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Actualités - OPINION

Citoyen grognon Conduire à 15 ans sans être inquiété d’Anne-Marie el-Hage

Avez-vous déjà été embouti par un jeunot d’une quinzaine d’années maximum dont la tête émerge à peine du volant de la voiture de papa, au moment où vous rentrez calmement de votre travail ? Mis à part la frayeur que vous ressentez, alors que la voiture conduite par le chauffard en herbe s’acharne contre la vôtre et menace votre vie, le spectacle est fou, ahurissant et tout simplement révoltant. Vous conduisez tranquillement en ville, à droite, à une allure modérée. Vous avez bien pris soin de boucler votre ceinture de sécurité. Vous avez surtout activé votre « bluetooth » ou mis vos écouteurs, pour le cas où vos enfants vous appellent. Il n’y a pas à dire, vous êtes en règle sur tous les points... Quand un bolide jaillit en face de vous, roulant à contresens sur une large artère à sens unique et vous fonce droit dessus, après avoir tournoyé plusieurs fois sur lui-même. Avant d’avoir pu vous en rendre compte, avant d’avoir réussi à esquisser le moindre geste pour l’éviter, il réduit tout un flanc de votre auto en bouillie. Vous êtes sonné ! Le choc est trop fort. Immobilisé, comme l’est d’ailleurs la voiture folle, vous sortez lentement de votre véhicule et vous dirigez vers l’autre conducteur pour vous assurer qu’il n’a pas été trop secoué par le choc. À votre grande surprise, c’est un gamin haut comme trois pommes que vous avez en face de vous. Il est sain et sauf. Vous soufflez. Mais vous n’avez pas le temps de placer deux mots que le voilà debout sur ses deux jambes. Avant même de vous laisser le plaisir de le sermonner, il prend la poudre d’escampette, vous plaquant là, au beau milieu de la chaussée, vous et votre voiture, et la sienne évidemment. Est-il nécessaire de dire qu’un bon moment plus tard, le père de cet enfant, jailli de nulle part, viendra vous supplier de ne rien en dire à la police ? Car, bien entendu, l’enfant est mineur et la voiture n’est pas assurée. Est-il nécessaire de dire que la police ne se souciera même pas de votre frayeur ou de retrouver le jeune fuyard, et qu’elle ne prendra même pas la peine d’écouter les nombreux témoins aussi ahuris que vous ? Cette histoire s’est déroulée il y a une petite semaine. Le jeune chauffard et son père sont toujours en liberté, vous l’avez deviné. Entre-temps, les Forces de sécurité intérieure s’acharnent sur les proies faciles, voire les femmes qui roulent dans la capitale à 55 km/heure (la vitesse limite est de 50 km/h), ou les pères de famille qui, bien que conduisant avec beaucoup de précaution, ont omis de boucler leur ceinture de sécurité. Soit. Mais les agents de police n’ont toujours aucun regard pour les motards qui continuent d’enfreindre ouvertement le code de la route, et de trente-six mille manières. Ils n’ont pas non plus la moindre attention pour les dangers publics qui risquent leur vie et celle des autres sur les routes du pays. Bien évidemment, ils continuent de fermer les yeux sur les innombrables automobilistes qui n’ont même pas de permis de conduire ou qui ont carrément acheté leur permis. Quant à ceux qui ont équipé leurs voitures de vitres teintées, ils sont tout simplement intouchables. Mais quand donc les citoyens seront-ils tous traités sur un même pied d’égalité ?
Avez-vous déjà été embouti par un jeunot d’une quinzaine d’années maximum dont la tête émerge à peine du volant de la voiture de papa, au moment où vous rentrez calmement de votre travail ?
Mis à part la frayeur que vous ressentez, alors que la voiture conduite par le chauffard en herbe s’acharne contre la vôtre et menace votre vie, le spectacle est fou, ahurissant et tout...