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Liban

La cigarette, dehors

Société Jeudi soir, la plupart des restaurants et des pubs de Gemmayzé étaient non fumeur. Une opération réussie pour les Rotaract de Beyrouth et de Sahel-Metn.
Ils l'ont fait ! Aux incrédules, aux cyniques et aux accros de la cigarette, les membres de deux associations de jeunesse ont montré, jeudi soir, que Beyrouth peut elle aussi arrêter de fumer dans les lieux publics. Le Rotaract de Beyrouth et le Rotaract du Sahel-Metn avaient réussi à convaincre une grande partie des restaurants et des pubs de Gemmayzé d'interdire à leurs clients de fumer à l'intérieur le temps d'une soirée. Promesse tenue : la plupart des établissements ont joué le jeu et affiché à leur porte un message invitant les consommateurs à sortir avant d'allumer leur cigarette.
Les membres des deux Rotaract étaient présents dès 18 heures, à Gemmayzé, pour superviser le déroulement de la soirée. Ils ont d'abord cru que leurs efforts allaient être vains, car six pubs ont annoncé à la dernière minute qu'ils se retiraient de l'opération. « J'espère que ça ne va pas avoir un effet domino », s'inquiétait l'un des jeunes chargés de recenser les fumeurs récalcitrants.
Mais le reste des restaurants et des pubs ont fait respecter la règle, avec plus ou moins de bonne volonté. Des affiches leur avaient été distribuées pour annoncer aux clients la particularité de cette soirée ; certains ont pris soin d'ajouter un message personnalisé. « Vous ne pourrez pas fumer ce soir, sauf si vous avez plus de 90 ans et que vos parents ont signé une autorisation spéciale », annonçait une ardoise à l'entrée d'un bar - une table et un cendrier étant posés sur le trottoir pour délimiter clairement l'espace réservé aux fumeurs.
Vers 21 heures, la grande rue grouille de monde - presque autant qu'un samedi soir, selon un restaurateur. La couverture médiatique du projet a incité beaucoup de curieux à faire le déplacement. Les caméras sont partout, filmant les fumeurs sur leur trottoir comme des bêtes curieuses. Reconnaissables à leur tee-shirt rouge et blanc, les membres des deux associations organisatrices courent d'un établissement à un autre et sont interpellés au passage par des passants qui les félicitent pour leur travail.
À l'intérieur, tout le monde semble apprécier l'air relativement pur d'une soirée sans tabac. Seuls les cendriers, restés sur les tables, sont en proie à une crise existentielle. Les clients, quant à eux, disent apprécier l'initiative. « Ça valait le coup d'essayer, commente Sarah, non-fumeuse. Maintenant, on sait que ça peut marcher, et surtout, on sait à quel point c'est agréable ! » De son côté, Ahmad explique que sortir pour fumer ne le dérange pas : « Je sors avec ma cigarette, je reviens et je n'ai dérangé personne. Ce n'est pas comme si on me demandait de boire mon cocktail dehors. »
Il faut aller dans les pubs ne participant pas à la soirée non-fumeur pour rencontrer les opposants à cette interdiction, installés dans un nuage de fumée. « Si on continue comme ça, on va finir dans un monde froid et sans plaisir, dit Nagib en fouillant ses poches pour trouver un briquet. À quoi est-ce que ça va nous servir ? À mourir en bonne santé ? » Et il refuse poliment un des patchs à la nicotine distribués pendant la soirée pour encourager les fumeurs à tenter d'arrêter.
Les deux Rotaract se disent satisfaits de la réussite du projet et espèrent que leur idée fera son chemin. « Nous n'allons pas organiser une deuxième soirée tout de suite, déclare Nadine Arwachan, présidente du Rotaract de Beyrouth. Cela demande beaucoup de temps et d'efforts. » Mais elle ajoute que leur but a été atteint : « Nous avons ouvert les yeux du public sur la possibilité d'interdire le tabac dans les lieux publics et sur la satisfaction que ça peut apporter. »
Vers 2 heures du matin, Marie finit de nettoyer son bar, range les chaises et s'apprête à rentrer chez elle. Elle travaille dans ce pub depuis deux ans et souffre aujourd'hui de difficultés respiratoires qu'elle ne connaissait pas auparavant. « Je suis devenu asthmatique, dit-elle, et je dois désormais suivre un traitement quotidien. C'est à cause de la fumée de cigarettes que je respire tous les soirs en travaillant. » Ce soir-là, pour la première fois, Marie a pu exercer son métier dans des conditions saines, sans devoir subir les cigarettes de ses clients. « Je suis très enthousiaste, ajoute-t-elle. La santé de beaucoup de gens est en jeu. Les jeunes des deux Rotaract ont fait du très bon travail, et je compte maintenant sur le gouvernement pour prendre la relève - tous les soirs. »
Ils l'ont fait ! Aux incrédules, aux cyniques et aux accros de la cigarette, les membres de deux associations de jeunesse ont montré, jeudi soir, que Beyrouth peut elle aussi arrêter de fumer dans les lieux publics. Le Rotaract de Beyrouth et le Rotaract du Sahel-Metn avaient réussi à convaincre une grande partie des restaurants et des pubs de...
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