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Liban - Texto

Mythes fondateurs

Drôle de pays où une banale poignée de main prend une dimension surréaliste pendant que dans les rues, les pluies diluviennes inondent les villages, viennent à bout des récoltes. Et pendant qu'à La Haye, un nouveau chapitre de l'histoire du pays du Cèdre est en train de s'écrire lentement, très lentement certes, mais sûrement.
Si Saad Hariri et Michel Aoun se sont serré la main sous le regard approbateur de Mohammad Raad, c'est bien à ce non-événement que s'est limitée la réunion du dialogue. Se réunir sans conviction, histoire de garder le contact, de se rappeler mutuellement les fondamentaux qui servent de garde-fous et qui empêchent tout un peuple de sombrer dans une violence qui pourtant devrait désormais faire partie du passé... On en revient presque à regretter les jours heureux où les politiques de ce pays occupaient des jours durant le cœur de la capitale, en bloquaient les artères, en occupaient les hôtels pour mener à bien les premiers rounds d'un dialogue national à l'époque encore perçu comme salvateur.
Aujourd'hui, c'est sans faire de bruit que les Quatorze choisissent de se réunir à Baabda - certes - mais loin du tapage médiatique des deux années précédentes et surtout dans une atmosphère si polie, tellement politiquement correcte qu'on en arrive à se demander ce qu'une telle courtoisie pourrait en fait camoufler. Même les déclarations des uns et des autres sont désormais invariablement tournées vers l'avenir, alors que les responsables sont censés être en train de construire ce même avenir aujourd'hui et très précisément autour de la table ovale de Baabda. Les législatives sont dorénavant dans la ligne de mire de toutes les parties au pouvoir - ou aspirant à le devenir - et la parenthèse transitoire n'en finit plus de se faire ressentir, tant et si bien que même la très sérieuse et cruciale stratégie de défense nationale semble maintenant tributaire du verdict des urnes.
Drôle de pays en effet. Cette période charnière a pour unique mérite de mettre en relief l'ampleur des divergences, la fragilité de l'union nationale soi-disant scellée grâce à l'accord de Doha de mai dernier et l'absence d'un tronc commun de principes généraux fondateurs censés fédérer toutes les parties, malgré et au-delà de leur lutte pour le pouvoir.
Une seule consolation : la machine du tribunal spécial pour le Liban qui s'est ébranlée, bon gré mal gré, à La Haye et qui a mis en marche une nouvelle logique, non seulement au Liban, mais dans toute la région du Moyen-Orient : celle de la reddition des comptes. Un monde dans lequel les dirigeants sont responsables devant leurs électeurs. Bref, une première.
Drôle de pays où une banale poignée de main prend une dimension surréaliste pendant que dans les rues, les pluies diluviennes inondent les villages, viennent à bout des récoltes. Et pendant qu'à La Haye, un nouveau chapitre de l'histoire du pays du Cèdre est en train de s'écrire lentement, très lentement certes, mais...
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