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Nos Lecteurs ont la Parole

Propos d’un libéral

Georges Édouard SALWAN
Les libéraux ne sont pas des attardés, ce sont des précurseurs. La doctrine du libéralisme est la doctrine de l'avenir. Seule l'observation des lois naturelles permet de bâtir une économie saine. Sans économie saine, pas de réforme sociale qui tienne.
L'abstention de l'État en matière économique peut s'accompagner de la politique la plus hardie que l'on voudra en d'autres domaines. Être libéral, c'est être « avancé ».
Il est tacitement admis aujourd'hui que la loi est faite le plus souvent pour être ignorée ou éludée ; qu'il est, non pas coupable, mais méritoire de la tourner ; qu'on peut toujours escompter, à défaut de son abrogation, sa mise en sommeil, et qu'au bout du compte, sont bien naïfs les citoyens qui essaient de connaître les textes légaux dans leur complexité et de s'y conformer.
Cet état d'esprit est-il ancien au Liban ? Nous ne le pensons pas.
La tyrannie des lois lorsqu'elles ne sont plus « qu'une volonté capricieuse de l'autorité du souverain, la destruction des droits individuels, l'insécurité juridique » caractérisent un déclin mortel du droit.
Rappelons nous de la phrase de Montesquieu : « Lorsque, dans un gouvernement populaire, les lois ont cessé d'être exécutées, comme cela ne peut venir que d'une corruption de la République, l'État est déjà perdu. »
Le sort d'un régime n'est pas seul en jeu.
La désobéissance aux lois, la dissimulation, la fraude, le désir d'enrichissement par des moyens illégaux sont des tendances trop répandues.
Que peut-on répondre aux honnêtes gens qui s'efforcent encore d'être « en règle » ?
Sous couleur de sécurité, la collectivité, à travers certains actes, enlève au citoyen le sens de la prévoyance.
Et puisqu'il faut bien assigner à l'État une tâche, demandons-lui seulement de défendre la société dont il a la charge, contre tout acte de violence ou d'invasion, de protéger chacun de ses membres contre l'injustice, d'ériger les ouvrages et les institutions qui excèdent les moyens des particuliers, mais qui peuvent être profitables à l'ensemble. Que la fixation de peines relève de la puissance publique n'est pas contestable.
La liberté économique ne s'oppose ni à la charité ni à la justice. Elle doit être un des plus fermes soutiens.
Est-il beaucoup de Libanais pour remarquer que bon nombre des activités sont des monopoles, échappant à toute concurrence, pour savoir que ce secteur public de l'économie occupe quelque dizaines de milliers de parafonctionnaires ?
On frémit en pensant à la somme qu'il faudrait finalement demander au citoyen consommateur pour couvrir, au-delà, les frais d'une gestion aussi dispendieuse. Loin de nous l'imprudence de penser que les mêmes méthodes d'investigation appliquées à des entreprises privées ne mettraient pas en lumière des gaspillages d'argent ou de matériel, de surabondance d'effectifs, des abus d'influence, des fautes de gestion.
Les hommes n'y sont pas nécessairement différents de ceux qu'emploient les entreprises publiques.
Mais ce qui distingue les deux types d'entreprise, ce sont, moins encore les buts poursuivis que les sanctions des fautes commises par les dirigeants.
La crainte de sanctions n'intervenant qu'à longue échéance est un mobile moins puissant.
Par une sorte d'hommage rendu au vaincu, le capitalisme d'État a prétendu, dès sa prise de pouvoir, ne pas déroger aux méthodes de capitalisme privé !
Le désir de voir l'entreprise d'État chercher des inspirations dans le secteur privé ne hante pas moins les réformateurs.
Quels que soient les artifices de trésorerie, il est peu probable que les contribuables, à qui il faut bien en dernier ressort se résoudre à faire appel, soient capables de fournir, en plus du reste, les dizaines de milliards que nécessite la survivance de l'État.
L'expérience du capitalisme d'État, qui continue toujours, nous a poussés vers l'emprunt forcé.
Le cours des événements politiques et sociaux passe dans l'esprit de beaucoup pour irréversible.
Une grande désillusion règne parmi tous ceux qui ne sont pas les bénéficiaires directs d'un nouveau régime.
Le sentiment se fait jour que souhaiter la régression du capitalisme d'État n'est pas encourager la réaction sociale.
Oui, il est souhaitable et possible que l'État, s'il ne veut plus aggraver à plaisir ses embarras financiers, cesse d'exploiter des entreprises disparates.
Oui, il est souhaitable et possible que l'État mette fin à l'activité d'un bon nombre de  « caisses », de « fonds » et d'« offices » dont l'économie libanaise se passerait fort bien.
Mais ce qui n'est ni possible ni souhaitable, c'est le maintien d'un régime économique qui ne conduit qu'à la surcharge des contribuables, à la prolifération de fonctionnaires, à une détérioration éventuelle de la monnaie, et à l'impuissance de l'État devant une féodalité coûteuse et despotique.

Georges Édouard SALWAN
Avocat à la Cour
Chargé de cours à l'UL
Les libéraux ne sont pas des attardés, ce sont des précurseurs. La doctrine du libéralisme est la doctrine de l'avenir. Seule l'observation des lois naturelles permet de bâtir une économie saine. Sans économie saine, pas de réforme sociale qui tienne.L'abstention de l'État en matière économique peut...

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