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Rallye Mitsubishi cultive son bonheur dans un pré pour le Dakar

Au fond de l’Ain, entre champs de poireaux et de maïs, l’écurie japonaise Mitsubishi cultive dans la plus grande discrétion son goût pour la victoire en rallye raid. Avant le départ du Dakar, tracé en Argentine et au Chili du 3 au 18 janvier 2009, Dominique Serieys a ouvert à Reuters les portes de son écurie, installée à Pont-de-Vaux, une petite ville de 3 000 habitants à 20 kilomètres de Mâcon. De cette base arrière, Mitsubishi a remporté 12 fois le Dakar, dont les sept derniers. Depuis septembre 2001, Dominique Serieys, 47 ans, en est son directeur général et sportif. Cet ancien copilote, qui compte huit Dakar à son compteur, raconte le début de cet enracinement. « En 1983, Mitsubishi commercialisait ses véhicules via une petite société basée à Pont-de-Vaux. D’année en année, elle a pris de l’importance, elle a préparé les premiers Pajero pour le Dakar. Puis, Mitsubishi Motors l’a rachetée », raconte l’Héraultais. À l’époque, cette société comptait une vingtaine d’employés, tous originaires de la région. D’entrée, Serieys refuse « de toucher à ce noyau, à cette entité bien particulière ». L’ex-copilote de Bruno Saby s’ingénie au contraire à la cultiver. « Ces hommes font les résultats de l’écurie. Comme ils ont une bonne qualité de vie puisqu’ils travaillent chez eux, ils sont heureux dans leur vie donc ils travaillent bien, tout simplement. » Non seulement ce lien rural apporte une qualité de vie mais il diminue aussi les coûts lorsque l’écurie veut s’agrandir, monter des projets comme un centre de recherches. Au fin fond de cet Ain recouvert de neige en hiver, le foncier est abordable et permet à l’écurie de s’étendre sans se mettre dans le rouge, de remiser ses véhicules et ses stocks de pièces dans les granges environnantes et de grandir loin des regards mal intentionnés. « Donc, en toute sécurité », souligne Serieys. Sobriquets À l’année, un représentant japonais du conglomérat Mitsubishi, basé à Tokyo, veille sur le bon fonctionnement de cette unité consacrée au rallye raid. Le président Osamu Nakayama, 58 ans et seul Japonais présent à Pont-de-Vaux, fait actuellement l’interface. À l’entrée des bureaux, il possède le sien, sans porte, s’exprime seulement en anglais et déleste Serieys de tonnes de rapports. Dans l’atelier, qui va s’agrandir dans un nouveau hangar flambant neuf à l’entrée de la petite ville, une cinquantaine de personnes s’affairent autour des véhicules. Attaché à ces hommes de l’ombre, le pilote Stéphane Peterhansel les surnomme « les garageots ». Quant à Luc Alphand, il s’avoue « encore incapable de les appeler par leur nom ». « Lucho » connaît seulement une liste de sobriquets comme « Snoopy », « Tige de huit », « Lili », « Toto », « Nounouche » ou encore « la stickeuse », la seule femme de l’atelier. Comme « Pesca » ou « la Truche », 80 % des employés viennent encore de cette région de l’Ain. À 19 ans, Nicolas Gabillet est le petit dernier de la bande. Surnommé « La Truche » parce qu’originaire de La Truchère, un village voisin de 200 âmes, il est le plus jeune de l’atelier, « un poussiéreux » rattaché aux matériaux composites. Son collier, son oreille aux deux piercings et son tatouage géant sous le bleu de travail n’ont pas été un frein à son embauche. Seul son CAP de mécanicien a retenu l’attention, à son plus grand étonnement. « Une fois mon CAP en poche, je ne pensais tellement pas trouver du boulot dans mon coin un peu paumé que je songeais à devenir gendarme », explique-t-il. « Franchement, je ne pensais pas être pris. Et ailleurs, on m’aurait d’abord demandé d’enlever mes piercings ! Là, rien. Démarrer mon métier par le haut niveau, c’est inespéré et vraiment cool pour un jeune comme moi », dit celui qui rêve d’aller découvrir la carrosserie puis, « un jour peut-être », le Dakar.
Au fond de l’Ain, entre champs de poireaux et de maïs, l’écurie japonaise Mitsubishi cultive dans la plus grande discrétion son goût pour la victoire en rallye raid.
Avant le départ du Dakar, tracé en Argentine et au Chili du 3 au 18 janvier 2009, Dominique Serieys a ouvert à Reuters les portes de son écurie, installée à Pont-de-Vaux, une petite ville de 3 000 habitants à 20...