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Liban - Éclairage

Face à la radicalisation des positions, les chances d’un bloc centriste se réduisent

Désormais, le Liban est entré de plain-pied dans la période préélectorale. Tout ce qui s'y dit ou s'y fait vise essentiellement à mobiliser l'électorat des uns et des autres, et tant pis si le prix des surenchères verbales se traduit par des dérapages sur le terrain, l'essentiel étant de recueillir le maximum de voix... Des sources diplomatiques occidentales estiment que les élections devraient donc avoir lieu à la date prévue, en dépit des rumeurs qui circulent sur la possibilité de les reporter et de prolonger le mandat de l'actuel Parlement pour des raisons de sécurité. Ces sources précisent que la tendance générale dans la région et dans le monde étant à renouer le dialogue entre les ennemis d'hier, il serait difficile de laisser le Liban en proie à des troubles sécuritaires suffisamment graves pour justifier un report des élections. Ces sources ajoutent que le dialogue est ainsi engagé entre le régime syrien et la nouvelle administration américaine, et la coopération entre eux semble se préciser, notamment sur le dossier irakien, où les Américains cherchent à s'assurer une sortie digne... Mais la tension est si grande au Liban que tous les scénarios doivent être envisagés, même s'ils ont peu de chances de se réaliser.
En principe donc, les élections se dérouleront le 7 juin prochain et les pronostics laissent prévoir une lutte serrée entre les deux camps et aboutissent à la conclusion suivante : quelle que soit la partie qui en sortira victorieuse, elle ne devra l'emporter qu'avec quelques sièges de différence. C'est dire combien la bataille sera serrée, notamment dans les circonscriptions à majorité chrétienne.
Si l'opposition et la majorité prennent leur temps pour annoncer leurs candidats, on sait déjà que les deux camps devraient afficher des listes complètes dans la plupart des circonscriptions où ils doivent s'affronter pour montrer qu'il s'agit d'une bataille totale.
Les sources diplomatiques occidentales ajoutent que les rivalités entre les alliés, dans un camp comme dans l'autre (entre les Kataëb, les Forces libanaises et les autres parties chrétiennes dans le camp du 14 Mars et entre le CPL, Amal et d'autres partis comme le PSNS chez l'opposition), seront surmontées, l'enjeu final étant bien plus important que les considérations personnelles. Ces sources précisent que l'Arabie saoudite pourrait peser dans ce sens au sein du camp du 14 Mars et la Syrie ferait de même auprès du Hezbollah et d'Amal. Les sources diplomatiques occidentales pensent aussi qu'à mesure que la tension grandit entre les deux camps, les chances de l'émergence d'un bloc centriste chargé de les départager se réduisent. Le président de la République, qui était censé parrainer un tel bloc, est en train de répéter à ses interlocuteurs qu'il n'a rien à voir avec une telle démarche et qu'il ne compte pas intervenir dans les élections législatives. Ceux qui veulent former un bloc centriste ne devraient donc pas compter sur son appui. Du coup, l'idée semble moins séduisante et les positions se radicalisent, alors que des noms supposés centristes, comme Nehmé Frem au Kesrouan ou Issam Farès au Akkar (ou à Beyrouth), ont renoncé à se lancer dans la bataille. S'il est vrai qu'en définitive ce sont les électeurs qui créeront ou non, par leur choix, un bloc centriste, ce dernier pourra donc surtout voir le jour après les élections et non avant.
Les résultats finaux devraient en tout cas dépendre des scrutins au Metn, à la première circonscription de Beyrouth (Achrafieh) et au Batroun. Des sources de l'opposition estiment que comme il s'agit de circonscriptions à dominante chrétienne, c'est le général Michel Aoun et ses alliés qui sont la cible de toutes les attaques. Ces mêmes sources sont convaincues que les États-Unis voudraient faire payer à Aoun le fait qu'il est en grande partie responsable de l'échec de leur plan au Liban. En choisissant de s'allier au Hezbollah et de quitter le camp du 14 Mars, il a assuré une couverture chrétienne au parti de Dieu et évité son isolement programmé, tout comme il a permis d'empêcher son affaiblissement sur la scène interne pendant et après la guerre de juillet 2006. Les sources de l'opposition sont d'ailleurs convaincues que l'ancien vice-président du Conseil, Michel Murr, aurait sondé les diplomates occidentaux avant de lancer son offensive contre le chef du CPL, et ceux-ci l'auraient encouragé dans sa nouvelle démarche, considérant que toutes les tentatives de mettre Aoun en échec sont les bienvenues. Même si un retournement de dernière minute n'est jamais à exclure au Liban, pour l'instant, la bataille s'annonce des plus féroces entre les anciens alliés de 2005. Les sources de l'opposition ajoutent aussi que les élections de juin ne se mesureront pas seulement à la victoire d'un camp sur l'autre, mais elles devront permettre de mesurer la popularité réelle du chef du CPL, qui est devenue à elle seule un enjeu de la bataille.
Dans ce contexte complexe, où les facteurs régionaux et internationaux se greffent sur les considérations purement internes, le Liban se prépare à vivre trois mois difficiles au cours desquels tous les coups seront permis. Mais, au final, les résultats des élections pèseront peu sur l'évolution de la situation dans la région qui reste tributaire des grands développements internationaux.
Désormais, le Liban est entré de plain-pied dans la période préélectorale. Tout ce qui s'y dit ou s'y fait vise essentiellement à mobiliser l'électorat des uns et des autres, et tant pis si le prix des surenchères verbales se traduit par des dérapages sur le terrain, l'essentiel étant de recueillir le maximum de voix... Des...
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