Proche-Orient Israël menace de frapper Gaza en réponse à la poursuite des tirs de roquettes

Olmert s’élève contre « les pogroms » antipalestiniens de colons à Hébron. Israël a menacé hier de riposter à la poursuite des tirs de roquettes palestiniennes depuis Gaza, à l’approche de la fin formelle d’une trêve des violences avec le Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle ce territoire. L’approche des élections législatives en Israël, le 10 février, a par ailleurs conduit des dirigeants israéliens à durcir le ton, alors que l’opposition de droite, qui a le vent en poupe, leur reproche d’avoir accepté la trêve et de ne pas réagir assez fermement face aux violations. « Ces dernières semaines, nous avons été témoins d’une dégradation de la situation dans le sud du pays, et ces attaques sont le reflet de l’effondrement total de la trêve », a affirmé le Premier ministre de transition Ehud Olmert devant son cabinet, selon un haut responsable. La trêve, conclue le 19 juin par l’intermédiaire de l’Égypte, expire le 19 décembre et sa reconduction a été rendue problématique par un regain de violences depuis plus d’un mois. « J’ai ordonné aux responsables de la sécurité de présenter un train de mesures efficaces et nous allons définir notre attitude cette semaine », a ajouté M. Olmert. Le gouvernement a décidé de construire des abris en 2009 et de compléter ceux existant dans 8 500 maisons situées à moins de cinq kilomètres de la bande de Gaza, et d’allouer près de 250 millions de dollars à cet effet, selon un communiqué officiel. Interrogé par l’AFP à Gaza, le porte-parole du Hamas, Fawzi Bahoum, a de son côté accusé « l’ennemi sioniste de poursuivre son agression contre Gaza en violant systématiquement les clauses de la trêve ». « Il semble difficile de pouvoir la reconduire, et le Hamas est prêt à toutes les éventualités », a-t-il noté. Hier, quatre roquettes et quatre obus de mortier ont été tirés de Gaza sur le sud d’Israël, ne faisant ni blessé ni dégâts, selon une source militaire. La veille, un activiste palestinien avait été grièvement blessé lors d’un raid aérien israélien contre la bande de Gaza, et une vingtaine de roquettes et d’obus de mortier avaient visé Israël. Selon un décompte établi dimanche par l’armée, plus de 220 roquettes et obus de mortier tirés de Gaza ont visé Israël depuis le début des incidents le 4 novembre. En riposte à la multiplication des tirs, le ministre travailliste de la Défense Ehud Barak a ordonné la fermeture de tous les points de passage par où sont acheminés à Gaza nourriture et produits de première nécessité. « L’accord de cessez-le-feu n’est pas respecté par l’autre partie (...). On tire sur nos ressortissants. Ça suffit, Israël doit riposter militairement, économiquement et politiquement », a affirmé la ministre des Affaires étrangères et chef de Kadima, Tzipi Livni, en course pour le poste de Premier ministre. Tout aussi catégorique, le numéro deux du cabinet, Haïm Ramon, également du Kadima, a estimé qu’Israël devait « avoir les mains libres pour agir contre le Hamas et les organisations terroristes ». M. Barak a, lui, souligné dimanche que la décision d’une opération à grande échelle à Gaza devait être « soigneusement pesée » avant d’être ordonnée, demandant aux ministres de ne pas se laisser entraîner dans une surenchère électoraliste. Sur un autre plan, Ehud Olmert s’est vivement élevé hier contre les exactions perpétrées jeudi par des colons juifs contre des Palestiniens à Hébron (Cisjordanie) qu’il a qualifiées de « pogroms ». « En tant que juif, j’ai honte de ces scènes de juifs ouvrant le feu contre des Arabes innocents à Hébron. Il n’y a pas d’autre définition que le terme “pogrom” pour qualifier ce que nous avons vu », a affirmé M. Olmert. Enfin, une commission spéciale du gouvernement israélien a approuvé hier une liste de 230 prisonniers palestiniens qui doivent être libérés à l’occasion de la fête d’al-Adha, a-t-on appris de source officielle. Un communiqué du bureau du Premier ministre a indiqué qu’aucun de 230 prisonniers libérables n’était impliqué dans des attaques meurtrières d’Israéliens et qu’ils seraient relâchés mardi 9 décembre.