Lettre ouverte aux théologiens chrétiens

Je me demande si parfois l’hésitation, le recul, en un mot le péché par omission, ne sont pas le fruit de la pensée. La démarche du « Bon Samaritain » aurait-elle pu avoir lieu s’il avait pensé un seul instant ? Son cœur a parlé. Et il a agi dans le concert. Et puis, que chacun de nous revienne à son expérience personnelle. Que de beaux actes spontanés sont bloqués rien qu’en pensant avant d’agir. C’est pour cela qu’on dit : « Se jeter à l’eau ». Ce n’est pas une condamnation sans appel de toute pensée avant l’acteur. Mais souvent, le Malin s’insinue à travers elle pour bloquer au acte positif quel qu’il soit. Hésitation mortelle. Or, le mouvement œcuménique, depuis qu’il a commencé depuis belle lurette, s’est laissé faire par elle. Il a oublié que la cassure ne s’est faite que par elle. On a dit aussi qu’elle était politique. C’est vrai. Mais son châssis était théologique. À rechercher la vérité pendant des siècles, on l’a laissé s’échapper. Décortiquer les mots, nuancer, couper les cheveux en quatre. Discussions stériles. Nous étions tous hors de la vérité parce que nous étions hors de l’amour. N’oublions pas toutes les guerres qui en ont découlé. Et si on faisait le processus contraire ? Il faut oser, oser. Déclarons dès maintenant l’unité de toutes les Églises, l’unité dans l’amour réciproque. Ce sera un choc pour tout le monde. Un choc salutaire en tout cas. Le proverbe arabe ne dit-il pas que tout mouvement est bénédiction ? Certainement que le Seigneur, en nous voyant essayer de forcer le destin, soutiendra et bénira notre initiative et répondra à notre attente. Et la vérité viendra par la suite, à force d’amour, sur la base de deux paroles du Christ : « À ceux qui n’aiment, je me manifesterai » et « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie ». Aimons-nous, unifions-nous. Et la Vérité s’imposera à tous d’elle-même. Et elle nous éblouira. C’est la Voie et la Vie qui nous mèneront à la Vérité. Il y aura certainement des problèmes organisationnels, administratifs, des perturbations, puisqu’il s’agit de bouleverser tout un état de fait. Chaque fois qu’on sort des sentiers battus, ou risque de se laisser prendre les pieds dans les ronces. Mais les pantoufles ne mènent nulle part. L’organisation sera traitée en seconde étape. Le Bon Samaritain a agi d’abord. Il s’est organisé par la suite. Je m’adresse à tous les théologiens. Mais je leur demande pardon parce que j’ai bien peur qu’ils ne massacrent ce que je dis à force de… penser. Peut-être que l’Esprit Saint parle à travers moi. Ne dit-on pas qu’Il parle par la bouche des humbles ? Jetons-nous à l’eau. La tunique du Christ était d’une seule pièce. Il a hâte de la retrouver telle qu’elle était. Antoine AZAR