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Actualités - CHRONOLOGIE

L’école semi-gratuite Saint-Vincent-de-Paul de Bourj Hammoud menacée de fermeture Anne-Marie EL-HAGE

L’augmentation des salaires des enseignants, le retard accumulé par l’État dans le paiement des subventions et les scolarités impayées ont grevé le budget de l’école semi-gratuite Saint-Vincent-de-Paul qui accueille 589 élèves du primaire. Les donateurs sont appelés à contribution pour sauver l’école. Depuis plus de 100 ans, l’école primaire semi-gratuite Saint-Vincent-de-Paul, fondée par la société du même nom, scolarise des enfants issus de milieux défavorisés. Initialement installée au centre ville de Beyrouth, elle a transféré ses locaux à Bourj Hammoud depuis une vingtaine d’années où elle accueille 589 enfants de la maternelle à la classe de sixième. Gérée par les frères des écoles chrétiennes du Sacré-Cœur, l’école est une référence dans le quartier car elle assure un enseignement francophone de qualité. Mais ces enfants risquent d’être déscolarisés à la fin du mois de février car l’école Saint-Vincent-de-Paul, accusant un important déficit budgétaire, pourrait fermer ses portes après le mois de février 2009, faute de fonds. Et ce à cause du retard accumulé par l’État dans le paiement des subventions à l’établissement. « Le gouvernement nous doit 700 millions de livres libanaises à raison de 180 millions de livres par an », indique le président du conseil national de la Société Saint-Vincent-de-Paul au Liban, Albert Zoghbi. « L’État nous a payé juste une partie de la subvention pour l’année scolaire 2004-2005 », ajoute-t-il. Le directeur de l’école, Henri Hermès, nommé par les frères du Sacré-Cœur, explique à ce propos que pour l’année scolaire 2004-2005, le gouvernement n’a payé à l’établissement que 136 millions de livres libanaises, alors qu’il lui doit 180 millions. « Le problème, observe-t-il, est que l’État cherche le moindre prétexte pour retenir une partie de la subvention. Il s’appuie sur une loi injuste pour sanctionner les écoles privées semi-gratuites et les pénalise lorsque certains éléments du corps enseignant ne sont pas détenteurs d’une licence ». Scolarités impayées et hausse de salaires En effet, cette loi, qui s’applique uniquement aux écoles privées subventionnées par le gouvernement, indique que pour que l’État verse les subventions complètes à un établissement semi-gratuit, tous les enseignants de cet établissement doivent être détenteurs d’au moins une licence. « Nous avons remercié les enseignants non licenciés, mais nous subissons toujours une pénalité de 25 % par année pour trois ans », déplore M. Hermès. Quant aux subventions pour les années suivantes, l’État ne les a toujours pas payées. « L’établissement doit également faire face à d’autres problèmes de taille, explique M. Zoghbi, dont celui du non-paiement par de nombreux parents des frais de scolarité. Frais qui s’élèvent à 450 000 LL par enfant par année ». Le président du conseil national de la Société Saint-Vincent-de-Paul indique que pour l’année 2007-2008, les scolarités impayées concernant les élèves qui ont quitté l’établissement pour rejoindre le secteur public atteignent 17,5 millions de livres libanaises. Il précise, d’autre part, que les élèves scolarisés dans l’établissement ont accumulé des impayés de 77 millions de livres libanaises, expliquant à ce propos que certains parents, appartenant à la classe la plus démunie, règlent la scolarité de leurs enfants par versements de 10 000 LL. Et Albert Zoghbi d’ajouter que les augmentations des salaires des enseignants votées par le gouvernement ne font qu’aggraver le déficit de l’établissement. « Avec l’effet rétroactif, la hausse des salaires devrait nous coûter 120 millions de livres libanaises », affirme-t-il, précisant que l’État n’autorise pas l’association à hausser les scolarités, alors qu’elle a 32 employés à payer. Par ailleurs, la scolarité de certains élèves, vivant de véritables drames familiaux, est entièrement prise en charge par l’association, qui doit également financer les travaux de maintenance du bâtiment, ainsi que le matériel pédagogique. L’école Saint-Vincent-de-Paul traverse actuellement une des crises les plus graves de son histoire. « Nous pouvons tenir jusqu’en février 2009, mais après cette date, nous n’avons pas de quoi payer les enseignants, déplore M. Zoghbi. Nous refusons pourtant totalement l’idée de fermer nos portes et de mettre à la rue les 589 élèves. » Il tient à préciser que la direction des frères des écoles chrétiennes a toujours été solidaire de la société Saint-Vincent-de-Paul. « Ils nous ont remis, une fois, dans l’urgence, la somme de 44 millions de livres », dit-il. Mais cette année, la communauté des frères du Sacré-Cœur n’aura pas la possibilité de renflouer la société qui lance un SOS aux donateurs, à la veille des fêtes de Noël. « Pour pouvoir poursuivre notre mission de scolariser les enfants de Bourj Hammoud, nous avons besoin de 175 millions de LL, soit 120 000 dollars, jusqu’en septembre 2009 », observe Albert Zoghbi, regrettant le recul drastique des donations, causé par la grave crise économique.
L’augmentation des salaires des enseignants, le retard accumulé par l’État dans le paiement des subventions et les scolarités impayées ont grevé le budget de l’école semi-gratuite Saint-Vincent-de-Paul qui accueille 589 élèves du primaire. Les donateurs sont appelés à contribution pour sauver l’école.
Depuis plus de 100 ans, l’école primaire semi-gratuite...