Cyclisme Les sportifs français pas convaincus par Armstrong

Les sportifs français se disent sceptiques, voire « dégoûtés » par le retour de Lance Armstrong dans le peloton cycliste professionnel en 2009. L’Américain a annoncé en septembre qu’il allait relancer sa carrière, à laquelle il avait mis fin en 2005. Il a notamment exprimé l’intention de participer au Tour de France, dont il détient le record de victoires avec sept succès consécutifs de 1999 à 2005. À l’image de nombreux sportifs récemment rassemblés à Courchevel pour la 11e édition de la Semaine olympique, réunissant les médaillés de la saison, Tony Estanguet s’interroge sur les raisons de ce retour. « Il me rend sceptique, il ne m’emballe franchement pas. D’ailleurs, il relève même plutôt d’un retour en arrière pour le sport en général et le cyclisme en particulier », dit le double champion olympique de canoë. Vice-champion olympique en cross-country en 2008, le vététiste Jean-Christophe Péraud exprime l’opinion la plus répandue lors de la Semaine olympique : « À mon grand désespoir, j’y crois à cent pour cent ou à sang pour sang, comme vous voulez ! Franchement, je suis dégoûté. » La plupart des sportifs français interrogés par Reuters soupçonnent Lance Armstrong de dopage durant ses victoires dans le Tour. Le journal L’Équipe a rapporté en 2005, juste après le dernier succès de l’Américain, que des traces d’EPO avaient été retrouvées dans ses échantillons prélevés sur le Tour 1999 à l’occasion d’analyses ultérieures à l’épreuve. « Pas un exemple » Lance Armstrong a démenti tout dopage et n’a jamais été contrôlé positif. Il a refusé cet automne de procéder à une nouvelle analyse des échantillons mentionnés par L’Équipe. L’Américain présente son retour à la compétition comme un moyen de promotion de sa fondation de lutte contre le cancer. Antoine Deneriaz, champion olympique de descente en 2006, ne voit dans ce retour « absolument aucun intérêt ». « Et quelque part, je ne le comprends pas », ajoute-t-il. « C’est dommage, limite écœurant. » Vice-champion olympique au sabre en 2008, Nicolas Lopez semble aussi choqué par le retour de l’Américain. « Pour moi, ce n’est pas un champion, absolument pas un exemple », assène le Tarbais. Ce retour n’inspire pas non plus le barreur Nicolas Charbonnier : « Certes, il n’a jamais été contrôlé officiellement positif. Mais son parcours soulève des interrogations. Son retour en soulève donc aussi. » Médaillés olympiques de bronze en 2008, les rameurs Julien Bahain et Cédric Berrest sont très remontés contre ce « sportif refusant une seconde analyse de ses contrôles ». « S’il veut vraiment rester dans la légende, il ferait mieux de ne pas en sortir », commente Bahain. Double champion d’Europe de triathlon, Frédéric Belaubre est le seul à prendre sa défense, du bout des lèvres. « Sa présence a toujours donné de la valeur au Tour de France. Il était quand même un athlète hors normes. Malgré les polémiques, il a fait rêver beaucoup de gens. D’un autre côté, son absence avait enfin ouvert la porte au suspense », dit-il. Les médecins d’équipes s’inquiètent du départ du médecin superviseur Plusieurs médecins d’équipes s’inquiètent du départ en cours du médecin chargé par l’Union cycliste internationale (UCI) du suivi longitudinal des équipes de deuxième division (Continental Pro). « Ce poste risque de disparaître », alertent les médecins de ces équipes ProTour (1re division) en soulignant le danger d’un contrôle moins strict pour les formations Continental Pro qui participent pourtant aux courses de l’élite. L’année passée, l’une de ces équipes (CSF) s’est retrouvée en première ligne pour plusieurs contrôles antidopage positifs. L’un de ses coureurs, le grimpeur italien Emanuele Sella, s’était montré irrésistible dans les grands cols du Giro en gagnant trois étapes et le maillot de meilleur grimpeur avant d’être convaincu de dopage à l’EPO Cera. Le suivi longitudinal des équipes Continental Pro est actuellement supervisé par le Dr Zotter.