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Actualités - REPORTAGE

L’identité au cœur d’ « Arz Lebnaan » en Polynésie française « Les Amis du Liban » : Tahiti choisit la voie de la réconciliation des contraires

« Coïncidence ou pas, le thème abordé dans ces colonnes est celui de l’identité. Mais, au juste, quelle identité ? Il nous semble que ce mot-concept est si souvent galvaudé, détourné, travesti par l’ignorance quand ce n’est pas par les dégâts radicaux du fanatisme. » C’est en ces termes que Joseph Maroun, président des Amis du Liban – Tahiti, a entamé son éditorial ouvrant le 11e numéro de la revue annuelle Arz Lebnaan (Cèdre du Liban) de cette association fondée il y a 18 ans en Polynésie française. Au moment de la rédaction, le Liban, et plus particulièrement Beyrouth, connaissait un nouvel épisode meurtrier, auquel la communauté internationale a tenu à mettre un terme rapidement, avec l’élection du président Michel Sleimane, fin mai 2008. Le numéro précédent (voir notre édition du 5 mai 2008), traitait de la démocratie, et le prochain ouvrira un pan des « mystères et secrets de beauté des femmes libanaises ». Revenons donc à la question identitaire, qui a fait l’objet d’un grand nombre d’articles dans cette revue exceptionnelle de par sa mission dans une terre lointaine mais ô combien proche de nous, grâce à la diversité de sa population et son usage du français. Notons que, paradoxalement, Tahiti, la plus grande île de Polynésie française, située dans l’hémisphère Sud, est exactement symétrique par rapport au Liban, à 18 000 km et à 20 heures de vol. En revanche, elle est dix fois plus petite en superficie (1 043 km²). Des titres évocateurs Le premier article écrit par Amin Maalouf a pour titre : « Le modèle français est libérateur pour l’individu » (lire par ailleurs). Suivent « Polynésien, ou Ma’ohi ? » de Bruno Saura, « Cohabitation et respect mutuel » de Dominique Morvan, « Insaisissable comme un arc-en-ciel » de Patrick Schlouch, « De l’Identité » de Simone Grand, « Notre identité se conjugue au pluriel » de William Vanizette, « C’est quoi l’identité ? » de Paule Laudon, « L’identité… » d’Ève-Lyne Monnié, « Fabrique de l’Identité » de Pierre Dargelos, « Juste un peu plus d’humanité, si possible… » de Thierry Durigneux et « La capacité de comprendre l’essentiel » de Louis Bresson. Les autres articles se rapportent plus directement au Liban, avec « Les Phéniciens du Pacifique » de Jean-Claude Teriierooiterai, et aussi « Didier : le sourire de l’éternité », « Les remerciements » du père Mansour Labaki, « Enfance, l’espoir de l’humanité », « Eméré – Mika », « La Route d’Élissa : une course, une reine, une légende », « Caramel, un film tout en sucre », « Andrée Chedid : Beyrouth capitale mondiale du livre 2009 », « Beyrouth, carrefour de toutes les identités », « Liban, terre des premiers vignobles », « Balade gourmande au Liban : mezzés, identité et tradition » et « Toute la France au Liban ». « Beyrouth, carrefour de toutes les identités » Christophe Lassagne écrit : « C’est au carrefour des mondes, là où les pierres anciennes ont vu tant de batailles, qu’un homme et un enfant se racontent des histoires. Des histoires familières, des histoires extraordinaires, des histoires d’amour simples comme un jour qui se lève. Ils s’appelaient Jacques, David, Ibrahim, nés par hasard chrétien, juif et musulman. À l’écart du village, le vieux cèdre les avait tendrement abrités sous son ample feuillage. Il se souvient de leurs jeux. Il entend encore le cristal de leurs rires, la magie de leurs mots d’enfants quand ils inventaient un monde à leur mesure. « Il se souvient, les années passant, les avoir cachés du regard des passants lorsqu’en tremblant ils avaient embrassé leurs premiers amours. Il se souvient plus tard encore, quand leurs voix s’étaient faites graves, les avoir entendus parler de la folie des hommes et du monde qui fout le camp. Il les revoit sceller un nouveau pacte d’amitié puis se jurer fidélité. Les flots de larmes et de sang ont depuis tant coulé et pourtant la vie a continué. Tous les trois se sont mariés, chacun de leur côté. Quelquefois ils se parlent, mais ne se voient plus, la guerre les a finalement séparés. L’un est médecin, l’autre militaire, le troisième ne fait rien. Leurs enfants grandissent dans le fracas des bombes. « Quand la souffrance est là, quand la misère est grande, ils leur parlent du grand cèdre du Liban. Celui de leur enfance, du temps de l’insouciance, du temps de l’amitié, du serment prêté. Ils parlent tout bas de tolérance car pour le commun le sujet est obscène. Leur regard devient triste, alors avec beaucoup d’amour et beaucoup de peine, ils posent tendrement la main sur les visages aimés. Hier une bombe a tué. Dans le tumulte et dans l’indifférence, des gens ont crié, d’autres sont tombés. D’un éclair, l’enfance, l’adolescence et l’âge de raison se sont perdus. L’espérance d’un seul coup a disparu. Des vies se sont tues laissant derrières elles une absence de plomb. Pour ceux qui restent, les enfants, les parents, les amis, le jour se confond à la nuit. Ils n’entendent plus le chant du vent, ils n’en discernent que le bruit. « Sur les plages de Tyr, les vagues déferlent pour briser le silence, le Mont-Liban enseveli de brume fait d’improbables rêves. Sur les pentes, de vieux cèdres et d’antiques oliviers se souviennent des fêtes du temps jadis. Le rire frêle de vieilles habillées de noir, de jeunes hommes buvant la vie à pleines coupes, des jeunes filles qui sourient en baissant les yeux. La musique et les chants agitent encore les jeunes branches. Sur le pas d’une porte, sous le regard des pierres anciennes, un petit garçon demande à son grand-père de lui raconter encore et encore l’histoire de son père. » N.F.
« Coïncidence ou pas, le thème abordé dans ces colonnes est celui de l’identité. Mais, au juste, quelle identité ? Il nous semble que ce mot-concept est si souvent galvaudé, détourné, travesti par l’ignorance quand ce n’est pas par les dégâts radicaux du fanatisme. » C’est en ces termes que Joseph Maroun, président des Amis du Liban – Tahiti, a entamé son éditorial...