Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Concert « Bonga l’Africain » fait chalouper le Music-Hall Zéna ZALZAL

Même sa mélancolie est ensoleillée ! Bonga, voix puissante de l’Angola, barde contemporain de l’africanité, célèbre son hymne à l’Afrique sur un registre dansant. Il paraît que c’est un « poids lourd » de la World Music, même s’il n’a pas la célébrité ravageuse d’un Youssou’ N Dour ou d’une Cesaria Evora qui, dit-on, avait repris le fameux Saudade deux décennies après qu’il l’eut chanté, au tout début des années soixante-dix. Il paraît aussi qu’il est la voix de l’Angola, que sa musique parle énormément d’histoire, d’esclavage, de déracinement, de domination par l’ex-colonisateur portugais, dont il utilise néanmoins la langue dans ses chansons ! C’est donc plus à un chant tribal, un long cri des entrailles, une complainte de la terre que s’attendaient ceux, nombreux, qui étaient venus au Music-Hall découvrir Bonga, invité par Libanworld à se produire en concert, l’espace d’une unique soirée. Sauf que dès les premières minutes, Bonga a balayé ces idées préconçues et communiqué au public – parmi lequel s’était glissée discrètement l’ambassadrice de Grande-Bretagne – son énergie sereine, positive et festive. Son éternelle dikanzas à la main, sorte de tuyau en bambou strié qu’il gratte à l’aide d’une petite baguette – « un instrument traditionnel, vieux de 200 ans », indiquera-t-il fièrement un peu plus tard au cours du concert –, il apparaît sur scène entouré de ses quatre musiciens qui l’accompagnent à la guitare, la basse, la batterie et l’accordéon, tandis que lui-même se réserve aussi les congas (double tambour africain). À « 66 ans », cet ancien champion d’athlétisme affiche une forme… d’athlète. En toute sobriété. Ni sauts bondissants ni hurlements tonitruants. Mais plutôt des allers-retours, au gré de sa puissante voix éraillée, entre ballades nostalgiques et rythmes plus enlevés. Bonga, l’exilé. Bonga, l’Africain. L’un des leaders, dans les années soixante-dix, du mouvement de libération de l’Angola, l’un des chantres de l’africanité qui porte avec fierté, à travers le monde, le rythme semba originaire de sa terre natale (qui inspira la samba brésilienne), a privilégié, dans son concert beyrouthin, le registre dansant. Au grand bonheur des Libanais, prompts à faire la fête et qui ne se sont pas longtemps fait prier pour marquer la mesure en battant des mains, en reprenant à sa suite de sympathiques onomatopées comme ayéyé, ayéyé… ou brrrrrr… lancées à pleins poumons avec, à l’appui, un grand mouvement des poings vers l’avant. Et surtout qui n’ont pas tardé à se lever pour chalouper, onduler sur les rythmes suaves et lascifs de sa musique. Une semba angolaise, aux percussions douces, matinée des dynamiques textures rythmiques de la rumba congolaise, du soukouss zaïrois mais aussi du folâtre zouk et, bien sûr, de la samba brésilienne. Une heure trente de fiesta simple, d’allégresse et de bonne humeur partagées des deux côtés de la scène. Un artiste ravi de l’enthousiasme qu’il a provoqué chez ses nouveaux «enfants » (c’est ainsi qu’il appelle son public) et qui a demandé à plus d’une reprise si « vous êtes tous les jours comme ça les Libanais ?», promettant de revenir le plus tôt. Et un public enchanté, envoûté et qui s’est laissé aller, tous âges confondus, à exprimer spontanément son bonheur de vivre. Si souvent, dans ce pays, refreiné !
Même sa mélancolie est ensoleillée ! Bonga, voix puissante de l’Angola, barde contemporain de l’africanité, célèbre son hymne à l’Afrique sur un registre dansant.
Il paraît que c’est un « poids lourd » de la World Music, même s’il n’a pas la célébrité ravageuse d’un Youssou’ N Dour ou d’une Cesaria Evora qui, dit-on, avait repris le fameux Saudade deux...