Rechercher
Rechercher

Santé - Neurologie

Parkinson : le DBS, une technique aux résultats spectaculaires et aux risques minimes

La maladie de Parkinson touche 1 à 2 pour mille de la population mondiale. Jusqu'il y a deux décennies, les patients n'osaient pas croire au jour où ils pourraient retrouver leurs fonctions motrices ou voir leur état s'améliorer. La technique de stimulation profonde du cerveau leur a redonné cet espoir.
Nouvelle vie, nouvelle naissance. C'est ainsi que les malades atteints de la maladie de Parkinson décrivent leur état après avoir été traités par la technique de stimulation profonde du cerveau (DBS). Et pour cause ! Cette maladie neurologique, aux causes encore inconnues, peut être handicapante dans le sens qu'elle entraîne une lenteur extrême qui touche à la fois les gestes, la parole, la pensée et la marche.
Affectant 1 à 2 pour mille de la population mondiale, la maladie de Parkinson se caractérise par une perturbation des mouvements due à une dégénérescence de la substance noire du cerveau. En effet, les cellules dont l'activité principale consiste à sécréter la dopamine (substance du cerveau qui contrôle les gestes) dégénèrent.
Jusqu'il y a deux décennies, le traitement de la maladie reposait essentiellement sur les médicaments. Mais en 1987, une lueur d'espoir a pointé à l'horizon : le Pr Alim-Louis Benabid, alors chef de service de neurochirurgie à l'hôpital de Grenoble-Université Joseph Fourier, en France, mettait au point une technique de stimulation profonde du cerveau, ou DBS (Deep Brain Stimulation). Celle-ci consiste à stimuler électriquement et à haute fréquence une région du circuit neuronal liée à la partie du cerveau responsable des mouvements anormaux qui caractérisent la maladie, essentiellement les tremblements, la raideur dans les muscles du corps et la lenteur dans l'exécution des gestes quotidiens, comme la marche, le fait de manger, s'habiller, se brosser les dents.

Inquiétude
Introduit au Liban en 1999, le DBS a été l'objet d'une étude publiée récemment dans le Journal of the American Medical Association (JAMA). Reprise par l'AFP, cette étude, menée au Hines VA Hospital dans l'Illinois aux États-Unis, insistait sur les « effets secondaires potentiellement graves » du DBS. Les auteurs, qui ne nient pas les bénéfices de cette technique, ont toutefois appelé à « la vigilance dans le recours à cette méthode ».
Ce qui a suscité une vive inquiétude, notamment chez les patients qui l'ont déjà pratiquée. Pour calmer les esprits, L'Orient-Le Jour a contacté le Dr Paul Bejjani, neurologue et directeur du Centre de Parkinson et des troubles du mouvement à l'hôpital Notre-Dame des Secours, qui a affirmé que l'étude en question « ne peut pas être généralisée d'autant qu'elle n'englobe que les résultats du centre mentionné dans l'étude ».
« Des dizaines d'autres études, menées sur un échantillon plus large de patients et dans plusieurs autres hôpitaux en Europe et aux États-Unis, ont montré que les résultats du DBS sont spectaculaires et que les risques sont minimes comme dans n'importe quelle autre technique, précise-t-il. Ils ne dépassent pas en fait les 3 à 5 %. De plus, le recul observé plus de quinze ans après la première opération faite par l'équipe du Pr Benabid à Grenoble montre une continuité dans l'efficacité de cette technique. Cette méthode, qui n'est appliquée qu'aux patients qui ne bénéficient plus du traitement pharmacologique, permet à ces derniers de retrouver leur autonomie. »

Une opération en trois temps
Le DBS est la seule solution pour la prise en charge du patient atteint de la maladie de parkinson lorsque les traitements pharmacologiques ne sont plus suffisants pour gérer l'handicap résultant de la maladie. Il est effectué conjointement par un neurochirurgien et un neurologue.
La veille de l'opération, le cerveau du patient est reconstitué dans ses trois dimensions grâce à l'IRM. Un logiciel intégré à un ordinateur permet de localiser la cible, c'est-à-dire le noyau dans lequel l'électrode de stimulation sera introduite.
En ce qui concerne l'intervention chirurgicale, elle est pratiquée en trois temps. Au cours de la première étape, effectuée sous anesthésie locale, le patient est allongé, conscient, sur la table de chirurgie. Il porte un casque en titanium. Deux trous, d'environ un centimètre chacun, sont pratiqués d'une part et de l'autre du crâne, permettant ainsi au neurologue d'y introduire des électrodes et d'observer l'activité des cellules. Dès qu'il reconnaît leur langage, il introduit les électrodes de stimulation transitoire et envoie un courant électrique qui va créer des perturbations dans la zone identifiée. À ce stade, la coopération du malade est nécessaire pour pouvoir observer cliniquement sa réaction à la stimulation. En effet, les spécialistes lui demandent d'exécuter certains exercices avec la main et les doigts pour s'assurer que la lenteur dans ses mouvements et le tremblement des organes périphériques du corps ont disparu.
Au cours de la deuxième phase, l'électrode définitive est implantée. Le plus souvent, il est nécessaire d'en mettre des deux côtés du cerveau, car c'est une maladie qui atteint, en général, les deux hémisphères. Dans un troisième temps, le patient est placé sous anesthésie générale et les électrodes implantées vont être reliées à des piles de stimulation fixées sous la peau, dans la partie supérieure du thorax. Celles-ci vont alimenter d'une façon continue les électrodes de stimulation.
L'hospitalisation dure près de douze jours, au cours desquels les piles sont réglées par l'intermédiaire d'un programmeur électromagnétique qui fonctionne à travers la peau. La phase de réhabilitation s'étend sur plusieurs semaines et consiste à faire suivre au patient des séances de physiothérapie et d'orthophonie. Bien que les résultats commencent à se faire sentir durant le premier mois, le patient doit être examiné tous les trois mois afin d'ajuster les piles.

Une technique réversible
Le principal avantage de la technique du DBS demeure, selon son inventeur, « le fait qu'elle ne détruit pas le cerveau ». Dans une interview qu'il avait accordée en 2001 à L'Orient-Le Jour, au cours d'un court séjour au Liban, le Pr Alim-Louis Benabid avait expliqué : « À la limite, on peut implanter des électrodes dans plusieurs zones cibles et ne pas les utiliser, alors qu'on ne peut pas s'amuser à faire des lésions aux différents endroits du cerveau. C'est une technique moins invasive et surtout réversible. Je veux dire par là que si un jour on trouve le traitement miracle, on pourra arrêter les stimulateurs et les malades ne garderont pas de séquelles de cette intervention. »
« Un autre avantage de cette technique, c'est qu'elle peut être adaptée à l'état du patient, c'est-à-dire que si les symptômes de la maladie s'intensifient, on peut augmenter les paramètres de stimulation », a-t-il ajouté.
Quant aux inconvénients, ils demeurent essentiellement d'ordre matériel. Le DBS coûte en effet 42 000 dollars. Des frais qui demeurent non remboursables au Liban.
Nouvelle vie, nouvelle naissance. C'est ainsi que les malades atteints de la maladie de Parkinson décrivent leur état après avoir été traités par la technique de stimulation profonde du cerveau (DBS). Et pour cause ! Cette maladie neurologique, aux causes encore inconnues, peut être handicapante dans le sens qu'elle entraîne une lenteur...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut