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Actualités - OPINION

Le phénomène Aoun vu par un citoyen non partisan

Voilà qui, d’emblée, annonce la couleur !… J’imagine déjà les lecteurs se préparer, les uns à applaudir, les autres à dénigrer, avant même de lire ce qui suit. En réalité, c’est à cette dernière catégorie de Libanais que j’aimerais m’adresser afin que je puisse, au nom de tant d’autres Libanais non affiliés à un parti politique tout en revendiquant, à plein, leur sens civique – et ils sont nombreux, contrairement à ce que le général et ses partisans peuvent penser – essayer de comprendre ce que cette personne, honnie par les uns et adulée par les autres, l’intérêt qu’elle peut représenter pour les Libanais en général, et les chrétiens en particulier. Je ne me lancerai pas dans des récits dithyrambiques passionnés ni dans des attaques au vitriol, mais je me contenterai uniquement de citer brièvement et objectivement les griefs très sérieux qui motivent parfaitement le net recul de popularité d’un personnage autrefois qualifié de « phénomène » du fait qu’il avait réussi à rassembler autour de lui une bonne partie de la population chrétienne du pays. Ces griefs, les voici : – Prôner la laïcité, d’une part, et se proclamer le porte-étendard des chrétiens, celui qui veut leur restituer leurs droits « usurpés par les sunnites ». – Vouloir imposer, par la force des armes (« guerre d’élimination »), la primauté de l’État et de son armée nationale en combattant férocement pour désarmer toutes les milices, puis ultérieurement attaquer, dans ses discours, les armes du Hezbollah et finir, subitement, des années plus tard, par défendre lui-même la nécessité et la pérennité de ces dernières, faisant fi du danger qu’elles représentent pour la notion même d’État de droit et pour la mission exclusive qui est censée être celle de l’armée libanaise. – Persister dans cette ligne et même aller plus loin en proposant une « stratégie de défense » cauchemardesque, essentiellement basée sur une vision martiale et spartiate de la société libanaise dont les citoyens devraient s’armer encore plus, au lieu de chercher à désarmer toute la population au profit de la seule armée libanaise. – Combattre et en vouloir à mort la Syrie, qui l’avait brutalement délogé du palais de Baabda, en faisant voter la « Syria Accountability Act » puis, de retour de son exil doré, prendre inopportunément sa défense en essayant de lui refaire une virginité auprès des Libanais et des chrétiens en particulier, avec – cerise sur le gâteau – une visite cordiale pour renouer les relations et « purifier les âmes ». – Se poser en principal chef des chrétiens et le plus « représentatif » en se targuant de monopoliser à lui seul 70 % de cette population alors qu’une grande majorité de celle-ci n’accepte plus d’avoir pour modèle un personnage instable quant à ses orientations politiques, et peu fiable sur le plan de l’édification d’un État démocratique. – Discréditer totalement et même rejeter la possibilité d’émergence d’un groupement politique caractérisé par une neutralité centriste et qui pourrait jouer le rôle de zone tampon entre deux courants si excessivement antagonistes. – Enfin, faire montre d’une telle haine envers ses adversaires politiques, d’une telle rancune, d’un tel mépris pour tous ceux qui ne partagent pas son avis – et ils sont nombreux – et en contaminer ses fans, de telle manière que tout le climat politique (et social) s’en trouve infesté et que les joutes verbales non seulement ne sont pas d’un niveau respectable mais restent au ras des pâquerettes, pour ne pas dire en dessous de la ceinture. Cela n’est qu’un résumé simplifié des raisons pour lesquelles un citoyen patriote, affilié ou pas au courant du 14 Mars et doté d’un minimum d’intelligence ou de bon sens, ne peut en aucune façon admettre qu’un personnage dont la myopie politique pourrait mener au bord du gouffre un pays et une population entière, puisse bénéficier de son appui ou même de sa sympathie car cela serait un déni de ses propres convictions et un prélude à une sorte de suicide collectif, avec la garantie d’un avenir bien loin d’être enchanteur. André HADDAD P.S. : L’une des dernières « sorties » du général : les quatre généraux sont des enfants de chœur injustement incriminés dans le meurtre de Hariri et qu’il faudrait donc les libérer illico !...
Voilà qui, d’emblée, annonce la couleur !… J’imagine déjà les lecteurs se préparer, les uns à applaudir, les autres à dénigrer, avant même de lire ce qui suit.
En réalité, c’est à cette dernière catégorie de Libanais que j’aimerais m’adresser afin que je puisse, au nom de tant d’autres Libanais non affiliés à un parti politique tout en revendiquant, à...