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Nos Lecteurs ont la Parole

Le moment n’est pas à l’abstention

Claude ASSAF
À l'approche de possibles élections législatives, nombre de personnes, pourtant enthousiastes et euphoriques en ce fameux 14 mars 2005, déclarent aujourd'hui, amères, qu'elles n'iront pas se présenter aux urnes et qu'elles ne voteront donc « ni pour ceux-ci ni pour ceux-là ». Mettant ainsi tous les candidats dans un même sac. Un sac, disent-elles, qui ne mérite nullement d'être ouvert pour y piocher le moindre prétendant à un siège parlementaire.
Face à tant de désenchantement et d'exaspération, du reste compréhensibles, je me permets de leur répondre que l'étape des élections 2009 semble trop décisive pour que nous nous autorisions à nous laisser aller à des états d'âme déçus et dépités. Je conviens que les dirigeants en place n'ont pas toujours été compétents ou exemplaires, et que jusqu'ici ils n'ont souvent pas été à la hauteur de nos attentes. Mais à l'heure actuelle, l'enjeu est ailleurs : il se situe essentiellement dans l'urgence de soustraire notre pays à l'influence et au risque d'une mainmise de régimes extrémistes qui n'acceptent aucun pluralisme.
Le moment n'est donc pas à l'abstention-sanction. Jusqu'à ce que l'identité du Liban redevienne une évidence sacrée, il faudrait laisser à plus tard nos protestations contre les erreurs et dérapages commis par les dirigeants en place. Il faudrait geler également nos condamnations concernant la corruption ou d'éventuels enrichissements illicites. Mieux vaut aussi mettre provisoirement en sourdine nos revendications pourtant légitimes d'un État providence qui nous procurerait une qualité de vie au quotidien. Juste pour cette échéance électorale, l'insatisfaction de nos exigences de faire baisser le prix des soins médicaux ou du pain, et les factures d'électricité ou de téléphone ne devrait pas être le critère pour décider de voter ou pas. Certes, ces exigences sont fondamentales, voire vitales, mais dans notre contexte, la nécessité immédiate est de préserver un Liban qui existe encore parce qu'il prône la coexistence. Se donner toutes les chances de sauvegarder un Liban ouvert à toutes les cultures et religions, et respectueux des libertés, tel devrait être le pari des prochaines élections. D'ailleurs, beaucoup de nouveaux candidats avec lesquels nous partageons au moins l'idée d'un Liban libre et ouvert ne demandent qu'à faire leurs preuves, et ce serait une bonne occasion pour ceux qui ont perdu leurs illusions d'essayer de les retrouver.
Nous nous trouvons à un tournant déterminant, et plus que jamais le droit de vote doit s'exercer. D'autant plus que si nous ne choisissons pas, nous laisserons des partisans fanatiques mobilisés à fond choisir à notre place, et le risque est alors grand de voir accéder au pouvoir des personnes qui, elles, nourrissent des intérêts totalement étrangers à notre conception du Liban.
L'acte civique que nous accomplissons en allant voter ne nous concerne pas seulement individuellement. Il a une dimension collective qui nous impose moralement de participer - même par une simple voix - au jeu politique. Et en l'occurrence au choix d'une société.
Au fait, pourquoi ne pas faire de cet acte une obligation légale ?...

Claude ASSAF
À l'approche de possibles élections législatives, nombre de personnes, pourtant enthousiastes et euphoriques en ce fameux 14 mars 2005, déclarent aujourd'hui, amères, qu'elles n'iront pas se présenter aux urnes et qu'elles ne voteront donc « ni pour ceux-ci ni pour ceux-là ». Mettant ainsi tous les candidats dans un...

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