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Actualités - CHRONOLOGIE

Exécutif Les calculs politiciens et régionaux minent la Haute Autorité électorale

Mahmoud HARB La nomination des membres de l’instance chargée de superviser l’aspect financier et médiatique des élections a suscité une vive polémique entre les ministres du 14 et ceux du 8 Mars, et même dans les rangs de la majorité. Ziyad Baroud a commenté ce dossier dans un entretien avec « L’Orient-Le Jour ». Un pas en avant, deux en arrière… La chorégraphie de la salsa politique libanaise demeure bien rudimentaire. À la veille du carnaval des législatives, les Libanais – ou du moins les plus optimistes d’entre – eux ont peut-être pu déceler en la création de la Haute Autorité électorale (HAE) un espoir de garantir un minimum de transparence financière et d’équité médiatique dans le déroulement du scrutin. C’était toutefois compter sans les calculs partisans, régionaux et confessionnels qui ont miné la toute nouvelle instance chargée de superviser les élections dès avant sa création. Tel est le constat qui ressort de la dernière séance du Conseil des ministres tenue à Baabda, samedi, sous la présidence du chef de l’État, Michel Sleiman. Au cours de cette réunion, le gouvernement s’est notamment penché sur la nomination des dix membres de la HAE. Il convient de rappeler que cette instance compte 7 membres censés représenter respectivement le Conseil supérieur de la magistrature, le Conseil d’État, la Cour des comptes, le Conseil national de l’audiovisuel, et les barreaux de Beyrouth et de Tripoli. Trois experts impartiaux, sélectionnés par le ministre de l’Intérieur, y siègent également. C’est la nomination de l’un de ces experts qui a fait l’objet d’une vive polémique entre les ministres du 14 Mars, et ceux du CPL et du 8 Mars, ces derniers ayant même menacé, par la voix d’Alain Tabourian, de se retirer de la séance si leurs exigences en la matière n’étaient pas satisfaites. Dans les faits, le ministre de l’Intérieur, Ziyad Baroud, a proposé au Conseil la nomination de 3 experts, dont Oussama Safa qui est de confession chiite et qui occupe le poste de directeur général du Lebanese Center for Political Studies, a indiqué à L’Orient-Le Jour une source ministérielle du 14 Mars. Selon elle, les ministres Mohammad Fneich, Ghazi Zeaïter et Alain Tabourian ont alors demandé que le siège de Mohammad Safa soit plutôt attribué à Atallah Ghacham, ancien directeur général du ministère de l’Intérieur, de confession chiite et (très) proche du président de la Chambre, Nabih Berry. La source ministérielle a en outre rappelé que le Conseil des ministres avait avalisé la liste des candidats à la HAE lors d’une précédente séance. « Le nom de Atallah Ghacham ne figurait pas sur cette liste, ce qui rend la proposition de sa nomination encore plus invraisemblable », a-t-elle précisé. Ziyad Baroud a alors rejeté la proposition des ministres du 8 Mars. Le ministre d’État pour le Développement administratif, Ibrahim Chamseddine, l’a soutenu dans cette position, déplorant le fait que « les calculs politiques pèsent sur la formation d’une instance autonome, portant atteinte à son impartialité», a appris notre correspondante à Baabda, Hoda Chédid. Une vive polémique a éclaté entre les ministres du 14 Mars, d’un côté, et leurs confrères du 8 Mars, d’un autre côté, lorsque ces derniers ont imposé la nomination de Atallah Ghacham comme « condition sine qua non à la nomination des autres membres de l’autorité », a précisé la source ministérielle précitée. « Alain Tabourian a brandi la menace du tiers de blocage pour empêcher le Conseil de voter à la majorité absolue, a-t-elle ajouté. Ils ont également affirmé que la nomination des membres de la Haute Autorité électorale doit se faire à la majorité des deux tiers. Le président de la République, Michel Sleiman, est alors intervenu pour mettre un terme à la polémique et élaboré un compromis qui a permis au 8 Mars d’obtenir la nomination de Atallah Ghacham. » De leur côté, les ministres Mohammad Jawad Khalifé et Mohammad Fneich ont formellement démenti les informations selon lesquelles leur camp aurait « imposé la nomination » de l’ancien directeur général du ministère de l’Intérieur. Baroud Loin de la polémique politicienne, le ministre de l’Intérieur, Ziyad Baroud, a expliqué à L’Orient-Le Jour la teneur du différend autour de la nomination de Atallah Ghacham. « J’ai soumis au Conseil des ministres, sans la moindre modification, les listes de candidatures qui m’ont été communiquées par le Conseil supérieur de la magistrature, le Conseil d’État, la Cour des comptes, le Conseil national de l’audiovisuel, et les barreaux de Beyrouth et de Tripoli, a-t-il ainsi affirmé. Je m’attendais donc à ce que des problèmes surgissent lors de la nomination des 7 membres qui représentent ces instances. Et je ne pensais pas que la nomination des experts que j’ai proposés fasse l’objet d’une polémique. » Ziyad Baroud a précisé avoir proposé les noms d’Oussama Safa, Arda Ekmekji et Khalil Gébara dont « l’expertise est reconnue et ne peut faire l’objet d’aucun doute ». « Les discussions n’étaient pas faciles et l’on tournait en rond lors de la réunion du Conseil, a-t-il en outre souligné. Des apartés ont été tenus en coulisses, et le nom de Atallah Ghacham a soudain surgi lors des apartés. Je tiens à souligner qu’aucun ministre n’a proposé la nomination de M. Ghacham atour de la table, mais son nom est soudain apparu lors de discussions en aparté. » « J’ai émis des réserves à l’égard de cette proposition et je m’y suis même opposé, a ajouté le ministre de l’Intérieur. Le problème ne se situe pas au niveau des personnes. J’entretiens de très bonnes relations avec Atallah Ghacham. Les réserves que j’ai émises à cet égard ne sont aucunement dictées par des considérations personnelles. » « Il reste que les membres de la HAE peuvent accomplir un excellent travail d’autant que cette instance compte de nombreuses compétences, a-t-il poursuivi. Et je suis déterminé à tout faire pour appuyer l’action de la Haute Autorité électorale. » Et Ziyad Baroud, qui devrait se réunir aujourd’hui avec les membres de la HAE, de conclure : « Je souhaite être le dernier ministre de l’Intérieur à organiser les élections. Nous aspirons à la création d’une autorité indépendante qui sera chargée de cette mission. Nombreux sont ceux que l’actuelle loi électorale ne satisfait guère. Le pays pourrait donc être amené à la revisiter au lendemain des prochaines législatives. Cette occasion serait opportune pour réclamer de nouveau la création d’une instance électorale indépendante. Le succès de l’actuelle HAE sera un catalyseur de progrès en la matière. » La polémique Safadi-14 Mars Au-delà de la confrontation entre le 14 et le 8 Mars autour de la nomination de Atallah Ghacham, le dossier de la HAE a suscité un différend entre le ministre Mohammad Safadi et ses confrères de la majorité. De source ministérielle autorisée, on apprend que le compromis autour de la nomination de Atallah Ghacham s’est fait au détriment du candidat du barreau de Tripoli, Khaldoun Najjar. Mohammad Safadi s’est alors retiré de la séance, dénonçant « une atteinte aux droits de Tripoli en matière de représentation », après s’être lancé dans une polémique avec le ministre d’État, Waël Bou Faour. « Le courroux de Mohammad Safadi est dû au fait qu’il n’a pas pu obtenir la nomination de Khaldoun Najjar auquel l’unissent des liens familiaux », a indiqué une source de la majorité à L’Orient-Le Jour. En tout état de cause, le Conseil a fini par nommer à la HAE : Ghassan Abou Alwane (président), Iskandar Fayyad (vice-président), Hanifé Sabra, Sélim Osta, Georges Mourani, Pierre Azar, Imad Bachir, Arda Ekmekji, Khalil Gébara et Atallah Ghacham. Il convient de souligner enfin qu’outre le dossier de l’HAE, le Conseil n’a évoqué que des dossiers mineurs, reportant à une séance prochaine l’examen du bilan du Haut Comité de secours, dossier socio-économique fort politisé dont la discussion s’annonce bruyante.
Mahmoud HARB

La nomination des membres de l’instance chargée de superviser l’aspect financier et médiatique des élections a suscité une vive polémique entre les ministres du 14 et ceux du 8 Mars, et même dans les rangs de la majorité. Ziyad Baroud a commenté ce dossier dans un entretien avec « L’Orient-Le Jour ».

Un pas en avant, deux en arrière…
La chorégraphie de la...