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Actualités - CHRONOLOGIE

Théâtre Drôles de maux ! Colette KHALAF

Vingt ans après la première représentation de « Mémoires d’un dinosaure », Taoufik Jebali a présenté au Monnot sa création artistique qui se joue encore ce soir. Une occasion de retrouver ce bonhomme qui n’a pas pris une ride. Deux acteurs sur scène. Deux comédiens magnifiques. L’un est bouillonnant, volubile, exubérant, et l’autre tout en réserve et silence. Un personnage et son alter ego, ou est-ce le même personnage avec ses deux facettes ? Mais là n’est pas le problème. Sur fond d’un grand mur si triste, si gris (couleur de solitude), ces deux personnages parlent, avancent des propos. Ils se retrouvent, s’éloignent l’un de l’autre pour se retrouver à nouveau. Ziffel (Taoufik Jebali), petit bonhomme rondouillard dans son long imperméable blanc, arpente la scène. Physicien nostalgique du passé, il réalise qu’arrivé à la moitié de sa vie, il voudrait marquer le temps de son empreinte. Pourquoi pas des Mémoires, se dit-il ? Sur son chemin, il croise Kall (Raouf Ben Amor) qui est là, centré sur sa propre solitude. Le dialogue s’installe. Y a-t-il vraiment un dialogue ou est-ce un monologue de part et d’autre ? Ce n’est pas certain que la rencontre ait lieu. Il suffit que quelqu’un l’écoute. Durant plus d’une heure, devant ce mur dépouillé ou sur un banc, les deux hommes vont mettre à nu leurs peurs, leur désarroi et leurs blessures. Mémoires d’un dinosaure, adaptée de Dialogues d’exilés de Bertold Brecht par Taoufik Jebali qui en assume également la dramaturgie, alors que Rached Manai en signait la mise en scène en 1987, avait été jouée lord du dixième anniversaire d’el-Teatro. Elle marque cette fois, et en primeur au Liban, le vingtième anniversaire de cet espace de création fondé par le Tunisien Taoufik Jebali. Et même si c’est antibrechtien, dit Jebali, on ne peut que s’y identifier. Elle est tellement universelle. On s’y identifie. La pièce n’a pas pris une ride. Les acteurs non plus. Si la truculence, la verve, le dynamisme de Jebali contrastent avec l’économie du geste et de la parole de Raouf Ben Amor, les deux sublimes comédiens portent à bout de bras le texte de Brecht. Ce texte, si actuel, qu’a adapté Jebali en toute liberté. « Je revendique, en qualité d’artiste, ma liberté de parole, a-t-il dit avant de monter sur scène, du moins ma liberté d’action. » Cet électron libre dans le paysage théâtral, qui joue, met en scène et donne actuellement des cours de théâtre, revendique une certaine authenticité perdue. Ses choix artistiques ne sont jamais l’objet de l’offre et de la demande, et c’est un peu la règle du « qui m’aime me suive » qu’il adapte sur le public depuis des années. « Je ne suis pas un militant, poursuit-il, mais en avouant mon désaccord avec la société tunisienne, je prends ainsi position. » La pièce, qui se joue encore ce soir à 20h30 au Monnot, est certes en dialecte tunisien, mais surtitrée en arabe et en français. Un seul regret seulement : ne pas bien comprendre le tunisien, car cela aurait permis de mieux se concentrer sur le jeu des acteurs.
Vingt ans après la première représentation de « Mémoires d’un dinosaure », Taoufik Jebali a présenté au Monnot sa création artistique qui se joue encore ce soir. Une occasion de retrouver ce bonhomme qui n’a pas pris une ride.
Deux acteurs sur scène. Deux comédiens magnifiques. L’un est bouillonnant, volubile, exubérant, et l’autre tout en réserve et silence. Un personnage...