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À puissance exceptionnelle, reponsabilités exceptionnelles Bassam BOUNENNI

Barack Obama a prêté le serment constitutionnel l’instituant officiellement président des États-Unis d’Amérique. À ce titre, il présidera aux destinées de son pays, cela va de soi, mais aussi et dans d’énormes proportions, à celles du monde. Et s’il est vrai que l’élection d’un nouveau président américain a toujours constitué un événement mondial, il est tout aussi vrai que celle de M. Obama intervient dans une conjoncture et un moment exceptionnels. En effet, le nouveau locataire de la Maison-Blanche entreprend son mandat au crépuscule d’une décennie catastrophique et, de ce fait, il aura d’emblée, en tant que président du pays le plus puissant du monde, à mesurer l’impact psychologique que le transfert du pouvoir ne manquera pas d’avoir. Car, sans décrire le moindre tournant dans l’immédiat, un tel transfert constitue néanmoins une échéance virtuelle, ô combien symbolique pour une démocratie dans son inexorable continuité, dans son comportement et ses engagements vis-à-vis d’elle-même. Pour ce faire, M. Obama se devrait d’interpeller l’histoire, celle de la décennie qui tire à sa fin, qui dira avec l’honnêteté candide et la sévère impartialité qui la caractérisent que l’humanité peut légitimement se prévaloir d’évidentes raisons de se féliciter. Mais que l’humanité doit aussi et surtout s’avouer de sérieux motifs d’adopter le plus bas des profils. Décennie de toutes les folies, douces et amères. La première du XXIe siècle aura été abondamment jalonnée de nouveaux et merveilleux progrès scientifiques, technologiques et autres, comme des pires fléaux, dont des attaques de grande envergure contre des populations civiles, deux grandes guerres, une constellation de conflits locaux et une crise économique mondiale. Non point que les Américains ont été seuls bienfaiteurs de l’humanité ou uniques responsables des malheurs de celle-ci une décennie durant. Seulement, les voilà qui entament la nouvelle en fortissimo, maîtres de la planète, en l’absence de toute rivalité ou d’un quelconque contrepoids. Et l’histoire, toujours là, à la portée de mémoire pour aider M. Obama, dans la tentative qu’il serait bien inspiré d’entreprendre, à réadapter la politique extérieure américaine en fonction précisément de sa situation de leader mondial incontesté. Elle lui rappellera la tradition qui veut que, de tous temps, une puissance exceptionnelle a eu à assumer des responsabilités exceptionnelles. Ainsi, Barack Obama aura à tempérer le pragmatisme d’État américain, souvent poussé à l’excès par certains de ses prédécesseurs, au détriment de valeurs que l’on croyait religieusement observées par le peuple américain. Le pragmatisme n’est-il pas la négation de toute vérité absolue ? Cette tâche est d’autant plus urgente et nécessaire que M. Obama aura à adopter une position aussi équitable que neutre à l’égard des problèmes du moment, notamment palestinien et irakien, dans le respect du droit. Le droit que le président Wilson jugeait si justement « plus précieux que la paix ». Ce ne sera qu’à partir d’une telle position et de toutes ses autres prises de position qu’il va être appelé à prendre dans la stricte observance de la légalité internationale, sans considération aucune pour quelque pression d’où qu’elle vienne, que l’Organisation des Nations unies pourrait prétendre à un regain de crédibilité en matière de maintien de la paix et qu’elle pourrait faire plus qu’exprimer inquiétude et préoccupations. En conclusion, M. Obama n’est pas sans savoir qu’un peu plus d’un siècle auparavant, en 1901, le républicain Theodore Roosevelt, surnommé « briseur de trusts », était élu président des États-Unis. Comme lui, M. Obama aura affaire au plus puissant des trusts, le lobby sioniste en l’occurrence que nul ne lui demandera de briser. Ce serait là un vaste programme, comme disait le général de Gaulle. Mais tout simplement de ne point lui céder. Ce n’est qu’ainsi que M. Obama pourra figurer sur la liste très réduite des grands présidents des États-Unis et, peut-être, comme Theodore Roosevelt, obtiendra-t-il le prix Nobel de la paix. Un vrai Nobel pour une vraie paix : juste, durable et universelle. Bassam BOUNENNI Journaliste et chercheur tunisien en géopolitique Article paru le vendredi 30 janvier 2009
Barack Obama a prêté le serment constitutionnel l’instituant officiellement président des États-Unis d’Amérique. À ce titre, il présidera aux destinées de son pays, cela va de soi, mais aussi et dans d’énormes proportions, à celles du monde. Et s’il est vrai que l’élection d’un nouveau président américain a toujours constitué un événement mondial, il est tout aussi...