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Actualités - CHRONOLOGIE

Exposition Les femmes font parler les images Colette KHALAF

Produite par CulturesFrance, l’exposition « Femmes d’images »* s’affiche au Centre culturel français. Elle comprend 76 photographies et une vidéo réalisées par des artistes femmes originaires des pays arabes. C’est Michket Krifa, commissaire de cette exposition itinérante, qui a sélectionné ces dix artistes photographes à la double culture et qui ont plongé dans l’intimité, un thème rarement abordé, dans les sociétés où les appartenances aux groupes prévalent parfois sur les individualités. C’est ainsi qu’elle les présente : « Ces femmes traversent le temps et l’espace, et parcourent librement l’étendue de leur monde. Hier objets de fantasmes, figées dans des imaginations sclérosées, elles sont aujourd’hui des nomades de l’imaginaire. Elles s’amusent à travers l’image, qu’elles contrôlent aujourd’hui, à brouiller les pistes et à transgresser en finesse les règles de la représentation. Elles ont réussi à déjouer les reflets grossiers qui leur proposaient une image truquée en devenant tout simplement elles-mêmes des femmes d’images.» Un travail principalement autobiographique puisqu’en affichant cette série de clichés, ces femmes photographes vont faire un travail d’intériorisation et exhiber leur vie intime. Née à Beyrouth, Amal Saadé poursuit des études de design et de peinture à Rio de Janeiro avant d’intégrer l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Elle expose au Brésil dans diverses galeries et à Beyrouth chez Agial. Dernièrement, elle a participé à l’exposition «InHabituel» organisée par la Dena Foundation à la Fabrica del Vapore de Milan ainsi qu’à la Biennale de La Havane en mars 2006. Ses œuvres se trouvent dans les collections privées au Brésil, au Liban et en Italie. «C’est la guerre du Liban, dit-elle, qui m’a poussée à faire tous ces voyages. Ce nomadisme fait aujourd’hui partie de mon identité. Il ne la contredit pas ni ne l’efface et, pour ma part, je n’essaye plus de l’en exclure.» En questionnement permanent, l’artiste libanaise ne recherche pas la qualité esthétique de la photo, mais une certaine authenticité et une intégrité difficile à obtenir avec l’invasion des images de nos jours. Elle est donc allée seule vers les villages frontaliers du sud du pays où la plupart des batailles et des destructions ont eu lieu. L’ensemble (12 photographies couleurs) de ce travail est conçu comme un compte rendu du parcours qui a duré un mois. Elle voulait découvrir à son rythme et par elle-même ce qui s’était vraiment passé. Comment les gens avaient vécu cette guerre au-delà de la version spectaculaire retransmise par les médias. Elle y découvre une population pauvre, livrée à elle-même. À al-Byadda, un autre village détruit, elle rencontre une jeune fille souriante, maquillée et pimpante au milieu des décombres, Manal, son héroïne. Elle la guide et lui montre les restes de son village. «Elle me montrait ces débris avec le sourire, je me demandais où les gens puisaient cette force?» Fragments d’intimité La présentation très sobre est revendiquée par Amal Saadé comme une volonté d’inscrire son expérience dans le domaine de l’intime. Ces images sont rétives à toute démonstration. En effet, Amal Saadé a essayé de donner un visage humain à l’horreur, et c’est avec un petit appareil discret que l’artiste a réussi à recréer toute la puissance et l’émotion de ces situations. L’artiste expose également des extraits de l’installation vidéo «Beyrouth, Rio, Paris», réalisée en 2001. Farida Hammak est franco-algérienne. Elle n’a que six ans lorsque ses parents s’installent en France, en 1956. Membre de l’agence Viva dès 1980, elle couvre la guerre libanaise. En 1987, elle est photographe de mode, mais poursuit un travail de traces commencé en 1982. Elle présente, dans cette exposition, «Ma mère, histoire d’une immigration», les photos de son livre éponyme publié en 2004. «Dans notre famille, parler de soi et se montrer n’est pas coutumier. La photographie m’a appris à oser dire», avoue-t-elle. D’origine irakienne, Jananne al-Ani vit et travaille à Londres. Elle a étudié les beaux-arts à l’école Byam Shaw ainsi qu’au Royal College of Art à Londres où elle obtient un mastère en photographie en 1997. Elle expose en Angleterre, et ailleurs notamment, des monographies pour «Art Now» du Tate Britain à Londres, en 2005. Lauréate du prix East International 2000, ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections publiques, dont le Centre Pompidou en France et le Smithsonian Institute à Washington DC. L’œuvre exposée par la photographe évoque l’idée selon laquelle les costumes, les habits peuvent représenter l’ensemble d’un peuple ou d’une culture autour de l’idée. Les personnages qui posent dans ses photos sont souvent de sa famille. Dans cette première installation vidéo baptisée « Rêve de jeunes filles », la Marocaine Majida Khattari donne à voir les codes culturels et sociaux du mariage de son pays et met en présence les rites actuels, les acquis et l’expérience personnelle d’une brodeuse et d’une jeune Française d’origine marocaine. Trois histoires parallèles qui plongent dans l’intimité d’une culture. Mouna Karray a choisi de photographier Kyoto Yamanouchi dans son espace personnel pour se projeter ensuite dans cet environnement. Née en Tunisie, l’artiste s’est initiée à la photographie et au cinéma pendant ses études universitaires. Plus tard, partie au Japon, elle commence un mastère en Media Arts au Tokyo Institute of Polytechnics and Arts. Ce séjour au pays du Soleil-Levant est le point de départ d’un travail autobiographique qui se veut une interrogation sur soi ainsi que son rapport avec les lieux et les personnes qui les animent. Patricia Triki, elle, présente son projet «Mornag-inner» créé il y a deux ans à Tunis. Il s’agit d’une rencontre avec un lieu, une maison inhabitée, mais pas tout à fait abandonnée. À travers des images floues, éthérées, l’artiste traduit l’intime et en tire l’essentiel. Quant à l’Égyptienne Rana el-Nemr, née en Allemagne, diplômée en photographie professionnelle au New York Institute of Photography et collaborant, par la suite, avec Abbas, Andreas Rost et Vera & Beat Peacher, son travail a consisté à fixer discrètement sur pellicule, sans que les sujets ne s’en aperçoivent, les Égyptiens de classe moyenne dans un métro. Ces documents sont un témoignage du cadre où évoluent ces personnes où s’entremêlent vulnérabilité, indifférence et intolérance. Reem al-Fayçal a choisi d’illustrer sa vision du «hajj». Une expérience assez unique puisqu’elle est une des rares femmes à avoir photographié cette grande manifestation religieuse. Née aux États-Unis en 1968, l’artiste termine ses études en Arabie Saoudite. Elle quitte ensuite ce pays pour étudier cet art en France où elle poursuit désormais une carrière de photographe. Dans le travail de Rula Halawani, qui consiste en quelques clichés pris au poste de contrôle de Qalandia, c’est toute l’intimité des gens qui est déballée en quelques mouvements et quelques gestes. Cette série d’images montre peu les visages pour mettre l’accent sur les mains, les baluchons ainsi qu’une grosse dalle servant de support, symbole de distance et d’intimité à la fois. Rula Halawani a commencé sa carrière de photographe de presse en 1994, au Canada. Elle a alors 30 ans. De retour à Jérusalem, elle se consacre à l’encadrement et dirige, dès 2001, le département photo d’une université près de Ramallah. Exposée dans le monde entier, elle a remporté de nombreux prix, notamment le prix Kodak (Canada) et le Mother Jones Award (États-Unis) en 1993. Enfin, la dixième femme de cette manifestation, Susan Hefuna, est une photographe égypto-allemande qui travaille sur les multimédias, la photographie, les dessins à l’encre et les installations. Elle a largement exposé ses œuvres dans le monde, notamment en 2006 à la galerie Ralf Seippel (Cologne), au Centro Andaluz de Arte Contemporaeo (Séville) et à l’Institut du monde arabe (Paris). Artiste au double héritage, Susan Hefuna revient depuis 14 ans, entre autres, sur le thème des «masharabiyas», un lieu qu’elle qualifie «d’entre-deux». Car par leurs grillages, ces ouvertures décoratives de l’architecture islamique séparent, mais aussi unissent et filtrent la lumière. * Cette exposition durera jusqu’au 5 février.
Produite par CulturesFrance, l’exposition « Femmes d’images »* s’affiche au Centre culturel français. Elle comprend 76 photographies et une vidéo réalisées par des artistes femmes originaires des pays arabes.
C’est Michket Krifa, commissaire de cette exposition itinérante, qui a sélectionné ces dix artistes photographes à la double culture et qui ont plongé dans...