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Actualités - CHRONOLOGIE

Couleurs profondément roumaines avec l’OSNL

Edgar DAVIDIAN Placé pour la seconde fois sous la direction d’Adrian Buciu, l’OSNL a fait résonner des partitions de musique classique contemporaine aux couleurs exclusivement roumaines. C’est sous les auspices de l’ambassade de Roumanie au Liban que s’est déroulé le concert du vendredi soir à l’église Saint-Joseph (USJ), avec l’Orchestre symphonique national libanais. Aux commandes de l’archet du violon, la soliste Adriana Winckler, diplômée de l’Académie de Bucarest et lauréate du prix « Tibor Varga » en Suisse. Au menu, éclectique, ne cédant guère à la facilité et aux couleurs profondément roumaines, des pages de Constantinescu, Mihaela Stanculescu-Vosganian, et bien entendu Georges Enesco. Révélation des deux premières partitions et enchantement de retrouver la voix même de la Roumanie avec l’infatigable et génial Enesco, lui le pédagogue hors pair, qui fut le maître de Yehudi Menuhin… Ouverture avec le Concerto pour Orchestre et cordes de P. Constantinescu, compositeur contemporain prolifique (il a touché aussi bien au cinéma qu’à l’opéra en passant par la musique de chambre et les grandes fresques orchestrales) qui eut son heure de gloire dans les années cinquante et dont l’écriture polymorphe le place aujourd’hui comme l’un des meilleurs musiciens roumains. On écoute ici de lui une œuvre d’une facture mélodique intense, d’exécution relativement difficile. Ce concerto en plusieurs mouvements (allegro, intermezzo, andante appassionato, rondo et finale) est une belle alliance des éclats de la musique moderne et de la fluidité des phrases empruntant, avec subtilité, tout au lyrisme d’une rigoureuse prosodie classique. Œuvre habitée par une certaine tension avec des ruptures de tons sans jamais toucher toutefois aux harmonies dissonantes ou aux borborygmes dodécaphoniques. Gravité, mélancolie, nervosité à fleur de peau, lamento des cordes, une stridence maîtrisée, voilà les atouts majeurs d’une inspiration rebelle aux classifications faciles. Pour rester dans ce même ton d’audace et d’innovation, place à cette Chaconne pour orchestre et violon, avec la soliste Adriana Winckler, de Mihaela Stanculescu-Vosganian présente en salle et chaleureusement acclamée par l’auditoire à la fin du morceau interprété. Résolument moderne et puisant dans les richesses sonores du patrimoine arménien, cette chaconne est à la fois cri et murmure, bruitage et bruissement, souffle du vent et confidences humaines… Disséminées, éparpillées, triturées, syncopées, les sonorités finissent par se regrouper en un dialogue sourd et mat où sons électroniques sur CD et archet du violon fusionnent entre colère et une certaine tendresse… Pour conclure, quoi de plus gai, vivant, frais, nostalgique et spontané que cette célèbre Rhapsodie roumaine n’1 d’Enesco. Monde sonore chatoyant faisant valser des milliers d’images de la Roumanie profonde… Villages sur douces pentes verdoyantes, appel des pipeaux en haut pâturage, danses paysannes dans des costumes colorés, c’est tout cela l’enivrante et tonique musique d’Enesco. Une musique jaillie du cœur d’un folklore touché aussi par la grâce et la vivacité tziganes… Mélodies sinueuses, alertes, ondoyantes, tourbillonnantes pour des rythmes prestement enlevés et parfois qui se volatilisent sous l’impulsion d’une mélopée échappée de nulle part… Motif enveloppé d’une imperceptible tristesse vite chassée comme un nuage par le vent… Un baume sur le cœur et une bouffée d’air frais que cette sémillante Rhapsodie roumaine tout en volutes surprenantes. Le public est conquis et applaudit à tout rompre maestro et orchestre. Retour du maestro Adrian Buciu devant l’autel et l’orchestre entame à nouveau un petit extrait de cette vertigineuse rhapsodie dont la magie est persistante comme une essence aux senteurs tenaces…
Edgar DAVIDIAN


Placé pour la seconde fois sous la direction d’Adrian Buciu, l’OSNL a fait résonner des partitions de musique classique contemporaine aux couleurs exclusivement roumaines.

C’est sous les auspices de l’ambassade de Roumanie au Liban que s’est déroulé le concert du vendredi soir à l’église Saint-Joseph (USJ), avec l’Orchestre symphonique...