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Liban - Texto

Théorie du chaos

Cette sourde impression de chaos. Inévitable mais aussi tellement prévisible à l'approche de chaque échéance. Qu'en est-il alors lorsque se succèdent dans le temps, mais aussi dès à présent dans l'inconscient collectif des Libanais et - surtout - de leurs leaders, des dates qui préfigurent déjà un changement de cap, la fin d'une étape. Une étape impitoyable et dure, certes, mais prévisible.
Avec le tribunal international, une page sombre de l'histoire du Liban est en train de se tourner au profit d'une autre, inhabituelle et peut-être gênante par son extrême fraîcheur : une page où la reddition des comptes figure en en-tête, bien en évidence et au su de tous. En gros, c'est toute une mentalité archaïque de secrets mal gardés, de complots mal gérés qui se retrouve remisée au placard. D'où cette sourde impression de chaos, orchestrée et voulue, ou tout simplement provoquée par le cours que prennent les choses. C'est ainsi que c'est sans surprise que l'opinion publique libanaise a accueilli les graves incidents qui ont accompagné la journée du 14 février. C'est aussi sans surprise, mais toujours dans l'incompréhension, que la compagnie aérienne nationale subit, depuis quelques jours déjà, l'acharnement des forces de l'ombre, sans que les autorités ne se sentent obligées de prendre des mesures exceptionnelles concernant la sécurité de l'aéroport et du personnel qui y travaille.
Il y a trop de choses en jeu et les fauteurs de troubles tentent leur chance. Ils jouent peut-être le tout pour le tout, conscients qu'il est déjà trop tard mais qu'il ne coûte rien d'essayer de déstabiliser un pays pourtant démocratique qui, pour la première fois de son histoire, va - enfin - expérimenter la responsabilisation de ses leaders. Même si aucune partie libanaise ne s'avère impliquée dans l'assassinat de Rafic Hariri, c'est au moins le sentiment d'impunité perpétuelle qui sortira vaincu une fois le procès clos.
Le Tribunal spécial pour le Liban, puis des élections qu'une grande partie des Libanais veut qualifier de cruciales pour l'avenir, le devenir du pays, c'en est trop pour quelques mois. Alors toute l'attention est portée sur le politique politicien, les calculs électoraux. C'est au milieu de cette ébullition discrète mais perceptible, entre deux déclarations à visée électorale, au milieu de ce chaos finalement... confortable qu'une initiative mérite d'être soulignée. Le ministre de l'Intérieur a dans le calme, et loin des tempêtes médiatiques provoquées par les microscandales politiques actuels, rédigé une circulaire donnant le droit aux Libanais de s'abstenir de déclarer leur religion aux registres de l'état civil. Comme quoi du chaos peut malgré tout émerger une construction rationnelle, cartésienne et surtout, profondément démocratique.
Cette sourde impression de chaos. Inévitable mais aussi tellement prévisible à l'approche de chaque échéance. Qu'en est-il alors lorsque se succèdent dans le temps, mais aussi dès à présent dans l'inconscient collectif des Libanais et - surtout - de leurs leaders, des dates qui préfigurent déjà un changement de...
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