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Nos Lecteurs ont la Parole

« Cèdre à la mer ! »

Du rafiot qui tangue, roule et prend l'eau de toute part est tombé son emblème : le cèdre vénérable. Récupéré par des investisseurs retors ne voila-t-il pas qu'il va prêter l'image de son tronc noueux et de ses ramures majestueuses à une île - remblai - lotissement d'un goût douteux. Le jet-set à qui est destinée cette lubie pourra snober encore plus le commun des mortels.
Des lois d'urbanisme désuètes ont conduit à la dissémination de la construction. Ce mitage généralisé qui supprime les terrains permettant des extensions urbaines rationnelles explique l'envie d'occuper la grande bleue. Et tant pis si l'habitant de ce lopin de terre appelé Liban est privé de la satisfaction minimale de pouvoir observer l'immensité de la mer, le mystère du lointain et l'intégrité de l'horizon. Tant pis si la faune et la flore des fonds marins disparaîtront à jamais de ses eaux territoriales. Car il est bien évident que des remblais jetés en pleine mer occasionneront des dégâts à l'environnement bien plus importants que ne l'ont été ceux causés par les remblais déjà déversés le long de la côte libanaise, dans des buts tout aussi condamnables, faut-il le préciser .
Abou Dhabi au climat torride, situé en bordure du désert d'Arabie, balayé par des vents de sable chauds et baigné par les eaux éternellement calmes du golfe Persique, ne présente pas les conditions existant sur le littoral libanais. Rien ne justifie donc chez nous une telle fantaisie. Mais ce qui frappe le plus, c'est l'indigence mentale de ceux qui veulent à tout prix imiter la « Balha » concoctée dans cet émirat artificiel. On se passerait volontiers de ce mimétisme de bas étage.
 Si cette mode devait prévaloir, on verra bientôt une feuille d'érable au large du Canada, une autre de lys en face de Nice, un pistachier près de l'Iran et l'étoile de David devant Tel-Aviv. Mais pour cet exemple, on n'en est pas encore là apparemment, étant donné que l'on n'a pas fini de coloniser des vraies terres là-bas, des terres volées. Chez nous, on jette plutôt son dévolu sur la mer, le système le permet.

G. SÉROF
Du rafiot qui tangue, roule et prend l'eau de toute part est tombé son emblème : le cèdre vénérable. Récupéré par des investisseurs retors ne voila-t-il pas qu'il va prêter l'image de son tronc noueux et de ses ramures majestueuses à une île - remblai - lotissement d'un goût douteux. Le jet-set à...

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