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Actualités - CHRONOLOGIE

Crise financière Baisse historique du taux principal de la Fed à 0,25 %

La Réserve fédérale des États-Unis a annoncé hier avoir abaissé son taux directeur à un niveau jamais vu et a indiqué qu’elle allait intervenir massivement pour acheter des titres sur les marchés, tandis que de mauvaises nouvelles arrivaient de part et d’autre de l’Atlantique. La Banque centrale américaine va au-delà de ce que prévoyaient les économistes qui tablaient dans leur majorité sur un baisse de 0,50 point du taux directeur, qui était fixé à 1,0 % depuis le mois d’octobre. « La Réserve fédérale va employer tous les moyens à sa disposition pour promouvoir le retour d’une croissance économique durable et pour maintenir la stabilité des prix », écrit le comité de politique monétaire de la Banque centrale dans le communiqué final de sa réunion de deux jours. La Fed n’avait jamais abaissé son taux directeur à un tel niveau : le taux de 1 %, appliqué depuis octobre, ainsi que de juin 2003 à juin 2004, était déjà le plus bas jamais appliqué par la Banque centrale américaine. À côté de sa politique de taux classique, la Fed indique qu’elle compte « stimuler l’économie par des opérations de marché ouvert et d’autres mesures qui maintiennent son total de bilan à un niveau élevé ». Elle compte ainsi « acheter en grande quantité des titres de dette (fédérale américaine) et des titres adossés à des crédits immobiliers, et soutenir le marché du crédit hypothécaire et de l’immobilier », ajoute le communiqué. La Fed dit évaluer également la possibilité d’acheter des bons du Trésor à long terme. La baisse de taux de la Fed est la dixième décidée par le comité de politique monétaire (FOMC) de la Banque centrale américaine depuis l’éclatement de la crise des crédits immobiliers à risque à l’été 2007. La Fed a également décidé d’abaisser son taux d’escompte de 0,75 point, à 0,25 %, et prévient que le maintien de son taux directeur à un niveau « exceptionnellement bas » pourrait durer « un certain temps ». Le dollar déjà affecté par la chute des prix à la consommation aux États-Unis en novembre a brusquement décroché hier après l’annonce de la Banque centrale américaine. Les prix à la consommation aux États-Unis ont enregistré en novembre, pour le deuxième mois d’affilée, une baisse record, renforçant les craintes de l’arrivée d’une déflation à l’impact dévastateur pour la première économie mondiale. L’indice des prix à la consommation a baissé de 1,7 % le mois dernier par rapport à son niveau d’octobre en données corrigées des variations saisonnières, enregistrant son plus fort recul depuis sa première publication en 1947, selon les chiffres publiés hier par le département du Travail. Cette chute est bien plus forte qu’attendu. Les analystes tablaient sur un recul de 1,3 %. La baisse de l’indice s’explique par la chute des prix de l’énergie, conséquence directe de la chute des cours du pétrole sur le marché mondial. Les prix des produits énergétiques ont ainsi plongé de 17,0 % en novembre par rapport à octobre, soit leur plus forte baisse depuis que cette statistique est établie (1957). Les prix de l’essence ont connu leur plus forte diminution jamais enregistrée, en chutant de 29,5 %. Plus tôt et dans l’attente de la décision de la Fed, les Bourses européennes ont terminé en hausse, digérant visiblement l’annonce des répercussions sur les banques de la gigantesque fraude du financier new-yorkais Bernard Madoff. De son côté, le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a suggéré que l’institution allait marquer une pause monétaire en janvier, en souhaitant que les dernières baisses de taux agissent sur l’économie maintenant. Les grandes banques internationales, en Asie comme en Europe, ont comptabilisé lundi en centaines de millions les pertes potentielles liées à la fraude Madoff, évaluée au total à 50 milliards de dollars. Parmi les dernières victimes en date, la néerlandaise Fortis pourrait perdre jusqu’à un milliard d’euros et la japonaise Aozora Bank jusqu’à 101 millions d’euros. La palme revient pour l’heure à l’espagnole Santander, deuxième capitalisation bancaire européenne, exposée à hauteur de 2,33 milliards d’euros, suivie par la britannique HSBC avec un montant de un milliard de dollars. Les autorités américaines, qui ont annoncé la mise en liquidation de la société de Bernard Madoff, ont averti les investisseurs de ne pas se faire d’illusions sur le niveau des sommes pouvant être recouvrées. Du côté des résultats, la banque d’affaires américaine Goldman Sachs a annoncé hier avoir enregistré des pertes nettes de 2,12 milliards de dollars au quatrième trimestre de son exercice 2008, les premières depuis son entrée en Bourse en 1999. « Nos résultats du quatrième trimestre reflètent les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles nous avons dû opérer, y compris un fort déclin de la valeur de pratiquement tous les types d’actifs », a souligné le PDG Lloyd Blankfein. En parallèle à cette nouvelle tempête financière, des indicateurs publiés hier de part et d’autre de l’Atlantique ont à nouveau illustré le piètre état de l’économie mondiale. Dans la zone euro, l’activité dans les secteurs manufacturiers et les services a atteint un plancher historique, selon les indices des directeurs d’achat (PMI) qui ont touché en décembre leur plus bas niveau en dix ans d’enquête. Toujours en Europe, les ventes de voitures se sont effondrées en novembre, fournissant un nouvel argument aux partisans d’un plan d’aide coordonné à un secteur qui est l’un des premiers employeurs du continent, à l’image de celui toujours en négociation aux États-Unis. Seulement 932 537 voitures neuves ont été immatriculées en novembre en Europe, soit un plongeon de 25,8 % sur un an, a annoncé hier l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA). L’ACEA invoque la crise économique et financière, et souligne qu’il faut remonter à 1999 et 1993 pour trouver une baisse aussi significative. Face à cette crise, « on ne peut pas être le seul continent au monde qui n’aide pas nos constructeurs à s’adapter », a dit le président français Nicolas Sarkozy, dont le pays assure la présidence de l’UE, lors d’une conférence de presse au Parlement européen à Strasbourg. « Nous devons garder une stratégie industrielle en Europe. » Si la situation en Europe n’est pas aussi critique qu’aux États-Unis, le recul des ventes s’aggrave : d’une chute de 7 % en mai, juin et juillet, il est passé à 15,7 % en août et 14,5 % en octobre, pour atteindre désormais presque 26 %. « Les destructions d’emplois seront massives dans les pays qui n’aideront pas rapidement le secteur automobile à se financer », vient d’avertir Carlos Ghosn, le patron de Renault. L’Europe répond jusqu’ici en ordre dispersé aux appels à l’aide des constructeurs. En France, Nicolas Sarkozy a réuni lundi les patrons du secteur pour examiner des mesures additionnelles aux 1,5 milliard d’euros de primes à la casse, aides au financement ou à la restructuration annoncées au début du mois. Le gouvernement présentera ses conclusions fin janvier, mais Paris évoque déjà de possibles prêts ou garanties, en contrepartie d’un « engagement fort » à ne pas délocaliser. Le gouvernement allemand s’est dit vendredi en mesure de réagir « très vite » pour aider Opel qui, suite aux difficultés de sa maison mère General Motors, lui demande des garanties pouvant dépasser le milliard d’euros. Mais Berlin avertit aussi que l’argent public devra rester en Allemagne.
La Réserve fédérale des États-Unis a annoncé hier avoir abaissé son taux directeur à un niveau jamais vu et a indiqué qu’elle allait intervenir massivement pour acheter des titres sur les marchés, tandis que de mauvaises nouvelles arrivaient de part et d’autre de l’Atlantique.
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