (pas tous), que l'on a commencé à discuter des pouvoirs du fakih, indique Saoud el-Mawla. Le débat a alors porté sur le fait de savoir...